Bruno Guigue ne s’est pas non plus arrêté sur ce courriel (de décembre 2012) d’Hillary Clinton, alors secrétaire d’État au sein de l’administration Obama, publié par Wikileaks (Bruno Gollnisch milite toujours pour que son fondateur, l’Australien Julian Assange, bénéficie de l’asile politique en France) repris sur le site d’extrême droite américain The New Observer , traduit en Français pour Agora vox.
L’actuelle candidate russophobe du parti démocrate à la présidentielle américaine de novembre, expliquait que menacer directement Bachar Al-Assad « et sa famille » par des actes de violence est la « bonne chose » à faire; que « la meilleure manière d’aider Israël à gérer la capacité nucléaire grandissante de l’Iran (qui ne vise pas à la construction d’une bombe atomique, NDLR) est d’aider le peuple syrien à renverser le régime de Bachar el-Assad ». Bref, provoquer la guerre civile, afin de briser la « relation stratégique entre l’Iran et le régime de Bachar Assad en Syrie » . Installer les fanatiques de la guerre sainte, en pleine croisade messianiste, aux portes d’Israël en lieu et place d’un gouvernement syrien laïque et rationnel, est-ce vraiment aider Israël, servir la cause de la paix israélo-palestinienne? Certes ce n’est pas forcément le but véritable poursuivi par Mme Clinton.
Non, Bruno Guigue, consacrait sa chronique, une fois n’est pas coutume, au Front National. Il accuse le mouvement de Marine Le Pen de « (faire) chorus avec les chiens de garde de la presse bourgeoise » en ce qu’il « dénonce la CGT ». Pour M Guigue, empêtré dans une vision binaire, on ne peut à la fois contester la loi El Khomry et critiquer le syndicat d’obédience communiste, alors que par son Adn même le FN est porteur d’une politique alternative, de troisième voie, combat à la fois les menées des mondialistes libéraux et celles de la nébuleuse altermondialiste sociolo-trotsko-communiste. La solution à l’ultra-libéralisme dérégulateur, par essence antinational, n’est pas le collectivisme, le sans-frontièrisme, l’assistanat, les vieilles recettes archéo-marxistes qui plaisent aux antisionistes du calibre de M. Guigue
« Ce parti (le FN, NDLR) écrit-il, prétend protéger le peuple français de la jungle libérale ; il se veut la seule alternative au système oligarchique ; il se rêve en ultime recours contre la décadence de la nation. Mais à la première escarmouche avec l’oligarchie financière, le FN détale comme un lapin. Héroïque en paroles contre les diktats de l’Europe libérale, il prend la poudre d’escampette dès il s’agit de passer aux actes (…). le voilà donc dénudé, le roitelet lepéniste : il nous montre ce qu’il a dans le ventre, exhalant mépris de classe et anticommunisme de bas étage. Loin d’être surannée, la lutte des classes est un fil à plomb redoutable. Le conflit en cours rappelle à ceux qui l’auraient oublié ce qu’enseigne l’expérience historique : une barricade n’a que deux côtés, et l’extrême-droite n’a jamais été du côté des travailleurs. » La CGT qui appelle comme le Medef à la poursuite de immigration serait, elle, du bon côté de la barricade? Il est vrai que comme Pierre Gattaz le fera certainement, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, s’est dit personnellement « favorable », mercredi lors de l’émission « Questions d’info » LCP/France Info/Le Monde/AF, à ce que son syndicat (qui représente 2% des salariés…) appelle à « faire barrage au FN » en 2017.
On pourrait se demander ce qui pousse M. Guigue à refourguer aux lecteurs d’oumma.com des formules poussiéreuses, une langue de bois digne des éditos de l’Humanité sous sponsoring (antisioniste?) de M Lagardère. Déjà en 2013, il feignait de ne pas comprendre les propos de Bruno Gollnisch sur Nelson Mandela et le comparait au Premier ministre israélien Netanyahu et à son « racisme d’Etat » !
Peut-être Bruno Guigue ne s’est il toujours pas remis du soutien (moral) que lui apporta le FN lorsqu’il fut limogé en 2008 de son poste de sous-préfet de Saintes (Charente-Maritime), « pour manque au devoir de réserve », par le Ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie. Il lui a été reproché une tribune virulente, publiée sur oumma.com, contre la politique menée par l’Etat hébreu. Wallerand de Saint-Just, alors vice-président du FN, avait protesté à l’époque « contre la servilité et la brutalité de Mme Alliot-Marie » dans cette affaire, arguant qu’ « un fonctionnaire a le droit de publier, en dehors de ses strictes fonctions, des analyses politiques. Beaucoup ne s’en privent pas, on songe aux magistrats animant le très gauchiste Syndicat de la Magistrature ; la tolérance est alors très grande. Sauf si ce fonctionnaire critique la politique de l’Etat d’Israël. Alors, les dénonciations et les foudres ministérielles s’abattent sur lui en extrême urgence. »
Enfin, nous ne savons pas si Bruno Guigue se sent aussi obligé d’approuver le combat du parti Union Démocratique des Musulmans de France (UDMF), pour lequel oumma.com fait de la publicité, et qui repart à la bataille pour les législatives de 2017: « dans un Hexagone qui s’enfonce toujours plus dans l’abîme du populisme, de l’islamophobie systémique et de la xénophobie, l’UDMF a entamé vaillamment son Tour de France depuis le mois de février » est-il annoncé. Ce mouvement cherche très logiquement à fédérer les deux millions d’électeurs musulmans (sur un corps électoral d’un peu plus de 44 millions de personnes).
Sur atlantico, Jérôme Fourquet, directeur du Département opinion publique à l’IFOP et Sylvain Manternach (Géographe-cartographe), dans leur toute récente analyse consacrée aux dernières élections régionales, notait que l’UDMF n’avait obtenu que 0,4 % des voix au premier tout en Ile-de-France. « Le fait que cette liste confessionnelle recueille moins de 1 % à l’échelle de la région permet néanmoins de remettre à cette juste proportion le principe de communautarisation ou en tout cas, sa traduction politique et électorale. (…) Aussi, le scénario d’un parti musulman arrivant en tête aux élections, scénario développé par Michel Houellebecq dans son dernier roman Soumission , relevait véritablement du domaine de la politique fiction. » Qui vivra verra…
« Ces élections régionales ont en revanche une nouvelle fois montré que cet électorat, quand il se rendait aux urnes, votait massivement en faveur de la gauche (…). Pendant la campagne, certains médias se sont fait l’écho de la volonté du Front National de s’adresser et de se rapprocher de l’électorat issu de l’immigration. Wallerand de Saint-Just fit éditer 600 000 tracts sous la forme d’un magazine fait sur mesure qui fut distribué aux habitants des zones dites sensibles (…) ». Or nos deux analystes, démontrent, comme cela fut le cas aux municipales et à la présidentielle « que la population issue de l’immigration (reste) très réfractaire au vote Front National. A partir d’une analyse par bureaux de vote, il apparaissait ainsi que plus la proportion de prénoms d’origine musulmane était importante dans un bureau de vote et plus le vote Front national était faible. Pour ce scrutin régional, nous avons eu de nouveau recours à cette méthode d’analyse (…), il ressort une nouvelle fois, que les bureaux de vote à plus forte proportion de prénoms arabo-musulmans sur leurs listes électorales sont ceux précisément où le Front National a enregistré ses moins bons scores à l’échelle de la ville (…). Second constat (…) non seulement le Front National obtient ses moins bons scores dans les quartiers à très forte population d’origine immigrée mais ces bureaux de vote se caractérisent de surcroît soit par un recul du score du Front National par rapport aux européennes soit par une progression extrêmement limitée alors que le parti frontiste améliore ses performances dans les bureaux de vote où la population issue de l’immigration est la moins présente. »
» Bien entendu le Front National doit compter parmi ses électeurs des personnes issues de l’immigration mais (…) ce groupe social demeure très hermétique à ce vote et même très hostile à ce parti. Les élections départementales de mars 2015 avaient ainsi montré que quand dans un territoire le Front National pouvait l’emporter au second tour, il avait pâti d’un sursaut de mobilisation dans les quartiers à forte proportion de population issue de l’immigration (qui s’étaient beaucoup abstenus au premier tour). Cette hausse de la participation était manifestement stimulée par la volonté de faire barrage au Front National en votant massivement pour le candidat (de droite ou de gauche) opposé au Front National. »
Une analyse qui confirme aussi l’enquête de terrain menée, « bureau de vote par bureau de vote », par la Fondation Jean-Jaurès et l’Ifop, à Perpignan, à l’occasion des dernières élections municipales ou Louis Aliot menait la liste FN. Cette étude enregistrait pareillement « ’un vote à forte composante communautaire, qui ne va pas dans le sens d’une lepénisation du vote musulman » , une mobilisation de l’électorat musulman pour faire barrage à l’opposition nationale. Autant d’éléments à prendre en compte , à méditer et à analyser finement dans le cadre des déterminantes échéances de 2017.