La veille, le FN lançait officiellement son Cercle Fraternité dédié aux questions sociales, sociétales et familiales à l’occasion de son colloque intitulé « Pour une France fraternelle : transmettre, protéger, construire »; y sont notamment intervenues en tant que personnalités invitées le philosophe Thibaud Collin et Dominique Marcilhacy, porte-parole de l’Union des familles en Europe. Ce nouveau Cercle est présidé par Agnès Marion, conseillère régionale FN d’Auvergne-Rhône-Alpes et parrainé par le vice-président du FN Louis Aliot lequel a rappelé «la nécessité de l’abrogation des lois contre la famille, à commencer par la loi Taubira» et de la remplacer par un «pacs amélioré».
Bruno Gollnisch avait apporté son soutien à la manifestation de dimanche à l’appel de LMPT de Ludivine de la Rochère, il ne fut pas le seul. Louis Aliot, Marion Maréchal-Le Pen, le député Rassemblement Bleu Marine (RBM) Gilbert Collard, les députés Français au Parlement européen Marie-Christine Arnautu et Jean-Luc Shauffauser, le maire de Béziers Robert Ménard, Karim Ouchikh, conseiller régional d’Île-de-France et président du parti Souveraineté, identité et libertés (SIEL), une composante du RBM, ont défilé avec de très nombreux autres soutiens de Marine Le Pen, élus, sympathisants, adhérents et électeurs du Front National.
Une manifestation bon enfant, à peine troublée par six harpies Femen rapidement arrêtées et d’autres supplétifs du Systéme, à savoir une poignée d’antifas repoussés eux aussi prestement. Un rassemblement qui fut aussi un lieu de rencontres et d’échanges entre défenseurs de la famille. Et force est de constater que les champions de la droite républicaine étaient aux abonnés absents. Hormis le cas particulier de Jean-Frédéric Poisson, aucun des candidats à la primaire de la Droite et du Centre ne sont favorables à l’abrogation de la loi Taubira, y compris François Fillon qui a pourtant reçu le soutien de Sens Commun…
Laurent de Boissieu, dans La Croix, écrivait que « se revendiquant apolitiques, les manifs pour tous ne se sont pas embarrassées du cordon sanitaire qui isole politiquement et électoralement l’extrême droite de la droite. Des espaces de rapprochement se sont depuis ouverts, où l’on peut croiser des militants du Parti chrétien-démocrate (Jean-Frédéric Poisson, Xavier Lemoine), du réseau L’Avant-garde (Charles Millon, Charles Beigbeder), des restes du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers (…) Karim Ouchikh (…) faisait ainsi partie de la dizaine de personnes qui, le 13 octobre, ont accompagné Jean-Frédéric Poisson au premier débat télévisé de la primaire de la droite. La présence de ce soutien de Marine Le Pen a fait grincer des dents chez Les Républicains. »
Ce qui est certain c’est que le discours des frontistes et assimilés sur la défense de la famille et des valeurs traditionnelles fait mouche et est particulièrement audible auprès de l’électorat de droite. C’est le cas quand Bruno Gollnisch souligne que « l’enfant n’est pas objet de droits, il en est le sujet. L’enfant abandonné ou orphelin a droit à un père et une mère, dont l’amour remplace celui dont il a été privé. Lui refuser cette double et fondamentale référence pour la satisfaction de personnes dont le mode de vie, librement choisi, exclut la procréation, serait en quelque sorte lui imposer une double peine. Ce serait une grave dérive de notre civilisation. »
C’est aussi vrai quand Karim Ouchikh affirmait hier au micro de LMPT que « la loi Taubira a marqué un tournant historique dans ce combat qui oppose depuis toujours: les forces libérales-libertaires qui s’appliquent méthodiquement à détruire, en France comme ailleurs, les appartenances naturelles qui encadrent la vie humaine ; aux partisans d’un modèle de société attaché au maintien des repères qui structurent en profondeur notre inconscient collectif. »
C’est également vérifiable quand Marion Maréchal Le Pen, très applaudie, rappelait quelques vérités ( le site du Salon Beige s’en est fait l’écho): « le déracinement détruit tout sauf la soif de racines », « et que l’on arrête de nous dire que la théorie du genre n’existe pas ! », « Détruire la Famille, premier lieu de fraternité, c’est rendre impossible la fraternité. »
Cette question de la défense de la famille, cellule de base de la société, qui va bien au delà de la question de la GPA, de la PMA, de la loi Taubira, est un marqueur fort des deux visions du monde existant entre d’un côté les partis dits progressistes qui sont en fait ceux de la désagrégation, du confusionnisme, du sans-frontiérisme dans tous les domaines, et de l’autre le camp patriotique populiste, national et souverainiste.
A l’aune de ce clivage là, est-il vraiment surprenant que cette fin de semaine Nicolas Sarkozy, interrogé sur C8 sur l’attitude qui serait la sienne en cas de deuxième tour entre Marine Le Pen et François Hollande à la présidentielle de 2017, ait répondu qu’il « (ne voterait) pas pour Marine Le Pen » ?