Il est très heureux que Marine et les instances frontistes aient souhaité consulter les adhérents dans le cadre du XVe Congrès dit de refondation en mars prochain. Celui-ci intervient à un moment charnière. Il clôturera en quelque sorte un cycle qui a débuté en 2014 et qui a vu se succéder les élections: européennes, municipales, sénatoriales, départementales, régionales, présidentielle, législatives… Une longue séquence électorale au cours de laquelle notre Mouvement et sa présidente ont obtenu des scores historiques, jusqu’alors jamais atteints dans les urnes.
Mais une période qui a suscité aussi chez certains de nos amis des interrogations, voire des doutes sur la stratégie suivie, les thématiques mises en avant, et ce, au-delà même de la question du débat de second tour face à Emmanuel Macron que Marine a estimé avoir raté et du départ de Florian Philippot. Bref, comme tout organisme vivant à un moment donné de son développement, le Front traverse une crise de croissance, une crise d’identité en quelque sorte: qui sommes-nous? Où allons Nous? Que voulons-nous?
Toynbee soulignait qu’au cours de son existence chaque société rencontrait une succession de problèmes et que c’est l’énergie employée à surmonter les défis mis sur son chemin qui la renforçait. « La facilité n’est pas l’amie des civilisations » notait-il. Dans l’ouvrage collectif Les Racines du futur il était relevé que « toute crise est fondamentalement une crise de conscience. Aucune difficulté intérieure, aucun défi ne pourraient suffire à abattre une nation ou une civilisation: c’est le refus- ou l’incapacité morale- d’y faire face qui annonce le déclin. Les civilisations ne sont pas tuées: elles se laissent mourir. » Autrement résumé par Soljenitsyne: « Ce qui vous menace, c’est vous même. »
Ce constat lucide d’un Toynbee, cet avertissement d’un Soljenitsyne, plus actuels que jamais dans notre vieille Europe, peuvent s’étendre à la vie, la croissance, la mort ou la résurrection d’un parti politique. Or, non seulement l’opposition nationale, populaire et sociale n’a pas l’intention de se laisser mourir mais elle entend gagner encore en muscle, en matière grise, en capacité d’actions, de réflexions, de propositions.
En choisissant de diffuser ses réponses à ce questionnaire, Bruno Gollnisch entend faire oeuvre utile auprès de nos adhérents, contribuer à l’orientation bénéfique de notre combat dans les décisives années à venir. Les réponses fournies par le peuple frontiste seront en effet précieuses en ce qu’elles confirmeront ou non la pertinence de nos fondamentaux ou de nos inflexions récentes, fourniront éventuellement matière à des ajustements programmatiques.
Avec en filigrane au moins deux autres questionnements essentiels , car gages demain si nous savons y répondre efficacement de notre arrivée aux plus hautes responsabilités: à quelles catégories de Français devons-nous nous adresser prioritairement? Qu’est-ce qui dans notre programme, dans la forme, dans le fond, empêche encore des millions d’entre eux de nous rejoindre? Bref, qu’est-ce qui paralyse nos compatriotes qui, dans les discussions que nous avons avec eux, dans les enquêtes d’opinions, partagent sur un grand nombre de sujets centraux, vitaux, les mêmes opinions, les mêmes inquiétudes que nos électeurs déjà acquis?
Toutes choses auxquelles Bruno Gollnisch répond en partie à travers la diffusion de ses réponses en confirmant son attachement aux idéaux de libertés, de justice sociale, d’enracinement, de défense de l’ordre naturel qui sont au cœur de notre famille politique; préoccupations nous le croyons, également majoritaires chez les Français. Sursum corda!