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Le vent tourne (Blowin’ in the wind)

caspar david friedrichDifficile de ne pas y voir la volonté des racailles de rééditer le modus operandi de la récente attaque qui a grièvement brûlé des policiers dans le quartier de la Grande Borne (Essonne) il y a deux semaines, et la réitération d’une  agression similaire il y a quelques jours au Val-Fourré (Yvelines). Une voiture de la BAC a de nouveau été attaquée au cocktail Molotov dans une cité sensible de Vénissieux (Rhône) mercredi soir, au cours d’un véritable guet-apens. Une volonté de cramer du flic, de sacrifier du poulet comme le chantait les rappeurs de Ministère Amer, qui ne manque pas d’inquiéter sur le degré de haine des bandes.  A fortiori au vu de la faiblesse de la réponse de autorités devant ce défi jeté au visage de l’Etat par les « sauvageons » de Bernard Cazeneuve. Les policiers étant proprement au contact de la réalité de la délicieuse et irénique France multiculturelle, « la France d’après » comme disait l’autre, projet global des partis du Système, est-il  étonnant que le vote FN  progresse sensiblement dans leurs rangs? Selon une étude du Cevipof, 57% des policiers seraient prêts à voter Marine Le Pen à la présidentielle de 2017, (contre 30% en 2012). Décidément jamais avare quand il s’agit de refourguer aux médias ses grosses ficelles propagandistes de trotskiste fatigué, le Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis a dénoncé il y a deux jours, la « patte » du Front National dans les manifestations de policiers, qu’il a qualifiées « d’hors la loi ». Un affolement qui sent vraiment la fin de règne chez les apparatchiks socialistes qui sont en train de lâcher à François Hollande.

Fin de règne  de cette génération progressiste post soixante-huitarde  encore au pouvoir,  qui  s’auto-congratule et se berce de nostalgie  de manière bien caricaturale, comme l’atteste le prix Nobel de Littérature attribué au songwriter Robert Zimmerman (75 ans), plus  connu sous le nom de Bob Dylan.  (Un peu) popularisé en France par les reprises de ses chansons par Hugues Aufray, Dylan est incontestablement une icône mondiale de la musique folk, qui a accédé à une  notoriété mondiale dans les années soixante avec ses chansons pacifistes,  son engagement  contre la guerre du Vietnam.  Bien que converti au christianisme en 1979, le Jérusalem Post le classait en 2011 au nombre des 50 juifs les plus influents du monde, derrière les Français Bernard  Kouchner, DSK, Simone Veil et BHL.  Bob Dylan  avait  été décoré de la Légion d’honneur par le  ministre de la « Culture », Aurélie Filippetti en 2013, s’attirant les foudres du général Jean-Louis Georgelin, Grand chancelier de l’ordre de la Légion d’honneur.

Un prix qui n’a pas fait l’unanimité, même chez les esprits éclairés. France Culture s’en est fait écho en rappelant  que « ce Nobel ne fait que retarder la consécration de grands auteurs comme Haruki Murakami ou Philip Roth, (mais) quand on connaît le travail de Dylan et quand on sait combien il a inspiré de générations d’auteurs-compositeurs, la qualité de sa prose ne fait aucun doute (…) ».  « Un grand dylanologue, Ron Rosenbaum« , se pâme:  « Dylan, dit-il, mine et sape le langage. Il a d’ailleurs exercé une subtile influence sur la façon dont nous parlons, ce côté contrefait et pince-sans-rire. » Et puis, « la secrétaire permanente de l’Académie suédoise a répondu d’avance aux critiques qui ont estimé qu’un auteur de chansons ne pouvait pas être considéré comme un poète. Les textes d’Homère comme de Sappho, a dit Sara Danius, étaient eux aussi destinés à être déclamés ou probablement chantés en public. Pareil pour ceux de Dylan ».

La prose de Dylan implicitement comparée aux vers  au  génial poète  Homère?  Sera-t-il  encore écouté, enseigné (?), étudié (?)  dans  vingt-huit siècles comme l’est l’auteur de l’Iliade et l’Odyssée?   Sur le site du  Point, Marc Lambron, de l’académie française,   ne se prononce pas mais explique que,  « à ceux qui s’étonnent qu’on couronne un chanteur, je dirais que Dylan, c’est Shakespeare avec une guitare Fender. » Songe creux d’une nuit d’automne?

Dans Le Point toujours, le psychanalyste,  énarque, musicologue et écrivain   Michel Schneider  balaye ses commentaires laudateurs, mais il est vrai qu’il est déjà accusé d’être un fieffé réactionnaire, et même  de » misogynie », de « transphobie » et d' »homophobie » par le lobby LGBT,  coupable de s’être opposé au mariage et à l’adoption pour les couples de même sexe. Dans la liste des possibles cette année » relevait M. Schneider , « il y avait  trois écrivains américains de premier plan : Philip Roth, Don DeLillo et Joyce Carol Oates. Le scandale de certains choix précédents n’était pas que Modiano, Tranströmer ou Aleksievitch soient lauréats, mais que des titans littéraires depuis des décennies ne l’aient pas été, simplement parce qu’Américains. » Aussi le couronnement de M. Dylan  s’explique par le fait  « qu’on croit qu’il chante contre l’Amérique« .  D’ailleurs, pour preuve, le  jury des Nobel « a pardonné à Alice Munro d’être anglophone parce qu’elle n’était pas américaine mais canadienne. Le dernier auteur américain nobélisé fut Toni Morrison en 1993, peut-être parce que, noire et femme, elle n’était pas l’écrivain, homme et blanc tant honni par les Suédois progressistes et tiers-mondistes. »

L’écrivain, psychanalyste, féministe et femme de gauche Julia Kristeva confirmait implicitement l’analyse de Michel Schneider, en confiant pour  sa part sur France Culture que le Nobel attribué à Bob Dylan devait se comprendre comme une volonté  de « désintégrer les frontières entre les genres, la musique et la littérature ».

Une obsession  de la désintégration que l’on retrouve dans la cabale dont est victime le sympathique et talentueux  Lorànt Deutsch, dont les livres de vulgarisation (c’est tout sauf un gros mot) historique, Métronome  et sa suite,  ont remporté un succès populaire bien mérité. Il se  trouve dans le collimateur de la gauche depuis sa réussite en librairie, et force est de constater que  sa participation au documentaire sur Céline, réalisé par Guillaume Laidet (texte et scénario de Patrick Buisson),   diffusé sur la chaîne  Histoire dirigée par M. Buisson n’a pas arrangé sa réputation.

L’Afp le rapporte,  deux enseignants d’histoire-géographie et  militants du Front de Gauche de Trappes dans les Yvelines, « ont décidé ne pas assister à l’intervention de Lorànt Deutsch prévue devant les élèves de 4e et de 3e de la ville le 4 novembre prochain. Face à ce boycott, (M. Deutsch)  a préféré renoncer. »

« Devant nos élèves ? Ce sera sans nous, ont écrit les deux professeurs dans une tribune publiée sur le blog Aggiornamento Histoire-Géo. « Sa venue à Trappes n’est que la conséquence de l’idée selon laquelle les élèves des quartiers populaires du département, d’ascendance immigrée récente, ne seraient pas assez attachés à la République; L’urgence serait de leur faire aimer la France et la République, et le seul moyen pour y parvenir serait de les divertir et de les émouvoir dans une Histoire présentée sous la forme d’un roman national.Nous refusons d’être associés à une démarche qui va à l’encontre du métier que nous exerçons : l’Histoire n’a pas pour but de faire aimer la France, c’est une science qui permet de comprendre le passé par une étude critique et dépassionnée; Notre fonction est d’amener nos élèves vers la connaissance, pas de diffuser auprès d’eux des images d’Épinal qu’habituellement on épargne (sic)  aux autres élèves de France ».

« À une main tendue, on m’a proposé un poing fermé,  a réagi Lorànt Deutsch. Du côté des organisateurs de l’événement, la stupéfaction domine : C’est une situation irréelle, souligne le président du salon Histoire de lire, Étienne de Montety. Lorànt Deutsch est un passeur, un homme qui transmet. Je croyais que l’on vivait dans un pays où règne la liberté d’expression »…

M. de Montéty est (faussement?) naïf, la liberté d’expression est bien évidemment à géométrie variable constate Bruno Gollnisch, pour les petits Robespierre (lequel dans sa monstruosité n’était  lui pas exempt d’une certaine grandeur et rectitude) qui veillent aux grains  de l’historiquement correct  et traquent les déviants qui osent rappeler que la France n’est pas réductible à 1789, à la république, mais une réalité charnelle, indissociable de la spiritualité  chrétienne. Toutes choses que n’importe quel  républicain agnostique ou athée honnête ne peut que reconnaître.

Porte-parole  de Jean-Luc Mélenchon, dont il est le  chargé des argumentaires contre le FN, Alexis Corbière est à la tête de cette chasse au Lorant Deutsch qu’il accuse de sympathies monarchistes et de populisme chrétien. Sur son blogue, M. Corbière  dénonçait en 2013 une  « école buissonnière de l’histoire », clamant son indignation au sujet d’un entretien accordé par M. Deutsch au Figaro dans lequel l’auteur de Métronome  désapprouvait « une approche de l’Histoire purement laïque. Il veut, en parlant des  grands hommes une transmission de l’Histoire qui nous oblige à lever la tête, donc à risquer d’apercevoir l’ombre de Dieu. Évidement, il insiste sur le fait que la République n’a que cent cinquante ans au compteur quand la monarchie en affiche mille cinq cents . Façon de dire, que la vérité de la France est plus dans la monarchie, que dans la république, présentée presque, en creux, comme un épisode secondaire de notre longue histoire. »

Et M. Corbière de s’offusquer encore de cette constatation de Lorant Deutsch: « Je vois bien qu’on peine à être objectif pour évoquer la décolonisation, l’Occupation ou l’Holocauste, car il existe encore des personnes vivantes qui ont souffert dans leur chair à l’occasion de ces événements. Moi-même, comment pourrais-je parler de la Seconde Guerre mondiale de manière sereine et rationnelle en sachant que la famille de mon père a disparu à Treblinka? (sa famille paternelle est juive hongroise, NDLR). Cela m’est impossible. J’invite chacun à méditer quelques instants sur ces propos et à en mesurer toute l’ambiguïté » affirme Alexis Corbière.  L’ambiguïté, la dégueulasserie, réside évidemment dans le procès sous-jacent qui est fait à Lorant Deutsch, dont la famille a payé au prix fort les totalitarismes du XX éme siècle, à fui les persécutions communistes en Hongrie  en 1956,  et qui a le front de clamer sa fierté d’être catholique  comme sa maman.

Insupportable pour les commissaires politiques de la France hors sol, les grands prêtres du progressisme et autres fanatiques de la table rase? Une fois n’est pas coutume, laissons la parole à Bob Dylan  (dans sa chanson Blowin’ in the wind): « Yes, ‘n’ how many years can some people exist, before they’re allowed to be free ? The answer is blowin’ in the wind (Oui, et combien d’années doivent exister certains peuples, Avant qu’il leur soit permis d’être libres ? La réponse est soufflée dans le vent). Et le vent tourne messieurs les censeurs! 

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