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Stop ou encore ?

Drapeau européenMarine Le Pen s’est élevée hier contre le projet de loi sur le droit des étrangers dont l’examen débutait le même jour devant l’assemblée nationale, simple transposition des très laxistes  directives européennes. En l’espèce le deuxième volet d’une « folle dérive immigrationniste », qui va inciter « les étrangers à rester durablement et à s’installer en France, notamment par une nouvelle carte de séjour pluriannuelle ». Quant à la question de l’immigration clandestine, « l’angélisme prévaut, qui aura pour conséquences d’un côté la multiplication des drames en Méditerranée et de l’autre, la saturation de notre système d’accueil et tous ses problèmes en matière de sécurité et de santé (…). Le Front National, lui, veut faire tendre vers zéro le nombre d’entrées légales chaque année en France, alors qu’il se maintient à 200.000 depuis les années Sarkozy ». Cela n’étonnera que les plus naïfs, il n’est pas étonnant dans ce contexte  qu’une majorité d’Européens, dont près de sept Français sur dix, soit favorable à la suppression des accords de Schengen. C’est ce qui ressort nettement d’un sondage exclusif Ifop-Le Figaro sur Les Européens et la gestion des flux migratoires publié le 8 juillet.

 Comme le notait au même moment Le Bulletin d’André Noël, à l’heure ou  des dizaines de milliers  clandestins «débarquent sur les côtes italiennes, la  solution  trouvée par l’Union européenne ne consiste pas à les en empêcher mais à les répartir dans les différents Etats, acceptant donc le fait accompli, ce qui ne peut que susciter de nouveaux flux d’immigrés clandestins. Répartition illusoire puisque, selon les accords de Schengen, tous ceux qui se trouvent dans son espace peuvent circuler et s’installer librement là où ils le veulent ».

 Et de relever encore que « selon les prévisions de l’ONU – qui a pourtant l’habitude de minimiser ces phénomènes pour ne pas susciter de réactions  xénophobes  – on prévoit qu’en 2015, 500.000 autres pourraient débarquer ! (…). Une des raisons de cette invasion c’est que le verrou libyen a sauté avec le renversement de Kadhafi à cause de l’intervention des occidentaux. L’accord signé par l’Union européenne avec le dictateur libyen en 2009 assurait le contrôle des flux migratoires vers le Vieux-Continent ».

 « Un certain nombre de pays étaient prêts à exclure la Grèce de l’union européenne» poursuit l’article. Ils ne voyaient pas plus loin que leur plan comptable. Or la Grèce est en première ligne de l’espace Schengen, elle doit protéger ses frontières qui sont un lieu stratégique pour contenir l’invasion. Elle est à un carrefour entre les clandestins venant des Balkans et ceux arrivant de Syrie, en face de la Grèce. Elle le fait avec efficacité, grâce à une armée importante qui vaut mieux que le gouvernement Tsipras ; elle accomplit son devoir pour le pays et pour l’Union. Mais si, demain, elle était exclue de l’Union européenne, elle ne serait plus liée par les accords de Schengen et son gouvernement serait trop content de laisser le libre passage à ces immigrés pour éviter qu’ils ne s’installent sur son propre territoire ! ».

 L’exclusion de la Grèce de la zone euro n’est pas, n’est plus d’actualité pour le moment, depuis l’accord signé la semaine dernière, avec un nouveau plan d’aide à la clé validé en France par les députés RPS et dénoncé comme , « inutile », « contreproductif » et « tyrannique » par le Front National qui y voit  «la volonté des peuples écrasée ». Une aide, évaluée à 85 milliards d’euros sur trois ans, qui ne permettra pas de sauver une monnaie unique « condamnée » et qui représente « une charge financière colossale sur les épaules des contribuables français ».

 Hier, rapportait Le Monde, «avec finalement trois semaines de retard, Athènes est parvenu à s’acquitter de ses arriérés de paiement auprès du Fonds monétaire international (FMI). La Grèce a désormais de nouveau accès aux financements et prêts du Fonds, qui participe aux côtés de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne au renflouement du pays. Le pays a aussi remboursé les 4,2 milliards d’euros dus à la Banque centrale européenne ce lundi ».

 « Mais grâce à un nouveau plan d’aide européen – le troisième depuis 2010 – Athènes a reçu un prêt d’urgence de 7,16 milliards d’euros. Ce prêt a été englouti immédiatement par deux remboursements : les 4,2 milliards d’euros dus à la Banque centrale européenne ce lundi, ainsi que le règlement au FMI. Il n’en restait donc plus grand-chose lundi soir, car la Grèce a aussi remboursé dans la journée un prêt de 500 millions d’euros à la Banque de Grèce, arrivé à échéance fin juin ».

 « L’humiliation pour les Grecs dure depuis plus de cinq ans » a rappelé de son côté  L’Express, « depuis que, incapables de financer seuls leur dette, privés de tout accès aux marchés, ils doivent se soumettre aux purges décrétées par l’Union européenne, sa banque centrale, ou le FMI. A ce régime depuis des années, ont aurait pu croire les Grecs habitués. Mais en votant majoritairement pour le parti Syriza en janvier dernier, ils ont déjà crié leur ras-le-bol de l’austérité ».

 « Six mois plus tard, la croissance grecque est de nouveau en berne et la dette est repartie à la hausse (…). Non contents d’avoir voté pour rien le 5 juillet dernier, les Grecs ont vu leur gouvernement parapher un accord stipulant que toute réforme doit être soumise à Bruxelles avant même d’être discutée à Athènes au Parlement. En outre, la liste longue comme le bras de mesures exigées pour discuter d’un nouveau plan d’aide, constitue un arsenal intrusif jamais vu, que même le FMI n’aurait pas osé imposer à un Etat souverain, résumait, la semaine dernière, Charles Wyplosz ».

 « Pour l’économiste François Cabau (…) l’ensemble des mesures prévues par l’accord grec coûtera bien plus cher à l’économie du bonnet d’âne de la zone euro. (La consommation) des ménages était déjà faible avant le plan. La Grèce est le seul pays d’Europe où les ventes au détail ont baissé au premier trimestre 2015, malgré le recul des cours du pétrole. Les mesures du plan – (principalement les hausses de TVA et les diminutions de certaines pensions de retraite) ne peuvent qu’aggraver les choses. Sa conclusion est sans appel: La chute de la croissance, entamée fin 2014, devrait donc s’accélérer. L’économiste de chez Barclays parie même sur un recul de l’activité de 6 % à 8 % en rythme annuel ».

 Or, et c’est cette fois Bertrand Riasse qui le soulignait dans Minute (numéro en  date du 8 juillet), « depuis le début de la crise, le chômage a augmenté de 160% en Grèce, prés de 3,5 millions d’employés travaillent pour soutenir 4,7 millions de chômeurs et d’inactifs. Seulement 15% du 1,4 million de chômeurs reçoivent des prestations. Les transferts sociaux devraient être réduits de 18% cette année. Le budget de la santé a été réduit de 11,1 % entre 2009 et 2011. Aucun pays de l’OCDE n’a réalisé une coupe aussi importante sur ce budget. La pension moyenne de base se monte à moins de 700 euros, et depuis 2010, elle a été réduite d’un quart. Il est prévu que ce montant soit encore réduit de moitié  sur les prochaines années. Pour 48,6 % des ménages, la pension est la principale source de revenus »

 « Selon une étude de l’Université d’Athènes, 12,3% des Grecs souffrent de dépression clinique ; ils n’étaient que 3,3% en 2008. Environ 800 000 personnes vivent sans accès aux soins de santé (…). On note aussi une augmentation de 21% du nombre d’enfants mort-nés, attribuée aux restrictions d’accès aux soins prénatals. La mortalité infantile a augmenté de 43% entre 2008 et 2010.»

 Alors stop ou encore ? Si l’avenir des 11 millions de Grecs restent toujours suspendus au bon vouloir de ses créanciers, c’est bien ce Système eurobruxellois sous influence qui a été dénoncé plus largement par « Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des Finances grec, remercié par Alexis Tsipras au lendemain de la victoire du non au référendum ». Sur le site de Marianne le 14 juillet, Bruno Rieth a publié un article évoquant l’entretien accordé dernièrement au magazine britannique New Statesman par M. Varoufakis. Dans celui-ci,   il fustige  « l’absence totale de scrupules démocratiques de la part des défenseurs supposés de la démocratie en Europe ».

 «  Pis, se souvient-il, dans les discussions avec les partenaires européens, il explique qu’« il y avait un refus pur et simple de livrer des arguments économiques. (…) Vous mettez en avant un argument que vous avez vraiment travaillé — pour vous assurer qu’il est logique et cohérent — et vous êtes juste face à des regards vides. »

 « Dans notre cas, il est clair que notre Parlement grec a été traité comme de simples ordures. Surtout, Varoufakis est frappé par la place prédominante de Wolfgang Schaüble, l’austère — dans tous les sens du terme — ministre des Finances allemand. « (L’Eurogroupe) est comme un orchestre très bien réglé et (Schaüble) est le directeur. (…) Il y aura des moments où l’orchestre est désaccordé, mais il l’organise alors et le remet dans la ligne. »

« Dès le début, ces pays ont bien précisé qu’ils étaient les ennemis les plus énergiques de notre gouvernement. Car leur plus grand cauchemar était notre succès : notre réussite à négocier un meilleur accord pour la Grèce, aurait évidemment anéanti leur politique (d’austérité), ils auraient eu alors à justifier devant leur peuple pourquoi ils n’avaient pas négocié comme nous l’avions fait.  Une analyse politique qui éclaire d’un jour nouveau tous les reportages, que certains médias se sont empressés de réaliser, sur l’absence de soutien de la Grèce par les pays les plus pauvres de la zone euro… ».

 « Et la France dans tout ça ? François Hollande, lors de son intervention du 14 juillet, a déclaré que la France avait  joué pleinement son rôle . Reste à savoir lequel. Car si Michel Sapin, selon Varoufakis,  a fait des bruits qui étaient différents de la ligne allemande, ces bruits étaient  très subtiles  :  On sentait bien qu’il utilisait un langage très judicieux, pour ne pas être vu comme s’opposant. Car en dernière analyse, quand Doc Schäuble répondait efficacement et déterminait la ligne officielle, le ministre des Finances français, à la fin, pliait et acceptait toujours. »

 Et bien c’est à cette soumission là que le FN veut mettre fin, comme plus généralement à tous les diktats d’une Europe de Bruxelles décidemment bien étrangère au véritable esprit et génie européens affirme Bruno Gollnisch.

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