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Malgré l’héritage gaullo-vichyssois, place à la fête et au vivre-ensemble!

stade de footGréves dans les transports en commun, grève des pilotes d’Air France,  gréve des éboueurs, blocage des raffineries, des routes, manifestations virant à l’émeute, avec son lot de saccages,  de violences, de voitures brûlées, de policiers attaqués, le tout sur fond d’inondations, de menaces islamistes,   quelques mois après le plus sanglant attentat jamais commis sur le sol français depuis la seconde guerre mondiale…En ce premier jour de l’Euro, l’image de la France, chez nos voisins européens mais aussi dans le reste du monde,  est sérieusement écornée, brouillée, associée au drame, au déclin, à la chienlit,  à l’anarchie. Il est même possible qu’Elisabeth Lévy (Causeur) ait raison quand elle affirme -c’était hier sur RTL– que tout cela n’est rien comparé à la stupeur attristée, à la consternation,  voire aux sarcasmes qui ont accueilli à l’étranger les images du jogging au milieu des tombes de Verdun lors de la commémoration du centenaire de la terrible bataille  par le couple Hollande-Merkel.

C’est dans ce climat que Le Monde mettait en   ligne avant-hier sur son site un article  intitulé, «  Le football, un sport qui hérisse le Front National »   dans lequel Olivier Faye souligne le peu d’empathie et/ou d’intérêt des dirigeants frontistes – Marine, Marion, Bruno, Florian sont au nombre de ceux-ci- pour  un sport  très populaire.

Pourtant tout serait  fait pour rassembler les Français, y compris les 30% d’électeurs  frontistes, autour de cet événement sportif … Non? Jugez-en plutôt, l’interprétation de l’hymne officiel des Bleus pour cet Euro 2016 (chanté en anglais,  simple décalque d’un  vieux tube du groupe américain Kiss) a été confié au (médiocre) groupe de rock lillois Skip The Use. Or celui-ci  est aussi connu, comme l’étaient  Noir Désir, NTM  ou Diam’s,  pour ses éructantes diatribes anti FN, récurrentes,  lors de ses concerts.

Une maladresse non intentionnée? Un choix symbolique qui met en tout cas à mal le discours du  gouvernement sur ce moment de « communion laïque » (dixit  le ministre des sports Patrick Kanner) qu’est censée être cette compétition se voulant fédératrice, susceptible de réunir  tous les Français derrière le onze tricolore

« La fracture entre le Front National et l’équipe de France n’est pas neuve » affirme Le Monde. « En 1996, au moment de l’Euro de football qui se jouait en Angleterre, Jean-Marie Le Pen jugeait  artificiel de faire venir des joueurs de l’étranger et de les baptiser équipe de France. Marine Le Pen, elle, oppose au  mythe grotesque de la France black-blanc-beur invincible monté de toutes pièces en 1998  un républicanisme supposé qui invite à ne pas s’intéresser à  l’origine des uns ou des autres (…).  L’équipe de France n’est pas représentative de la nation telle que le Front National peut se la représenter, en dépit du discours “républicain” qu’il s’efforce de tenir depuis quelques années, analyse le sociologue (spécialiste es FN, NDLR) Sylvain Crépon (…). Beaucoup de joueurs de l’équipe de France sont perçus au FN comme des lascars qui ont réussi. »

Certains d’entre eux, précise Bruno Gollnisch,  sont  surtout perçus par nos compatriotes comme des enfants gâtés bien peu reconnaissants,  qui n ‘aiment pas spécialement la France, joueurs de l’équipe de France avec lesquels beaucoup de Français ne peuvent donc  entrer  dans un processus d’identification…

Mais sachez-le, si le foot français black-blanc-beur  ne brille pas au firmament comme il le devrait, c’est de la faute d’une sombre idéologie  d’inspiration gaullo-vichyssoise, qui contamine toujours les instances footballistiques dans notre pays. C’est en tout cas ce qui ressort du livre de Thibaud Leplat, « Football à la française« ,  tel qu’il l’expliquait ces derniers jours sur le site du Point.

En effet, « à partir des années 1940, les pouvoirs publics veulent cantonner le ballon rond dans l’idéal hygiéniste. Le diplôme d’entraîneur (que l’on appelle le moniteur) est né sous le régime de Vichy. L’objectif non feint de l’État français était d’éradiquer le professionnalisme, synonyme d’immoralité et anti-éducatif (…)La base théorique et méthodologique de l’entraîneur français d’aujourd’hui s’est donc constituée durant la Collaboration où l’on envisage d’abord le footballeur comme un athlète. L’édifice de notre football devient alors pyramidal et fortement hiérarchisé. »

Puis, « des personnalités comme Marceau Crespin, ancien colonel proche de l’OAS et partisan de l’Algérie française, sont nommées à la tête du sport français » par le régime gaulliste qui cherche a recaser des personnages encombrants.  « En 1968, un dénommé Georges Boulogne devient l’homme fort de la Fédération. Et c’est là que la décrépitude de notre football s’est amorcée. »  Un  fossoyeur du football français  en ce qu’il « a repris une partie des idées développées sous le régime de Vichy, notamment la primauté du système sur l’individu. Et ses idées ont fait mouche dans un pays au contexte morose. Face au traumatisme de la décolonisation (…) Le sport de haut niveau se voyait alors chargé de replacer la France sur les podiums du monde pour faire oublier sa perte d’influence à l’international. L’État instaure une politique de grandeur nationale et symbolique pour le football avec l’équipe de France comme centre de gravité. »

« En parallèle, les méthodes eugénistes (sic) de Georges Boulogne continuaient à uniformiser notre foot et à dissocier le jeu de l’enjeu. » Méthodes bien évidemment stupides qui, dit-il, « s’inspiraient en partie de l’ouvrage honteux et pro-nazi d’Alexis Carrel L’Homme, cet inconnu. » M. Leplat ne connait apparemment  de l’oeuvre et de la vie de ce docteur,  prix Nobel de médecine,  que la caricature qui en ont été faites par  les officines extrémistes qui ont lancé il y a quelques années une vaste campagne visant à débaptiser les rues et les édifices  portant son nom.

D’ailleurs, les  mauvais Français qui associent foot et patriotisme, »toutes les polémiques identitaires d’aujourd’hui (sur le fait de chanter ou pas la Marseillaise, la dernière affaire Benzema, le ton passionnel des éditocrates sur l’affaire Knysna) sont d’ailleurs liées, consciemment ou pas, à cette idéologie gaullienne fondatrice de notre foot. »

Thibaut Leplat affirme ensuite qu’après « la génération dorée de 1998-2000 »,  qui a occulté un temps ce champs de ruine,  « le football français a ensuite connu sa pire période. La DTN avait beau marginaliser le meneur de jeu, l’équipe de France a dû quand même s’appuyer sur Zidane pour aller au bout de ses aventures. Ce joueur a été le cache-misère du foot français grâce à son talent. Pour cacher tout ce vide, on a fait de lui un sauveur, un messie plus qu’un footballeur. »

De Gaulle, Pétain, Carrel et l’OAS responsables de la rareté des victoires françaises dans les grandes compétitions  internationales de football? Il fallait y penser! Voila  qui apportera peut-être du grain à moudre aux adeptes du french bashing,  de la repentance éternelle, voire à  Karim Benzema s’il lui venait l’idée d’ouvrir ce livre. Et qui dédouanera d’avance joueurs et staff technique d’un éventuel échec de l’équipe de France  lors de cet Euro. Mais ne boudons pas notre plaisir, oublions nos soucis,  place à la fête et au vivre-ensemble!

 

 

 

 

 

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