Le Cevipof, et cela aussi en dit long sur le déplacement du centre de gravité politique, enregistre aussi depuis l’élection de François Hollande, une montée du vote FN au sein des enseignants, catégorie traditionnellement acquise à la gauche, rétive aux idées nationales. Le FN est-il observé, obtient ainsi «des scores appréciables au sein du monde enseignant: 9,4% dans l’ensemble de ce monde, mais également 9,8% chez les instituteurs et professeurs des écoles, 9,2% chez les professeurs du second degré et 8,4% chez ceux du supérieur.»
Pour autant, cette poussée du vote FN ne «joue pas tant contre la gauche socialiste, qui obtient encore des scores honorables en 2015, ni contre les écologistes, que contre le Front de Gauche et l’extrême-gauche qui s’effondrent»…Ainsi, dans la fonction publique d’État, «le score moyen pour les listes PS est de 36% en 2012 contre 34% en 2015, passe de 2% à 8% pour les listes écologistes mais de 15% pour les listes FDG ou d’extrême gauche à 7%.»
Certes, le pourcentage obtenu au sein du monde enseignant par les listes socialo-trotskystes et communistes lors des élections régionales du mois dernier reste très sensiblement au-dessus de la moyenne nationale. Mais le recul du vote d’extrême gauche chez les enseignants, chez qui les idées marxistes, trotskystes, internationalistes, ont toujours eu un poids plus important que dans les autres segments de la société, n’en est pas moins patent.
Première force politique défendant les souverainetés nationales, l’Europe des patries charnelles, dénonçant l’ultra libre-échangisme d’essence mondialiste, il est normal dans ce contexte d’effondrement de l’extrême gauche que le FN éveille la curiosité d’intellectuels de l’autre rive.
C’est le cas notamment de l’économiste Jacques Sapir qui, dans un entretien au Figaro le 21 août dernier, en appelait à un « front de libération national » contre l’euro, incluant le FN. Le Parisien, indique ainsi aujourd’hui que M. Sapir, qui a soutenu un temps Jean-Luc Mélenchon, a participé au mois de novembre à un colloque sur l’euro organisé par un conseiller de Marine Le Pen, Philippe Murer, en présence d’élus du groupe Europe des Nations et des Libertés (ENL).
L’Humanité s’offusquait le 27 août dernier de cette volonté de M. Sapir de dialoguer avec tous les opposants à l’Europe de Bruxelles, coupable de ne pas pointer « les antagonismes » (sic) du FN, «la négation de la lutte des classes par le FN à la base de sa vision corporatiste de la société, que traduisent ses positions antisociales sur les syndicats, les fonctionnaires, les déficits publics, les impôts, le droit du travail. Cette question de la division de la société en classes qui transcende les divisions nationales est complètement négligée par Jacques Sapir, comme si son objectif de sortie de l’euro avait pris le pas sur tout authentique projet internationaliste dont le FN est un adversaire enragé.»
Et le quotidien communiste subventionnée par Lagardère de citer Olivier Dartigolles, porte-parole de ce qui reste du Parti communiste: «les masques sont tombés. Sapir sert la soupe à un parti qui se nourrit du chaos en Europe mais qui ne souhaite surtout pas que des solutions soient apportées. Marine Le Pen est du côté de ceux qui maintiennent les verrous que nous voulons faire sauter (…). Pas une seule fois, on n’a vu le FN aux côtés du peuple grec et des migrants»!
Cette frousse de l’extrême gauche est là pour nous rappeler qu’elle a joué pendant des années le rôle de chien de berger du Système. Un PC chargé notamment de maintenir les catégories populaires sous contrôle et de les faire voter, in fine, pour des présidents, des exécutifs, des gouvernements socialistes atlanto-bruxellois et immigrationnistes.
Citons pour conclure ce qu’en disait François Marcilhac dans l’AF en octobre dernier : «Le vrai crime de Michel Onfray, de Jacques Sapir ou encore Christophe Guilluy (…), est précisément de s’apercevoir, contre leur propre tradition idéologique, à la faveur, notamment, mais pas uniquement, d’une réalité migratoire qu’ils se mettent à interroger, que derrière un peuple souverain conceptuel, hors-sol, existe un peuple de chair, qui s’interroge, qui souffre, voire qui refuse sa disparition programmée ». Une prise de conscience note Bruno Gollnisch, qui peut, qui doit susciter des rapprochements, des ralliements, qu’ils viennent de la gauche ou de la droite de l’échiquier politique, voire d’ailleurs, avec le premier parti de France.