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Regrettable

Une fois n’est pas coutume, en ce jour de gréve et de manifestations  contre la loi travail , Claude Askolovitch citait ce matin dans sa revue de presse sur France Inter le site Fdesouche, dont les connections avec certains journalistes  lui permettent d’avoir accès à des informations fiables précisait le chroniqueur. Il relayait ainsi les explications avancées sur la disparition depuis une semaine dans les colonnes  du  Figaro des chroniques du très droitier Yves de Kerdrel, à la tête  de Valeurs actuelles. Un passage aux oubliettes, est-il avancé, qui aurait pour cause l’antimacronisme virulent de M. de Kerdrel,  à l’heure ou le quotidien de la droite libérale soutient franchement la loi travail  de  M.  Macron, comme une très large majorité des pontes de  LR.  Depuis New York, dans un entretien accordé hier à CNN, Emmanuel Macron, comme tous ses prédécesseurs confrontés à des manifestations contestant les politiques menées, a affirmé qu’ il  « (croyait) en la démocratie, mais la démocratie ce n’est pas la rue. » La démocratie ce n’est pas non plus transformer l’Etat français en simple chambre enregistrement des oukases de la commission européenne,   abdiquer  la souveraineté du peuple français en la confiant entre les mains douteuses  de l’oligarchie bruxelloise ou des officines atlanto-mondialistes. La démocratie cela consiste aussi à  respecter le pays réel, à faire en sorte que les millions d’électeurs nationaux soient représentés à la hauteur de leur poids politique  à l’assemblée. De démocratie, interne au Front National celle-là, il est aussi finalement question avec la démission   annoncée de Florian Philippot qui estime que le courant qu’il incarnerait n’aurait plus sa place au FN.  

Hier, Marine a publié un communiqué dans lequel elle écrivait:  « Florian Philippot, sollicité par mes soins, n’a pas répondu à la demande de mettre un terme au conflit d’intérêts résultant de sa double responsabilité de vice-président du Front National chargé de la stratégie et de la communication et de président de l’association Les Patriotes ». Aussi , en conséquence, « j’ai pris la décision de lui retirer sa délégation à la stratégie et à la communication. Sa vice-présidence sera, à compter de ce jour, sans délégation.»

Invité ce matin des quatre vérités sur France 2,  grande croix de lorraine à la boutonnière,  celui-ci  a dénoncé cette situation:   « on m’a annoncé que je suis vice-président de rien (…),   je n’ai pas le goût du ridicule et je n’ai jamais eu le goût de ne rien faire. Donc (…)  je quitte le Front National.  Je pense que la décision de me nommer vice-président de rien a fait beaucoup de mal aux militants (…). Le Front National est rattrapé par certains vieux démons. On voit des expressions inquiétantes resurgir sur la dédiabolisation. » Des propos qui font écho à ceux prononcés sur Cnews hier où  il fustigeait un FN qui serait « en train de faire un retour en arrière terrifiant. »  «Le visage qu’il (le FN)  renvoie en ce moment est épouvantable ».

Sur son blogue Florian Philippot  «  appelle à une union nouvelle des patriotes, une union rassembleuse et ouverte qui n’exclut ni la droite ni la gauche. Une union sociale-souverainiste, gaulliste, patriote, qui doit se faire avec tous ceux qui ont la France au cœur et la volonté de redonner une grandeur à la France. »  Remarquons tout de même au passage que cette union sociale-souverainiste (mais aussi de défense de l’identité  française qui est son corollaire et lui donne toute sa cohérence) est inscrite dans les différents programmes du FN depuis le début des années 90 et la campagne frontiste contre Maastricht.  Epoque qui vit notamment la création d’une vice-présidence frontiste aux affaires sociales, par définition  bien avant l’arrivée de Florian Philippot au FN.  Ce que Sophie Montel, élue au Parlement européen, membre de longue date du FN et  qui vient d’annoncer elle aussi qu’elle démissionnait par solidarité et identité de vue avec Florian n’ignore certainement pas…

Nicolas Bay rappelait incidemment mardi sur Europe 1 que l’opposition nationale, populaire et sociale incarnée par le FN   a toujours su porter « un projet assez équilibré »  entre  défense de la libre entreprise, des  libertés économiques (c’est en ce sens qu’il faut comprendre le «libéralisme du FN »)  et promotion d’un Etat fort:  « L’État doit jouer tout son rôle, mais que son rôle. »  « C’est vrai que notre programme est parfois caricaturé sur nos propositions monétaires. Nous sommes pour l’économie de marché, on pense simplement que dans cette économie de marché, il faut que l’État assure des protections fondamentales. »

 

Florian Philippot déclarait ces dernières semaines qu’il ne resterait pas dans un mouvement qui renoncerait à la sortie de l’euro, à la souveraineté monétaire. C’est en effet un enjeu crucial mais la politique c’est aussi savoir avancer ses pions, manœuvrer avec finesse, faire preuve de tactique et de stratégie. Pour prendre un exemple qui lui parlera certainement,  quand De Gaulle a déclaré qu’au final il était favorable à un processus d’ autodétermination de l’Algérie française, il n’a pas annoncé aux Français  dans le détail qu’il comptait l’abandonner totalement  au FLN.  Ni  encore moins  déclaré dans la foulée, en pleine guerre froide, qu’il avait aussi l’intention que notre pays quitte le commandement intégré de l’OTAN. Ce fut pourtant chose faite quelques années plus tard en 1966…

Une finesse que prône Bruno Gollnisch quand il explique , nous l’avons dit ici, que si « l’euro a trahi ses promesses, notamment celle d’être un obstacle à la hausse des prix, il faut que le FN  adopte sur cette question qui fait peur aux Français  une communication moins anxiogène. »  Aussi prône-t-il une présentation de notre programme sur ce point assez différente, à savoir la mise en avant d’ « un plan B de sortie de crise que l’on pourra dégainer quand cette monnaie mourra de sa belle mort, car comme l’ont  dit un certain nombre de prix Nobel  de très nombreux économistes de tout premier plan, dont  elle n’est pas viable à terme. »

Bruno Gollnisch l’avait dit aussi il y a quelques semaines, « Florian  aurait tort de quitter le FN. C’est un garçon intelligent et sincèrement patriote », « mais qu’il n’impose pas tout à une maison plus vieille que lui et dont il est un hôte récent ». Ce conseil n’a pas été suivi par l’intéressé ce que Bruno, qui a été le premier frontiste invité  à réagir à ce départ sur LCI ce matin, a jugé « regrettable». Mais « c’est malheureusement, a-t-il  dit,  « ce qui arrive quand les dissensions s’étalent sur la place publique. J’aurai préféré que tout cela restât dans un entretien entre Marine Le Pen et Florian Philippot. Je ne crois pas que Florian Philippot ait toujours souhaité la sérénité sinon il aurait été beaucoup plus mesuré dans ses appréciations publiques. Dire qu’il était l’objet d’une cabale,  qu’il y avait une volonté (de lui nuire),  une espèce de complot contre lui cela me paraît tout à fait excessif. Moi même je venais d’horizons très différents de lui, je n’ai pas toujours été d’accord lui mais je n’étais pas son ennemi.  Je regrette ce qui  se passe car c’est certainement un élément de qualité. Cela  étant c’est très regrettable mais le Front National en a vu d’autres. »

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