Fonds publics, pour parler clair, qui sont tout simplement l’argent de notre travail, de nos impôts dont l’utilisation est plus que jamais contestée par nos compatriotes. Français qui peuvent aussi s’émouvoir à juste titre de la manière dont ce gouvernement , comme les précédents, vend les bijoux de familles payés par des générations de contribuables – barrages, autoroutes, aéroports…- à des groupes étrangers qui pratiquent comme à chaque fois une privatisation des bénéfices et une nationalisation des pertes. La Cour des comptes vient d’ailleurs dépingler la cession de de l’aéroport de Toulouse-Blagnac , outil stratégique de l’Etat, à une société chinoise; un dossier en tout état de cause très mal bouclé par Emmanuel Macron quand il était ministre de l’Economie de François Hollande.
Un sondage BVA pour RTL, publié ce matin, la veille du rassemblement des gilets jaunes demain à Paris, confirme en tout cas que le ras-le-bol, le cri d’alarme et de désespoir, la révolte populaire qui s’expriment au travers de ce mouvement, trouvent un vaste écho chez les Français. 46% des sondés approuvent leur mode d’action -ce qui est déjà beaucoup à la lumière du matraquage médiatique pointant les débordements parfois observés-, mais plus de sept Français sur dix (72%) se reconnaissent dans les revendications des gilets jaunes, notamment les employés et ouvriers (78%), les personnes vivant en province (à 74% contre 61% pour les personnes vivant en Ile-de-France) ou en zone rurale (77%). Les personnes peu diplômées et celles qui déclarent avoir des difficultés financières à la fin du mois soutiennent le mouvement à 83% et 88% (…°). Les résultats du baromètre montrent que les sympathisants de gauche (61%) -abstraction faite du PS- de Debout la France (75%) et du Rassemblement National (67%), approuvent le mode d’action des gilets jaunes. Les sympathisants socialistes et Les Républicains le rejettent à 63% et 57%. »
Le blogue Les crises a relayé la lettre de Jean-Claude Michéa sur le mouvement des gilets jaunes , philosophe socialiste (anticapitaliste) qui n’est pas à proprement parlé de notre paroisse, mais un sociologue aux vues profondes, pourfendeur de la gauche libérale-libertaire. Ses analyses recoupent souvent celles d’un autre antilibéral de choc mais de droite comme Patrick Buisson. Michéa est comme il se doit détesté par les bas de plafond de l’ultra gauche, et autres antifas qu’il décrit comme des gardes rouges au service du capital.
Michéa estime que les gilets jaunes sont « les premiers à avoir compris que le vrai problème, c’était (…) la mise en œuvre systématique, depuis maintenant 40 ans, du programme libéral par les successifs gouvernements de gauche et de droite, (qui) a progressivement transformé leur village ou leur quartier en désert médical, dépourvu du moindre commerce de première nécessité, et où la première entreprise encore capable de leur offrir un vague emploi mal rémunéré se trouve désormais à des dizaines de kilomètres (…). Ce n’est donc évidemment pas la voiture en tant que telle – comme signe de leur prétendue intégration dans le monde de la consommation (…) – que les gilets jaunes défendent aujourd’hui. C’est simplement que leur voiture diesel achetée d’occasion (et que la Commission européenne essaye déjà de leur enlever en inventant sans cesse de nouvelles normes de contrôle technique ) représente leur ultime possibilité de survivre, c’est-à-dire d’avoir encore un toit, un emploi et de quoi se nourrir, eux et leur famille, dans le système capitaliste tel qu’il est devenu, et tel qu’il profite de plus en plus aux gagnants de la mondialisation. Et dire que c’est d’abord cette gauche kérosène – celle qui navigue d’aéroport en aéroport pour porter dans les universités du monde entier (et dans tous les Festival de Cannes) la bonne parole écologique et associative qui ose leur faire la leçon sur ce point !»
Jean Claude Michéa termine son propos par un avertissement qu’il est là aussi loisible d’entendre: « si le mouvement des gilets jaunes gagnait encore de l’ampleur (ou s’il conservait, comme c’est toujours le cas, le soutien de la grande majorité de la population)», la macronie « n’hésitera pas un seul instant à envoyer partout son Black Bloc et ses antifas (…) pour le discréditer par tous les moyens, où l’orienter vers des impasses politiques suicidaires (…). Mais même si ce courageux mouvement se voyait provisoirement brisé par le PMA – le Parti des médias et de l’argent (…) ; cela voudra dire, au pire, qu’il n’est qu’une répétition générale et le début d’un long combat à venir. Car la colère de ceux d’en bas (soutenus, je dois à nouveau le marteler, par 75 % de la population – et donc logiquement stigmatisé, à ce titre, par 95 % des chiens de garde médiatiques) ne retombera plus, tout simplement parce que ceux d’en bas n’en peuvent plus et ne veulent plus. Le peuple est donc définitivement en marche ! Et à moins d’en élire un autre (selon le vœu d’Éric Fassin, cet agent d’influence particulièrement actif de la trop célèbre French American Foundation), il n’est pas près de rentrer dans le rang. Que les Versaillais de gauche et de droite (pour reprendre la formule des proscrits de la Commune réfugiés à Londres) se le tiennent pour dit ! » Un discours de gauche authentique, que Bruno Gollnisch qui partage une double ascendance communarde et versaillaise , est aussi parfaitement en situation de comprendre… d »autant qu’il valide en partie celui porté par l’opposition nationale depuis des décennies. C’est aussi cela la convergence des luttes…