Les mesures annoncées, suffiront-t-elles à éteindre l’incendie? A en juger par les réactions des gilets jaunes qui rallient à eux de nouvelles catégories en souffrance (ambulanciers, infirmier(e)s, agriculteurs…), cela paraît inenvisageable. La colère est immense, la parole politique des partis de gouvernement particulièrement démonétisée, la détresse économique et sociale de millions de nos compatriotes profonde. Et puis l’image de l’exécutif est singulièrement (définitivement?) abîmée. Aux huées qui accompagnaient toutes les sorties publiques de François Hollande à la fin de son quinquennat, repondent désormais celles qui saluent les déplacements d‘Emmanuel Macron ces dernières semaines; ce fut le cas encore hier soir lors de sa visite impromptue au Puy-en-Velay. Quant aux députés LREM, leur langue de bois insupportable, les éléments de langage en carton pâte qu’ils débitent sur les plateaux , leur méconnaissance des réalités vécues par nos compatriotes -voir encore tout récemment l’élue Elise Fajgeles qui ne connait pas le montant du SMIC!- contribuent à cette rupture béante entre cette France d’en bas et les élites mondialisées qui vivent, elles, dans leur nouveau (autre) monde…
Le politologue Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’IFOP, était invité à réagir sur le site de franceinfo aux annonces d‘Edouard Philippe. Le ton a beau être mesuré, M. Fourquet est sèvère dans son analyse et peu optimiste sur la capacité de ce gouvernement a redresser la barre. « Ces annonces, qui sont conséquentes, interviennent peut-être un peu tard, dit-il. Le mouvement a pris de l’ampleur, de la force. Le cahier des doléances s’est élargi. Donc on peut avoir une interrogation sur l’efficacité de cette mesure et son coût politique (…). Le fait que ce soit Edouard Philippe qui porte ces annonces est compréhensible » mais « les Français veulent entendre Emmanuel Macron (…). Le but recherché est de faire cesser le mouvement au plus vite. Les premières remontées semblent montrer que le compte n’y est pas (…).Du coté des gilets jaunes on doit estimer que le gouvernement cherche à gagner du temps (…). On se dit, si on est gilet jaune, le rapport de forces est en notre faveur et il faut pousser notre avantage (…). C’est un mouvement qui n’est pas structuré, qui est protéiforme. Mais les premiers retours qu’on a pu avoir et la détermination qu’on a pu observer depuis quelques semaines montrent que tout cela a pris corps. Il faut rappeler que beaucoup de ces gilets jaunes ne sont pas des professionnels de l’action politique ou syndicale. Tout cela nous laissait penser qu’on était face à quelque chose qui était en train de prendre une certaine consistance et qu’il serait difficile de faire entrer la rivière dans son lit. »
Spécialiste es extrême droite, Jean-Yves Camus, interrogé par l’Obs n’est pas non plus très confiant quant à la possibilité de voir le fleuve populo-populiste regagner son lit. Il précise, à juste titre, que « le FN (RN) est un parti d’ordre » qu’en toute logique Marine se démarque des violences mais surtout que ce mouvement des gilets jaunes, constate-t-il également, est «protéiforme». Comprendre par là qu’ « il y a chez certains une délégitimation de l’appareil d’Etat. On est dans la sécession, des gens qui ne considèrent plus l’Etat français comme légitime et qui basculent soit dans la désobéissance civile, soit dans l’action. Ceux-là ne voudront pas négocier avec un pouvoir qui n’est pas légitime à leurs yeux (…) Je crains une forme de scission à l’intérieur du pays, c’est inquiétant. On arrive dans une période de fêtes et on fait face à un gros problème d’ordre public : soit le mouvement plie, soit il dure alors que les forces de l’ordre sont à bout. Paris ne peut vivre les fêtes du réveillon sous une telle tension.»
Menaces de violences qui ont été aussi brandies hier par Christophe Castaner pour stopper les manifestations, bien qu’il soit soupçonné d’avoir laissé agir les idiots utiles d’extrême gauche pour casser les boutiques, souiller l’Arc de Triomphe afin de discréditer cette mobilisation citoyenne : «Celles et ceux qui ont fait le choix de ne pas venir manifester pacifiquement sur les Champs-Élysées doivent assumer une co-responsabilité d’avoir été aux côtés des casseurs et d’avoir très souvent empêché nos forces de l’ordre d’agir. » Le ministre de l’Intérieur a donc appelé «les gilets jaunes les plus raisonnables à se désolidariser des extrêmes et à ne pas se rassembler à Paris samedi prochain»,à ne pas venir pour l’ Acte 4 annoncé par des collectifs de gilets jaunes sur les réseaux sociaux…
La violence économique et sociale, le matraquage fiscal, le déclassement, la paupérisation, le mal-être de catégories entières de Français ont aussi pour cause, non pas unique mais majeure, l’immigration massive subie par nos compatriotes depuis quatre décennies. Lundi Marine tenait à Nanterre une conférence de presse pour enjoindre Emmanuel Macron à ne pas ratifier dans quelques jours à Marrakech, le pacte mondial de l’ONU sur les migrations. Elle participera samedi sur ce thème à une réunion publique à Bruxelles du Vlaams Belang, en pleine renaissance, avec son président Tom Van Grieken et en présence de Steve Bannon. La présidente du RN a estimé que cette question cruciale «n’était pas si éloignée de la révolte populaire des gilets jaunes.» « Avec cette nouvelle trahison silencieuse de la nation, nos dirigeants franchissent une nouvelle étape dans la submersion organisée de notre pays », sachant que « les gilets jaunes sont conscients qu’on ne peut pas accueillir des centaines de milliers de personnes supplémentaires, sans que ça ait une influence sur l’équilibre de nos budgets sociaux et de nos territoires. »
Ce pacte, notons-le ici, entend formaliser, si ce n’est légaliser l’immigration illégale, il stipule ainsi qu’il s’agit d’«améliorer et diversifier les itinéraires pour une migration sûre, ordonnée et régulière »; il enjoint les Etats signataires à mettre en place des mécanismes législatifs, juridiques, pour donner un statut légal aux clandestins, dépénalise de facto l’immigration illégale et intime l’ordre de aux Etats pris pour cible par l’immigration massive d’accueillir tous les immigrés, légaux comme illégaux confondus, de leur fournir notamment une protection sociale…Les Français appauvris, matraqués, tous les contribuables se passeraient volontiers de ce genre de cadeau… Le caractère non contraignant de ce texte, mis en avant par l’Etat macronien et les lobbies, est en outre pour le moins sujet à caution. Figure notamment dans le pacte la phrase suivante: « Nous nous engageons à atteindre les objectifs et les engagements énoncés dans le Pacte mondial, et à prendre des mesures efficaces à tous les niveaux pour permettre une migration sûre, ordonnée et régulière à tous les stades. »
Autant dire, que la présidente du RN parle d’or quand elle dénonce « l’organisation active des migrations mondiales par les États signataires, le pillage imposé des pays d’accueil, l’institutionnalisation du communautarisme par l’institutionnalisation des diasporas, la propagande pro-migrants et la persécution des opposants à l’immigration ». RN affirme Bruno Gollnisch, qui est tout aussi cohérent dans sa défense des Français quand il rappelle la dimension non pas seulement identitaire mais aussi de justice sociale qui est à la base du refus par l’opposition nationale de toute nouvelle immigration et même son souhait d’une inversion des flux migratoires. Le RN est aussi un gilet de sauvetage…