Nicolas Sarkozy s’est rallié aux vues de Najat Vallaud-Belkacem sur le mariage pour tous comme il le confesse dans son livre paru hier, «La France pour la vie» -« un revirement » qui pose « une question de crédibilité vis-à-vis des Français » a estimé le député LR Nadine Morano. Il est apparu lui aussi frappé d’une étrange apathie, sans ressort, lors de l’émission «Sept à huit» diffusée dimanche soir sur TF1. Un retour dans une émission populaire qui n’a pas déclenché la curiosité des Français si l’on en juge par les audiences, jugées très « décevantes », de cette prestation.
Un énième come back sur le thème j’ai changé, je m’excuse, je me suis trompé, j’ai fait des fautes, mode utilisé pareillement par un Jean-François Copé, mais qui ne passe pas. Pourquoi ? Et bien parce qu’ils n’ont rien compris à ce qu’attendent nos compatriotes, à l’esprit même de la Res publica, de la chose publique, du rôle, de la perception qu’ont les Français d’un dirigeant politique qui n’est pas là pour étaler ses erreurs et ses faiblesses comme un chanteur de variétés , mais pour indiquer un cap.
Les confessions publiques, les mea culpa grotesques et qui sonnent faux, rabaissent le politique au rang du pipole, une chute de niveau qui révèle une nouvelle fois l’américanisation de nos mœurs. Un écueil qu’Alain Juppé, reconnaissons lui au moins ce mérite, à su éviter dans ces dernières livraisons en librairie…
Selon le dernier baromètre politique Odoxa, qui enregistre un nouvel écroulement de la cote de confiance de François Hollande (22% , -5 points) et Manuel Valls (35%, -5 points), celle d’Alain Juppé candidat des médias, grimpe à 45% (+1) d’opinions positives. Il serait loin devant Nicolas Sarkozy (21%) et auprès des seuls sympathisants de droite M. Juppé (69%, +5) pulvérise le président de LR ( 49%, -9 points).
Nicolas Sarkozy se sent pourtant surtout menacé par l’opposition nationale, sentiment de peur du FN et de Marine qu’il étale dans son livre-confession au style assez navrant. Béatrice Houchard le relève dans l’Opinion, « dés le prologue du livre, 38e ligne : première citation de «la présidente du Front National» (…) les citations continuent, comme un torrent : page 10, page 11, page 12, page 15… Le Front National comme un coup d’obsession permanente .»
Ensuite «Il faut aller pages 66 et suivantes pour lire un long développement. Avec un souci évident : bien faire la distinction entre le FN et les électeurs du FN (…) Puis, s’en prenant frontalement à Marine Le Pen : Je n’ai rien de commun avec les dirigeants du Front National, dont nombre de discours font frémir à leur inconséquence, leur incompétence, leur décalage complet avec le monde d’aujourd’hui. Mme Marine Le Pen m’honore de ses injures et de ses propos approximatifs depuis des années. Elle n’est ni plus ni moins qu’une héritière qui a mis beaucoup de temps avant de s’apercevoir que son père était « infréquentable. Elle a attendu qu’il soit vieux et faible pour l’affronter et l’exclure. On voit comment ils sont capables de s’occuper d’eux-mêmes. Cela ne donne nulle envie qu’un jour ils s’occupent de la France. »
« Mais » affirme Mme Houchard, «l’essentiel du message (sur l’opposition nationale) , figurait dès la page 10 : « Il faudra que l’alternance ait lieu. Et si ce n’est pas nous, ce sera, hélas, la présidente du Front National. »
Il est toujours assez sidérant note Bruno Gollnisch, au regard du bilan proprement catastrophique qui est celui de la droite et de la gauche euromondialistes depuis des décennies, de voir un des responsables du marasme actuel promettre l’enfer aux Français s’ils avaient l’idée de s’émanciper et de voter enfin pour leurs idées. Comme ils l’ont fait en mars 2014 dans les villes conquises par le FN. Les électeurs ne n’en plaignent pas, bien au contraire, alors même qu’un maire ne dispose pas de toutes les manettes pour agir sur le quotidien de ses administrés.
Sur le site du quotidien Les Echos, Vassili Joannidès de Lautour, relaye les inquiétudes du microcosme à l’approche de l’élection présidentielle : «Depuis que la gauche a inauguré en 2007 et pérennisé en 2012 le principe d’une primaire, Les Républicains s’y sont également convertis. Alors que la vertu affichée de la primaire est un renforcement de la légitimité militante, voire populaire, des candidats à l’élection présidentielle, elle risque fort de les affaiblir au profit du Front National. »
«En 2017, quel que soit le favori du premier tour, une candidature de Nicolas Sarkozy et de François Hollande se traduirait nécessairement par l’accession de Marine Le Pen au second tour (…). Quelle que soit l’identité des candidats présents au premier tour de la présidentielle, ceux de droite et de gauche incarneront la politique tant décriée par les Français et dénoncée par le Front National depuis près de 40 ans. Ils représenteront également les échecs de la gauche et de la droite à relever les grands défis auxquels est confronté notre pays ». Certes, mais toute la question dans la perspective de ce second tour est de savoir quelle sera la réaction des 44 millions d’électeurs potentiels : stop ou encore ?