Le pacte de durabilité a été signé entre l’Union européenne, l’OIT et le Bangladesh après le tragique incendie du Rana Plaza, qui avait fait plus de 1.100 morts. Les victimes travaillaient directement ou indirectement pour de grandes marques internationales ou européennes.
Le but du pacte est d’améliorer la santé et la sécurité au travail et de renforcer les droits des travailleurs. Sa mise en œuvre relève essentiellement du gouvernement Bangladeshi, via l’adoption de lois et leur application, et d’initiatives des entreprises privées du secteur textile opérant au Bangladesh. Je suis d’accord avec tout cela.
Je me suis cependant abstenu sur ce texte. La situation des travailleurs au Bangladesh est une conséquence directe de la mondialisation et du cynisme de ses acteurs. Jamais ce modèle n’est mis en cause. Près de 12.000 personnes meurent encore chaque année d’accidents du travail au Bangladesh et le pacte, s’il améliore les choses, n’est pas une œuvre humaniste, mais un geste commercial. Les consommateurs ne sont plus prêts à acheter des vêtements tâchés du sang des esclaves modernes. Enfin, je vois dans la proposition de codes de conduite stricts s’imposant aux industriels le danger d’apporter un label de de responsabilité sociale à des méthodes de production qui sont loin de remplir nos critères.