Dans l’éditorial de ce numéro de 114 pages, il est ainsi écrit : « la question n’est plus de savoir si la France sera de nouveau frappée par des attentats (…). Les seules questions pertinentes concernent les prochaines cibles et la date ». Les nationaux sont visés de façon directe à travers la publication d’une photo du défilé frontiste du 1er mai en l’honneur de Jeanne d’Arc, accompagnée de cette légende explicite : «Rassemblement d’idolâtres du FN. Des cibles de premier choix.»
De Renaud Dély au sénateur PS de de Côte d’Or François Patriat (« Voter FN, c’est voter Daech ! ») en passant par le Premier ministre, l’idée d’une collusion d’intérêts entre l’EI et une opposition nationale dont la victoire pourrait conduire «à la guerre civile » (dixit Manuel Valls), a été avancée à des fins de propagande. Pour faire peur dans les chaumières, un certain nombre de politiciens sont prêts à prononcer les formules les plus irresponsables ou imbéciles, à l’instar du très immigrationniste député PS Erwann Binet qui s’était interrogé sur l’absence de communiqué des égorgeurs de l’EI se félicitant des scores du FN au premier tour des régionales. Kolossale finesse…
Sur le site d’Europe 1, il est fait mention de la réaction du chercheur Romain Caillet qui relève que «c’est la première fois que les djihadistes visent spécifiquement des Français en fonction de leur opinion politique. (…). Pour Romain Caillet, il pourrait s’agir d’une réponse cinglante aux observateurs qui ont récemment assimilé montée du Front National et montée du terrorisme. (…). Ce slogan irresponsable a peut-être agacé les djihadistes, souligne le chercheur sur Twitter. Il s’agirait, donc, d’une forme de désolidarisation publique.»
Pour l’ancien du RPR et controversé «spécialiste» Jean-Charles Brisard, actuel président du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), «cette propagande s’inscrit dans la droite stratégie opportuniste de l’EI de créer des divisions au sein de la société française. En visant le parti le plus dur à l’égard des musulmans, l’organisation contribue à faire monter les communautés les unes contre les autres, à créer le chaos. Elle prouve aussi qu’elle suit les débats en France et veut montrer qu’elle connaît son ennemi.»
Autre invité récurrent des médias quand il s’agit de parler de terrorisme islamique, l’universitaire islamologue franco-tunisien Moez Kouider, alias Mathieu Guidère, ancien précepteur du fils de Hamad Ben Khalifa al Thani, l’émir du Qatar, se demande pour sa part «s’il n’y a pas une volonté affichée de victimiser le parti d’extrême droite (sic). Ceci, non sans arrière-pensées. Si une campagne se lance en France pour dire que le FN est menacé, qu’il faut le protéger et que le gouvernement approuve, le message pourrait être très mal interprété par les musulmans. Ce serait catastrophique car ils se sentiront stigmatisés par l’ensemble de la France. Le FN peut sortir renforcé », note l’universitaire, évoquant une logique perverse».
Logique perverse qui est de notre point de vue surtout ici dans l’exégèse de M. Guidère, perversité mensongère qui caractérise aussi, trop souvent, les grands canaux d’information, ce dont les Français ne sont pas dupes. Le baromètre annuel La Croix-TNS Sofres, rendu public mercredi dernier, vient ainsi confirmer que les gros médias, relais principaux de l’idéologie progressiste, européiste, commune, à quelques nuances prés, aux Etats-Majors de LRPS, suscitent toujours une grande défiance. Selon cette enquête 64% des sondés (+6 points par rapport à l’année dernière) jugent que les journalistes ne résistent pas aux pressions des partis politiques et du pouvoir, ni aux pressions de l’argent (58%, +5 points).
Cette enquête pointe aussi la méfiance, très souvent légitime et justifiée, vis-à-vis des informations relayées sur la toile. A peine un Français sur trois (31%) 31% pensent que les choses «se sont passées vraiment comme internet les montre». 71% affirment ne pas avoir confiance dans les informations qui circulent sur les réseaux sociaux.
A ce sujet, le site du gouvernement accueille une page, formellement assez réussie, pour mettre en garde les jeunes contre les théories du complot et autres folles rumeurs. S’y trouve également une vidéo humoristique, relayée sur les réseaux sociaux (#OnTeManipule), qui indique assez clairement le segment spécifiquement visé par cette contre-propagande de l’Etat.
Le site du quotidien 20 minutes s’en est d’ailleurs offusquée : «La vidéo met en scène deux personnages, joués par le seul et même Kevin Razy, humoriste et youtubeur. L’un croit aux théories du complot, l’autre au contraire tente de lui ouvrir les yeux sur ces théories souvent fumeuses et infondées. Problème : les deux personnages sont pour le moins caricaturaux. Le premier, qui croit à l’omniprésence du complot, parle avec un accent caricatural (de jeune de banlieue, NDLR) tandis que le second s’exprime dans un Français impeccable… »
C’est une évidence, des lémuriens aux petits gris, en passant par les rumeurs débiles et autres vidéos haineuses des djihadistes, la toile abrite et véhicule bien des simplismes, des bêtises, des immondices constate Bruno Gollnisch. Mais elle permet aussi de diffuser des analyses, des informations que les médias, pour les raisons bien perçues par nos compatriotes dans le sondage précité, gardaient sous le boisseau.
Oui sur internet le pire côtoie le meilleur. Oui, internet donne aussi accès à une pensée non formatée, intelligente et étayée. Car il s’agit de ne pas tout confondre, sciemment, dans la même opprobre, comme le font parfois les bien-pensants. Toutes les critiques contre les menées économiques, commerciales militaires, géopolitiques, atlantistes Etats-uniennes; tous les avertissements sur les offensives conceptuelles, idéologiques des cénacles mondialistes, bref tout ce qui est dénommé sous le terme générique de «nouvel ordre mondial », notamment sur le site du gouvernement, ne sont pas ridicules, paranoïaques et infondés. Comme le dit la sentence, la plus grande ruse du diable est de faire croire qu’il n’existe pas. Peu ou prou ce que les grands médias nous rabâchent à longueur de journée… tout en diabolisant très souvent ceux qui ne pensent pas dans les clous.