Dans un article publié lundi sur boulevard voltaire, Gabriel Robin, relevait «le profond décalage entre les discours des élites au pouvoir et les préoccupations du peuple» pointé par deux récentes enquêtes. L’une menée par l’université d’Édimbourg et le cercle de réflexion allemand D/part, sur le rapport qu’entretiennent les Européens avec l’Union européenne, l’autre réalisé par l’IFOP, sur «l’opinion des Français par rapport à l’immigration».
« Ils ont été (…) 77 % à se déclarer d’accord à une question leur demandant s’ils estimaient que parmi les très nombreux migrants qui arrivent actuellement en Europe se trouvaient également des terroristes potentiels, dont 42 % tout à fait d’accord. Plus édifiant encore, 73 % des sondés ont estimé que la politique d’accueil, voulue par les instances européennes, pourrait créer un appel d’air et provoquer le départ vers l’Europe de très nombreuses personnes vivant en Afrique, en Syrie, en Irak ou en Afghanistan (…). Pas moins de 73 % des personnes interrogées ont répondu qu’ils n’étaient pas d’accord avec le fait que l’accueil de migrants soit une opportunité à saisir pour notre pays afin de stimuler notre économie. À l’identique, ils ont été 71 % à penser que la France n’avait pas les moyens économiques et financiers d’accueillir des migrants.»
«Avec les Britanniques, les Français sont aujourd’hui les Européens les plus critiques à l’égard des institutions européennes (…). 47 % des Français interrogés repoussaient la volonté d’intégration prônée par François Hollande, contre 30 % qui souhaitaient renforcer l’Union. Parmi les 47 % d’eurosceptiques, certains veulent quitter l’Union et d’autres entendent la rendre moins puissante. »
Il est tout aussi intéressant de constater que les Français, soumis à un matraquage anti Trump, approuvent cependant beaucoup de ses prises de position. C’est en tout cas le résultat d’ une enquête du CEVIPOF réalisée en janvier 2016. Ainsi 58% de nos compatriotes interrogés sont d’accord avec la déclaration du candidat américain selon laquelle L’islam est une menace. 59% adhérent également à la phrase de Trump affirmant Pour faire mon Gouvernement, je choisirai des experts et pas des politiques; 60% adhèrent à sa déclaration affirmant que Les entreprises qui créent l’emploi doivent être libérées; la réflexion de Donald Trump Il y a trop d’immigrés est plébiscitée à 66%; Les politiciens sont des corrompus à 76% ; la phrase Il faut sanctionner le système politique sortant qui ne mérite plus le respect est approuvée à 82%.
Encore un sujet de désespoir au sein du microcosme médiatique, du petit journal de canal plus au Monde, de Mélenchon à Juppé. Synthétisant toutes les phobies des «gens bien nés» du Système à l’encontre de l’atypique candidat populiste, Bernard-Henry Lévy, comme à son habitude, n’a pas fait dans la finesse pour attaquer le probable rival (la messe n’est pas dite tant l’appareil républicain et neocon est vent debout contre Trump) de la catastrophique et dangereuse Hillary Clinton. Trump écrit-il est un «milliardaire plusieurs fois failli, peut-être lié à la mafia, (un) arnaqueur» «aux contorsions d’Oncles Picsou grotesquement physiques, verbalement déficients et haineux», symbole de la «junk food mentale». «Face à ce bond en avant dans la grossièreté et la laideur, on pense à Berlusconi, à Poutine et aux Le Pen. On pense à une internationale de la vulgarité et du clinquant où la scène politique se réduirait à un immense plateau de télévision ; l’art du débat à des jingles ; les rêves des hommes à des illusions boursouflées et éclairées au strass (…) Je dis bien une internationale.» M. Lévy parle en connaisseur.
La prose boursouflée d’un BHL, synthétise la peur des élites occidentales devant l’engouement populaire pour une candidature en porte-à-faux avec leur vision d’une Amérique progressiste, interventionniste, porte-drapeau du mondialisme, imposant par le fer et le feu les droits de l’homme, les sociétés ouvertes, le règne de la marchandise et de l’ultra libre échangisme dans tous les domaines.
On juge un arbre à ses fruits. Il ne s’agit pas de faire de Donald Trump un chevalier blanc, un sauveur providentiel, de préjuger de sa capacité, s’il est élu, à tenir ses engagements, à respecter ses orientations et ses déclarations. Particulièrement en ce qui nous concerne directement, nous Français et Européens, en matière de politique étrangère, notamment son souhait d’un apaisement, que nous estimons bénéfiques, des relations entre les Etats-Unis et la Russie. Nous savons aussi que les intérêts géopolitiques, économiques de l’Amérique, souvent divergents de ceux de la France, a fortiori d’une France souveraine, ne disparaîtront pas d’un coup de baguette magique en cas d’accession de M. Trump à la Maison Blanche.
Loin, très loin des arrière-pensées et des non-dits entourant la détestation de M. Trump, les raisons du décollage de sa candidature ont été analysées dés juin dernier dans un article publié sur le site Cyceon. «La plupart des américains ont beaucoup de respect pour sa carrière réussie qui a créé beaucoup d’emplois (…), Trump attirera sûrement beaucoup d’entrepreneurs qui se sentent de plus en plus incompris par l’establishment déconnecté de Washington. Aussi, la fortune de Trump évaluée à 8 milliards d’euros semble être là-bas plus un atout qu’un obstacle. Beaucoup de commentateurs ont écrit que Trump pourrait être un dirigeant politique plus honnête et plus sincère puisqu’il n’a pas besoin de la politique pour s’enrichir.» Honnêteté, rappelons-le au passage, dont n’est pas créditée une Hillary Clinton aux Etats-Unis.
«Les Américains veulent mettre fin à ce qu’ils perçoivent comme le déclin de l’Amérique dans le monde. Après avoir élu deux fois le président Barack Obama et avoir été quelque peu déçus, ils semblent chercher un dirigeant plus conservateur qui rendra sa grandeur à l’Amérique. L’élection de 2016 sera bien sûr déterminée par l’économie, mais la force de l’Amérique sur la scène internationale sera aussi un facteur plus important que d’habitude. Le sentiment des américains selon lequel la Chine court alors que l’Amérique marche à peine devrait bénéficier à Trump. Le sentiment des américains selon lequel l’Amérique est devenue si impuissante qu’elle ne peut pas défaire un petit groupe extrémiste de 50000 hommes comme l’EI ou faire entendre raison à la Russie de Vladimir Poutine devrait bénéficier à (Jeb)Bush» -candidat soutenu contrairement à Trump par les cénacles neocons mais désormais hors-jeu, NDLR. «Les deux candidats républicains incarnent ce que les américains respectent le plus : le succès et la force.»
Ce qui est d’ores et déjà certain note Bruno Gollnisch, c’est que le succès rencontré par Donald Trump lors de ses primaires, participe de cette vague populiste qui entend secouer le joug de la pensée unique, des candidats imposés par le Système. Il incarne, comme le FN en France, cette prise de conscience des électeurs selon laquelle il existe bel et bien une alternative patriotique au déclin, l’espoir que le chaos programmé par les politiques menées par nos gouvernants post nationaux n’est pas une fatalité.