Les reportages effectués hier place du Trocadéro prenaient la mesure de l’hostilité que suscite Alain Juppé. Un plan B synonyme de bonne opération pour le FN et sa candidate affirmaient avec inquiétude les cadres de LR qui restent fidèles à M. Fillon mais aussi beaucoup de sympathisants lambda. A l’instar de « Corentin, 23 ans, étudiant en école de commerce » qui résume un avis très largement partagé dans la foule hier : » Voter Juppé, c’est voter Macron, c’est voter mou, la France perdra cinq ans « . » Il faut un vrai programme de rupture. Propulser quelqu’un d’autre à la place de François Fillon, c’est la meilleure façon de faire élire Marine Le Pen. »
Toutes choses qu’Alain Juppé sait parfaitement. Il n’était pas dupe du dernier sondage kantar publié hier dans Le Figaro qui le donnait pourtant qualifié pour le second tour, derrière la candidate du FN mais devant Emmanuel Macron, là où Fillon ne passerait pas la barre du premier tour et permettrait ainsi au poulain d‘En Marche!, d’Alain Minc, de Jacques Attali et de Daniel Cohn-Bendit d’affronter Marine dans le duel final. Malgré les pressions diverses et variées, soucieux d’éviter l’humiliation d’une élimination au premier tour de la présidentielle, M. Juppé a finalement jeté l’éponge ce matin lors d’une conférence de presse à Bordeaux.
La militante antinationale Laurence Parisot, ex patronne du Medef, vice-présidente de l‘IFOP, invitée ce matin sur Europe 1 n’a donc pas su plus que ses amis convaincre Juppé d’y aller, mais elle résumait aussi l’opinion du microcosme, des élites progressistes: « je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi inquiétant ». « Ce qui se passe autour de François Fillon, c’est comme un film et on ne voit que le premier plan. Mais il y a un deuxième plan, le climat, les mots violents, tout cela légitime un peu plus l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir « .
Une victoire de Marine qui est une éventualité qui se renforce de jour en jour et qui se fraye un chemin jusqu’au cœur des palais de la République. L’obs nous indique que « pour parler de cette hypothèse radicale – mais qu’il semble considérer comme possible – François Hollande (obsédé par le FN) a convié à déjeuner cinq chercheurs spécialistes du Front National ». En l’espèce Nonna Mayer, Alexandre Dézé, les Olivier Dard, Nicolas Lebourg, Jean-Claude Monod. Ce n’est pas une certitude lui ont dit ses interlocuteurs mais « pour le président de la République, si le FN progresse, c’est surtout parce que la gauche a renoncé à la patrie sans proposer autre chose (à qui la faute? NDLR) . Il a également souligné avec sévérité la responsabilité de l’Europe. «
L’Europe encore une fois a le dos large et ne doit pas occulter la lâcheté, la servilité, la frilosité des partis qui se partagent le pouvoir depuis des décennies constate Bruno Gollnisch. Ce n’est pas tant la responsabilité de l’UE qui est en cause que beaucoup plus directement celle de François Hollande, pseudo ennemi de la finance, et avec lui celle de l’ensemble de la classe politicienne qui s’est empressée de nous mettre la corde au cou, accepte la tutelle bruxelloise, notre inféodation aux oukases euromondialistes.
Alors que débute aujourd’hui le sommet de Versailles qui réunira ce soir les chefs de gouvernement d’Allemagne, d’Espagne et d’Italie, M. Hollande a accordé un entretien accordé très symbolique au groupe de journaux Europa (Le Monde, Süddeutsche Zeitung, La Stampa, The Guardian, La Vanguardia et Gazeta Wyborcza). Il a rituellement attaqué Donald Trump dont les propos sur l’Europe de Bruxelles » donne un crédit aux populistes et aux nationalistes « . La Russie traditionnelle en a pris aussi pour son grade. Le président de la république a accusé le gouvernement de Vladimir Poutine d’utiliser » tous les moyens pour influencer les opinions publiques « . Avec la même efficacité dans le sens contraire que nos propagandistes des grands groupes multimédias dans nos démocraties avancées?
Bien sûr, François Hollande s’est arrêté sur la question de l’essor sans précédent du courant patriotique, national et souverainiste baptisé « populiste » ou « d’extrême droite ». Un qualificatif qu’il reprend sans surprise à son compte pour dire que « la menace existe. L’extrême droite n’a jamais été aussi haute depuis plus de trente ans. Mais la France ne cédera pas. D’abord, parce qu’elle est la France et qu’elle a conscience que le vote du 23 avril et du 7 mai déterminera non seulement le destin de notre pays mais aussi l’avenir-même de la construction européenne. »
» Car si d’aventure, poursuit M. Hollande, la candidate du Front National l’emportait, elle engagerait immédiatement un processus de sortie de la zone euro, et même de l’Union européenne [UE]. C’est l’objectif de tous les populistes, d’où qu’ils soient : quitter l’Europe, se fermer au monde et imaginer un avenir entouré de barrières de toutes sortes et de frontières défendues par des miradors (sic) . Mon ultime devoir, c’est de tout faire pour que la France ne puisse pas être convaincue par un tel projet, ni porter une si lourde responsabilité. »
La lourde responsabilité de M. Hollande, dont il ne peut d’ores et déjà s’exonérer, c’est son triste bilan, c’est d’avoir précipité un peu plus notre pays vers le déclin -mais comment pouvait-il en être autrement avec un programme comme le sien?- de ne pas avoir su redonner un avenir, un destin à notre pays et à notre peuple. Une tâche à l’évidence trop lourde pour les candidats européistes porteurs de projets mettant en scène une France frileuse, racornie, sans flamme, sans souffle. Notre lourde responsabilité, nous, les nationaux, les patriotes de l’espèce amoureuse, nous en prenons toute la mesure, nous ne la méconnaissons pas. Mais autour de Marine nous nous sentons de taille à la relever. Elle consiste à permettre à la France de retrouver ses libertés, ses protections naturelles, sa prospérité, son identité malmené, son rayonnement international, son indépendance, sa voix singulière dans le concert des nations, de nouer des alliances conformes à ses intérêts, à favoriser une Europe des patries et de la libre coopération.