Autant dire que la France et les Français auront besoin d’un Front National fort et soudé à l’Assemblée pour les défendre, être idéalement le grain se sable pour enrayer la machine mondialiste, y faire entendre à tout le moins nos convictions nationales, constituer un groupe pour attirer à nous les énergies patriotiques ; députés sur lesquels nous pourrons nous appuyer pour repartir à la conquête du pouvoir.
Bien sûr, pourquoi le nier, cet échec à ce second tour de la présidentielle de la candidate national (échec tout de même très relatif, le FN ayant doublé le nombre de voix obtenu en 2002, progression qui doit être portée au crédit, au talent de Marine mais aussi au choc du réel, à la perception de plus en plus nette pas nos compatriotes, des menaces décrites et analysées depuis 30 ans par le FN ) a été amer pour beaucoup de nos amis. Ce score inédit pour notre famille politique le 7 mai a été jugé sévèrement par un certain nombre de figures intellectuelles de la mouvance nationale au sens large, des analystes, des observateurs, des essayistes et autres prescripteurs et relais d’opinion officiant dans les médias alternatifs opposés à l’ idéologie mondialiste. L’annonce ces dernières heures par Marion Maréchal-Le Pen de son retrait de la vie politique –« un déchirement affectif » décidé par des «raisons personnelles et politiques », la volonté d’ « une expérience dans la vie civile » sans « renoncer » pour autant « définitivement au combat politique».- a aussi peiné la famille frontiste.
Cela n’étonnera personne, nos adversaires guettent avec gourmandise et une joie malsaine tous les signes de division et d’affaiblissement de l’opposition nationale, populaire et sociale. Dans Le Monde, Olivier Faye et Abel Mestre résument à leur façon les lignes de force et les options stratégiques qui traversent notre Mouvement : « C’ est plus ou moins le même film qui se rejoue au Front National après chaque défaite. Les uns font le constat que le parti n’a jamais atteint un tel record de voix ; les autres estiment que la progression aurait dû être plus importante. Les premiers s’accrochent au positionnement « ni droite ni gauche » du FN, défini il y a une vingtaine d’années, et à sa proposition décriée de sortir de l’euro ; les seconds voudraient envoyer tout cela valser, et partir à la conquête de l’électorat de droite. Enfin, chacun se promet de prendre la parole publiquement et de régler ses comptes avec ceux d’en face, sans que deux camps homogènes ne se forment pour autant. »
Disons-le franchement , au regard de l’état désastreux dans lequel se trouve notre pays, le FN ne peut se payer le luxe des atermoiements ou de querelles incapacitantes. Pour autant ces questions doivent être débattues, le plus franchement et sereinement possible, de manière a améliorer cet outil qu’est le Front National, pour qu’il porte au mieux les aspirations de nos compatriotes. Est-il besoin de le rappeler avec Bruno Gollnisch, la finalité de notre combat, de notre Longue Marche entreprise il y a plus de quarante ans, est plus que jamais le devoir impérieux d’amener nos idées au pouvoir.
Ce qui nous amène a réfléchir aux critiques qui nous sont adressées, même quand elles ne font pas plaisir à entendre. Eric Verhaeghe, qui n’est pas un compagnon de route du FN, notait sur son blogue, au lendemain du premier tour, que « sur le fond, le Front National a probablement réussi une part de sa dédiabolisation, mais il n’a pas encore expliqué quelle société il voulait. En dehors d’une rupture (floutée par Marine Le Pen) avec l’Union Européenne, et de quelques mesures ponctuelles, en dehors d’un durcissement des règles en matière d’immigration et de nationalité, on peine à saisir l’identité du projet frontiste. Paradoxalement, la grande faiblesse du programme du Front National est de ne pas être enracinée dans la société française. C’est le travail qui reste à mener, d’une certaine façon: celui de l’enracinement d’un programme dans l’opinion publique. »
Les plus pessimistes dressent eux le constat d’un peuple français qui s’accommoderait de ses chaînes, de sa disparition programmée, de sa sortie de l’Histoire, du bourrage de crâne orwellien des médias dominants, de la violence contenue dans le programme de nos « élites » euromondialistes. Le talentueux Nicolas Bonnal à la noirceur toute célinienne, l’écrit , « les Français n’aiment pas trop l’immigration et les musulmans ; mais ils ont encore plus peur du nazisme (du FN donc, car au pays de Voltaire on fait dans le subtil) ; le Français n’aime pas le socialisme mais il aime les aides sociales : les Français aime les libertés mais il aime les règlements ; le Français aime la nature mais il aime aussi son confort. »
« Les médias continuent de faire ce qu’ils veulent des Français. Les Français n’ont pas digéré le média internet, et ils ne veulent pas l’utiliser. Ils se font donc abrutir par la presse et par la télé qui leur disent pour qui voter (…). Tout le monde a oublié que Macron a été le désastreux ministre de Hollande. Que voulez-vous y faire ? On rappelle que le QI des Français a baissé de quatre points en dix ans (…). Le Français n’est pas si malheureux que cela. L’antisystème, comme le FN, joue avec l’idée que le Français est une pauvre victime de l’oligarchie ou de la grande banque. Le parisien ou le cannois a vu son immobilier être multiplié par cinq depuis vingt ans; vous voudriez qu’il se plaigne ? (…). Les minorités culturelles sont comme en Amérique pro-système. Comme le dit Emmanuel Todd, la minorité raciale est un mercenariat électoral, que ce soit en Amérique ou en France. On l’achète, on la contrôle, on en fait un agent du système. Tant pis pour ceux qui ne comprennent pas » « La France est devenue la plateforme de la mondialisation parigot-luxueuse. En 2007 le trio libéral-social (Ségolène-Bayrou-Sarkozy, tous pro-Macron) cumula 80% des voix au 1er tour, démontrant cette satisfaction française. Cette fois elle a fait un peu moins, mais il faudrait être naïf pour penser qu’elle va s’effondrer. »
Alors, faut-il se retirer sur notre Aventin ? Tirer l’échelle ? Assister au désastre en baissant les bras, en se disant que les Français ne nous méritent pas ? Non bien sûr ! Nous l’avons dit, notre refus du fatalisme ne se nourrit pas de la posture romantique du seul contre tous, du simple défi, du simple témoignage, ni même d’une noble attitude visant à maintenir la flamme de la résistance, à rester des hommes (debout) au milieu de ruines, regardant de haut ceux qui n’ont rien compris et les adeptes du bonheur couché. Nous nous battons pour gagner, et notre victoire est possible car ,et c’est tout le paradoxe de cette élection, nos idées, les valeurs que nous défendons sont majoritaires au sein de notre peuple malgré le conditionnement dont il est victime.
Sur son blogue, Edouard Husson qui décrit le nouveau président de la République comme un héritier direct du giscardisme , affirme qu’ « Emmanuel Macron connaîtra le même sort que ses prédécesseurs: au bout de quelques mois, les dures réalités de l’ordre occidental post-nixonien, cet euro-atlantisme dont la France ne peut desserrer l’étau, s’imposeront à lui. Les inégalités sociales continueront à croître. La France continuera à connaître une croissance molle, sans véritables créations d’emplois dans les secteurs de l’avenir ni sans marge de manœuvre pour investir dans le secteur-clé, l’éducation. Il aura le choix entre la fuite en avant vers plus d’Europe et un immobilisme qui le minera à petit feu comme il a détruit le quinquennat de François Hollande. »
« La seule différence avec ses prédécesseurs tient sans doute à ce que l’euro éclatera durant son quinquennat. La monnaie européenne tient, contre tout réalisme économique, pour deux raisons: son insertion dans les réseaux financiers transatlantiques; et l’autorité de l’Allemagne. Or, ces deux piliers sont en train de vaciller. Confronté à une crise du dollar, Trump choisira de favoriser les facteurs centrifuges de l’union économique et monétaire pour accorder un répit, le dernier, à l’ordre post-nixonien; quant à l’Allemagne, de plus en plus minée elle-même par les inégalités sociales et de plus en plus détestée en Europe orientale et méridionale, elle aura de moins en de possibilité d’exercer un leadership en Europe. Or la France divisée politiquement et socialement qui apparaît de plus en plus clairement aux yeux du monde dans sa réalité ravagée ne sera plus d’aucun appui pour elle. » Bref, il s’agit de tenir sur la ligne de front, de convaincre encore et toujours, la balle est dans notre camp.