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Le cardinal, les repères et les frontières

eglise catholiqueLe 1er mars dernier sur ce blogue, nous évoquions les six Oscars remportés par le film Spotlight narrant une enquête journalistique, menée au début des années 2000, sur des prêtres catholiques de Boston dont les actes pédophiles avaient été (en partie) couverts par leur hiérarchie. Occasion de rappeler que ce type de crime particulièrement odieux reste extrêmement marginal au sein de l’Eglise, comparativement aux cas d’abus sexuels sur mineurs relevés notamment chez les éducateurs, entraîneurs sportifs et autres personnels du monde éducatif. 0,074% des 405 000 prêtres catholiques dans le monde, ont été accusés (et non pas condamnés) de pédophilie entre 2001 et 2009, selon l’étude diffusée il y a six ans dans le journal italien l’Avvenire. Si Benoît XVI donna l’obligation aux évêques de signaler à la justice locale les cas d’actes de pédophilie, c’est bien d’avoir failli sur ce point dont est accusé aujourd’hui le cardinal Barbarin, une des figures de la capitale de Gaules.

Le Figaro l’a noté, « déjà fragilisé par l’affaire Bernard Preynat, prêtre mis en examen début janvier pour des agressions sexuelles entre 1986 et 1991, l’archevêque de Lyon est confronté à une nouvelle plainte déposée en février par un haut responsable du ministère de l’Intérieur. Il est aussi visé par une enquête préliminaire pour non-dénonciation d’atteintes sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans. De son côté, le Vatican a estimé qu’il était «opportun d’attendre le résultat» de l’enquête. »

« Jamais, jamais, jamais, je n’ai couvert le moindre acte de pédophilie  », a scandé le cardinal Barbarin, lors d’une conférence de presse mardi alors que quelques heures auparavant, Manuel Valls était intervenu, quand même très étrangement, en sommant l’archevêque de Lyon de « prendre ses responsabilités ». Il est évident à nos yeux que ce prélat doit pouvoir bénéficier, comme tout à chacun, de la présomption d’innocence.

Minute le rapportait, invitée le 9 mars de  « C à vous » sur France 5, la journaliste Caroline Pigozzi, spécialiste du Vatican, affirmait que le cardinal Barbarin « est quelqu’un d’une grande honnêteté, d’une grande moralité. C’est un peu facile que tout le monde le jette aux chiens. Je rappelle que ce n’est pas son histoire, que ça s’est passé 25 ans avant sa nomination. C’est comme si, aujourd’hui, on reprochait à un homme politique d’être responsable de ce qu’a fait son prédécesseur 25 ans avant. »

Il est pareillement évident que cette affaire médiatique est accueillie avec gourmandise et une joie mauvaise par les nombreux contempteurs de l’Eglise catholique. Certains vont même jusqu’à y voir plus précisément une cabale contre le cardinal Barbarin, à l’instar Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction du journal chrétien (de gauche) La Vie. Dans son éditorial consacré à  « l’affaire », M. Denis affirme qu’il est « possible que certains veuillent faire taire une voix qui porte sur bien des sujets de société, des Roms à l’euthanasie ».

Pourtant, le cardinal Barbarin, ne gênait pas tant qu’il diffusait ses convictions humanistes ou prônait le dialogue avec l’islam et le judaïsme. Son livre écrit avec le rabbin Gilles Bernheim, (« Le rabbin et le cardinal« ) autre opposant, aux arguments très charpentés, au mariage pour tous, lui avait valu  notamment des recensions élogieuses.

Philippe Barbarin partageait avec ce rabbin une hostilité de bon ton au FN. M. Bernheim avait réaffirmé dans Actualité juive en mars 2015 que « le Front National représente un mouvement qui (…) a toujours été intrinsèquement antisémite. Et quand bien même madame Le Pen serait une amie des juifs, ce qu’elle dit sur d’autres minorités de manière outrageante est incompatible avec les valeurs du judaïsme. Et c’est au nom des valeurs du judaïsme que nous avons le devoir de ne pas appeler à voter pour elle ». M. Bernheim est certes plus discret depuis qu’il a été accusé de multiples plagiats et d’usurpation de diplôme… « Malheur à l’homme par qui le scandale arrive » (Mathieu 18:7).

Dans un entretien dans l’Obs paru en Noël 2011, l’archevêque de Lyon était interrogé sur livre commis par le député UMP Etienne Pinte et le prêtre Jacques Turck intitulé « Extrême droite : pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire ». Dans celui-ci M. Pinte affirmait que « le FN c’est le rejet de la différence, de l’étranger, le rejet de l’Europe, de la mondialisation, le repli, la préférence nationale. L’Eglise, par ses écrits, sa doctrine sociale, son universalité, c’est l’accueil, le partage, l’ouverture. »

Le cardinal Barbarin avait dit être d’accord avec cette charge contre l’opposition nationale: « Oui, c’est très clair. Dans la Bible, il y a partout l’étranger. M. Le Pen disait :  Je préfère ma fille à ma nièce, ma nièce à ma cousine, ma cousine à ma voisine, ou quelque chose comme ça. C’est la logique de l’exclusion : éloignez de moi ceux qui m’intéressent moins ou pas du tout ! La Bible, elle, est inclusive. Elle dit toujours :  Quand tu fais ceci ou cela, prends ta femme, tes enfants… et l’étranger qui vit avec toi. « 

Une analyse tronquée, d’une assez grande indigence, qui n’était pas digne d’un intellectuel du  niveau de Philippe Barbarin, titulaire d’une maîtrise de philosophie à la Sorbonne et de théologie à l’Institut catholique de Paris.

Mais l’alignement sur la doxa officielle du Système doit être total sous peine d’attaques venimeuses. Et n’en déplaise à Jean-Pierre Denis, ce n’est pas le progressisme du cardinal Barbarin qui serait éventuellement la cause de ses malheurs, des attaques d’un Manuel Valls, mais bien au contraire ses positions en faveur de l’accueil de la vie, de la famille, contre le mariage de personnes du même sexe. Autant de convictions conformes tout simplement aux enseignements traditionnels, de toujours,  de l’Eglise catholique.

En septembre 2012, Philippe Barbarin, avait été ainsi cloué au pilori médiatique lorsqu’il avait déclaré au cours d’une émission diffusée par la radio RCF et la chaîne TLM que le mariage homo serait « une rupture de société » aux « conséquences innombrables. » « Après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre. Après, un jour peut-être, l’interdiction de l’inceste tombera. Il y aura des demandes incroyables, qui commencent à se faire jour (…) le polyamour ou les unions à plusieurs deviennent un sujet d’actualité. »

Relevons d’ailleurs que Marion Maréchal-Le Pen est attaquée ces dernières heures avec la même virulence pour avoir dénoncé en Italie, où elle répondait à une invitation de la Ligue du Nord, « cette Europe qui s’en prend à nos familles et à nos enfants en promouvant tous les délires et les fantasmes LGBT, du mariage homosexuel aux mères porteuses, en passant par la théorie du genre ».

Marion a rappelé qu’il fallait défendre la famille « traditionnelle et naturelle », « conserver le mariage comme cadre juridique et comme protection de la famille et de la filiation », « ne pas en faire une reconnaissance sociale de l’amour, qui ouvrirait la voie à de nombreuses dérives. Car évidemment, d’autres minorités chercheront à faire reconnaître leur forme d’amour, je pense notamment à la polygamie qui nous paraît être un sujet essentiel ».

Que l’on partage ou non cette dernière crainte, il est clair que cette volonté de briser le modèle familial traditionnel participe d’une offensive plus générale, dont nos compatriotes doivent être conscients,  contre notre modèle civilisationnel. Elle va de pair, note Bruno Gollnisch, avec la volonté, émanant souvent des même cénacles, euromondialistes, cosmopolites, progressistes, de faire disparaître tous les repères, les frontières, les identités sexuelles, physiques, culturelles, les enracinements…

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