Cette embellie de l’image d’Emmanuel Macron reste à confirmer mais au-delà de cet article analysant très subjectivement les résultats de cette enquête, il convient de noter que cette remontée est tout sauf surprenante. D’abord parce que le débouché concret, politique des manifestations des Gilets Jaunes n’est pas évident pour nos compatriotes, quand bien même près de deux Français sur trois «approuvent» encore le mouvement (58% selon l’Ifop). Français abreuvés par les médias d’images de violences commises par l’extrême gauche, les casseurs, les antifas dont l’entrée en scène est une « divine surprise » (encouragée ?) pour ce gouvernement en ce qu’ils salissent l’image de cette fronde populaire. Nos compatriotes inquiets du chaos, réprouvant les violences, se solidarisent logiquement avec le monarque incarnant un pouvoir garant de l’ordre républicain, quand bien même sombre t-il dans des dérives inquiétantes (voir ici et ici).
Pareillement, la tentative de mainmise sur cette mobilisation par la gauche syndicale et politique (CGT, SUD, NPA, LFI, PC…) comme on l’a vu notamment hier avec les défiles cégétistes auxquels avaient été habilement invités des GJ, est désastreuse pour l’image de cette mobilisation citoyenne. Comment ne pas voir que cette gauche immigrationniste cégétiste, qui a appelé à voter Macron à la présidentielle, pour la constitution européenne en 2005, est bien sûr résolument rejetée par une majorité de Français. A commencer par cette France périphérique qui forme l’ossature, qui structure cette révolte populaire, patriotique, qui réclame une véritable justice sociale, dénonce la fiscalisme confiscatoire et défend intrinsèquement des valeurs de droite. Enfin, à quelques mois des élections européennes, il n’est pas aberrant que le tiers de Français (encore) convaincu des bienfaits de l’Europe bruxelloise, se coalise derrière la figure de proue du seul parti , avec EELV à quelques nuances près, qui défende sans ambiguïtés le modèle eurofédéraste et immigrationniste.
Notre ressenti est d’ailleurs corroboré par l’étude réalisée par David Nguyen – Direction Conseil en stratégies d’influence au Département Opinion et Stratégie d’Entreprise de l’Ifop- portant sur la validité structurante du clivage entre « nationalistes » et « progressistes » pour le scrutin du 26 mai : « Deux visions européennes s’opposent : une vision nationaliste et une vision progressiste. Par cette déclaration fin août 2018 à l’attention de M.Orban et M.Salvini, Emmanuel Macron fixait l’axe de sa campagne pour les élections européennes » rappelle M. Nguyen en préambule de son analyse. Elle démontre, note Bruno Gollnisch, que les thématiques que l’opposition nationale a su imposer dans le débat politique ont largement infusé dans l’opinion, sont en phase avec ses attentes…même si elles seront évacuées du référendum macronien.
A la question « 10 ans après, si c’était à refaire, voteriez-vous oui ou non au référendum de ratification de la constitution européenne? » 62% des sondés voteraient « non », soit « 7 points de plus par rapport à 2005. » Il est notable également que le fait identitaire, au sens large, est particulièrement prégnant dans les préoccupations de nos compatriotes. Pour preuve, les réponses enregistrées par l’Ifop à cette question : « Parmi les problèmes suivants, lequel explique le mieux selon vous la montée du populisme et des votes protestataires en Europe ? » 32 % des sondés placent « L’immigration » en tête, devant « La dégradation des conditions de vie -pouvoir d’achat, logement » (29%), « Les problèmes d’intégration des personnes d’origine étrangère » (13%), « Les problèmes de sécurité » (12%), « Le chômage »(9%)…
« 58% des Français pensent ainsi que dans 10 ans l’UE sera plus fragile et faible qu’aujourd’hui . Comment dès lors vouloir coûte que coûte défendre une institution qui ne vous écoute pas et ne vous apporte pas de résultats? » s’interroge David N’Guyen. « A terme, c’est l’attachement même à un système démocratique qui est remis en question : en octobre 2017, près de 4 Français sur 10 adhéraient à l’idée selon laquelle la direction du pays devrait être confiée à un pouvoir politique autoritaire, quitte à alléger les mécanismes de contrôle démocratique s’exerçant sur le gouvernement. S’il ne s’agit ici que de déclarations purement théoriques, il serait néanmoins illusoire et naïf de croire en un attachement éternel et universel au système démocratique en Europe » écrit encore M. N’Guyen. Mais il peut être pertinent d’être moins catégorique en expliquant cette remise en question du système démocratique du fait de sa confiscation par une caste qui refuse justement de répondre aux aspirations populaires majoritaires de protections sociale, économique et identitaire…
Mais nous sommes pleinement en phase avec la conclusion de l’auteur de cette étude quand il relève qu’ « Il existe bien un clivage transpartisan entre pro et anti-européens au sein de l’opinion française. Ces ingrédients laissent présager une montée des suffrages anti-européens dans les prochaines intentions de vote et, par réaction, un regroupement des pro-européens derrière la bannière étoilée la plus haute à ce jour : La République en Marche. » Nous y sommes et le tableau du rapport des forces devrait encore se préciser dans les semaines à venir.