En l’espèce, Agnès Buzyn contestait la sincérité de la condamnation, par Marine et les cadres du RN, des insultes dont a été victime l’académicien Alain Finkielkraut en marge d’un cortège des Gilets jaunes, samedi à Paris lors de l’Acte XIV de cette mobilisation. Selon la vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux, M. Finkielkraut n’a apparemment pas été traité de « sale juif » comme l’a affirmé le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, mais injurié avec force rapportait France tv.info : « Tu es un haineux et tu vas mourir, tu vas aller en enfer », « Barre-toi, sale sioniste de merde ! , Nique ta mère, crie un autre, tandis que l’on entend certains crier : Palestine !, Facho ! Palestine ! Rentre chez toi, rentre chez toi en Israël mais aussi : « La France est à nous. Rentre à Tel-Aviv , Tu vas mourir »…. . Finkielkraut a précisé qu’il avait reçu un bon accueil de plusieurs Gilets Jaunes, mobilisation pour laquelle il a confessé sa sympathie, mais que d’autres voulaient » lui casser la gueule ». Le Parisien a indiqué que « l’homme qui apparaît sur la vidéo en train d’insulter le philosophe a été identifié et est connu des services de renseignement (…)pour avoir évolué en 2014 dans la mouvance radicale islamiste, d’obédience salafiste », n’en déplaise à Mme Buzyn… Marine avait pointé la présence dans ce cortège des GJ d’éléments inflitrés en provenance de la mouvance d’extrême-gauche. Francis Kalifat, président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France CRIF) , qui a apporté son soutien à M. Finkielkraut, a de son côté jugé comme ce dernier que le ou les auteurs des insultes appartenai(en)t à la nébuleuse « islamogauchiste ».
Nous savons qu’au nombre des 3 .721.798 crimes et délits recensés en 2018 par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), les atteintes volontaires à l’intégrité physiques (homicides, violences, viols, harcèlements et agressions sexuelles…) sont en hausse de 4 % par rapport à l’année précédente. Mais les actes de violences racistes contre les blancs, les chrétiens , les Français de souche , ne sont pas officiellement comptabilisés. A contrario, il existe les chiffres du Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme (BNVCA) présidé par Sammy Gozlan et validés par le ministre de l’Intérieur. Selon ceux-ci, la communauté juive de France – forte de 450 000 à 600 000 âmes d’après les statistiques de la North America Jewish Data Bank et/ou du Bureau central des statistiques (CBS) israélien-, auraient eu à subir en 2018 541 faits antisémites, dont 81 actions violentes, chiffres en progression de 74% par rapport à 2017, après deux années consécutives de baisse. Selon l’enquête réalisée par l ’Agence européenne des droits fondamentaux au sein des communautés juives de l’UE, rendue publique en décembre dernier, la situation serait plus problématique. « Environ 90 % des répondants, est-il relaté, estiment que l’antisémitisme est en expansion dans leur pays. (…). Près de 30 % d’entre eux ont été harcelés, ceux qui sont visiblement juifs étant les plus touchés. (…).° Près de 80 % des répondants ne signalent pas les incidents graves à la police ni à un autre organisme, parce qu’ils pensent souvent que cela ne changerait rien. »
Les actes antisémites médiatisés ces derniers jours ont réactivé le souhait formulé par certains milieux d’ assimiler, en le criminalisant, l‘antisionisme à l’antisémitisme. En 2016 déjà, Manuel Valls, remplaçant François Hollande lors du traditionnel diner du CRIF -auquel se rendra demain Emmanuel Macron– avait déclaré que l’antisionisme est « tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël ». Une affirmation qui avait fait bondir l’extrême gauche qui avait condanné cette déclaration, notamment dans les colonnes de L’Humanité. « En marge des commémorations du 75e anniversaire de la rafle du Vél d’Hiv auxquelles participait Benjamin Nétanyahou », indique Le Figaro, « Emmanuel Macron a lui-même semblé s’inscrire dans les traces de l’ancien Premier ministre et alors que le caractère antisémite de l’assassinat de Sarah Halimi tardait à être retenu par la justice, le président avait considéré que l’antisionisme était la forme réinventée de l’antisémitisme».
Cette fois, « Présidé par Sylvain Maillard (LREM), le groupe d’étude de l’Assemblée nationale sur l’antisémitisme » va se réunir ce soir pour réclamer «la reconnaissance officielle de l’antisionisme comme antisémitisme». Nous l’avons dit, il est difficilement contestable que l’antisionisme, dans un certain nombre de cas, puisse couvrir de son ombre un antijudaïsme qui ne peut s’avouer ou se dire comme tel. Mais ce n’est bien évidemment pas toujours le cas. On peut être juif et antisioniste, comme certains juifs religieux pour qui la création de l’Etat d’Israël relève du blasphéme, ou de juifs d’extrême-gauche, internationalistes. antiracistes, altermondialistes ou de libéraux sans-frontièristes clairement mondialistes comme George Soros. Il existe aussi des antijuifs qui sont sionistes en ce qu’ils considèrent que les juifs n’ont pas droit de cité dans leur pays depuis qu’ils ont un Etat à eux. Dans la définition très classique qu’en donne wikipedia, «Le sionisme est une idéologie politique fondée sur un sentiment national juif, décrite comme nationaliste par les uns et comme émancipatrice par les autres.» Dans les faits, il existe des sionistes de gauche, « modérés », partisans de la création d’un Etat palestinien et/ou d’un Etat israélien multiculturel ; et des sionistes de droite et d’extrême droite beaucoup plus intransigeants. A cette aune le sionisme peut aussi être appréhendé par ses adversaires ou au contraire par ceux qui se réclament de cette idéologie, comme une doctrine messianique et/ou impérialiste donnant des droits à Israël sur des territoires voisins pour la création d’un Grand Israël, et donnant du peuple juif une définition strictement ethnico-religieuse dont sont exclus les palestiniens musulmans ou chrétiens. Autant dire que la volonté exprimée par ce député LREM Maillard et ses collègues est intellectuellement boiteuse et aggravera encore les atteintes à la liberté d’expression et d’opinion. Souvent qui veut faire l’ange fait la bête…Emmanuel Macron a en tout cas joué la carte de la prudence pour dire son désaccord avec cette initiative…
Si «l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles » selon la célèbre formule d’Auguste Bebel, Ovier Faure, premier secrétaire de qu’il reste du PS s’est voulu intelligent en lançant l’idée d’un rassemblement contre l’antisémitisme qui se déroulera à Paris ce soir , en présence de François Hollande, d’Edouard Philippe, de 22 ministres, dont Jean-Michel Blanquer et Benjamin Griveaux. Quatorze partis politiques participeront à cette manifestation , du PC à DLF, de LREM à EELV en passant par LR et LFI. Tous les partis sauf le RN avait indiqué M. Faure, au nom paraît-il de l’histoire sulfureuse du FN, avant de réviser sa condamnation à la marge et de dire que finalement, pourquoi pas, à titre individuel, Marine le Pen et les sympathisants du mouvement national pourraient d’y rendre.
Mais la décence a conduit le RN, qui l’a rappelé dans un communiqué, à ne « pas défiler aux côtés de formations et de dirigeants politiques qui soit n’ont rien fait depuis trente ans (contre la multiplcation de ce type de violences), soit les ont encouragés ». Raphaël Nisand, chroniqueur sur Radio judaica, a eu lui aussi des mots très durs sur cette manif de pompiers-pyromanes. Invitée de ce matin d’Europe 1, Marine a précisé qu’elle ne souhaitait pas « participer à une instrumentalisation politicienne ». « Aujourd’hui, la politique qui a entraîné cette situation est de la responsabilité des partis qui vont manifester ce soir (…). La vraie question, aujourd’hui, c’est d’où provient cet antisémitisme, c’est la question essentielle » sachant que les partis dits de gouvernement ont « laissé s’installer un fondamentalisme islamiste qui est incontestablement à l’origine de l’antisémitisme aujourd’hui. » Alors oui nous se sommes pas dupes de cette manip et plus largement, note Bruno Gollnisch, de l’entreprise de sidération de l’opinion par les champions du pasdamalgame à géométrie variable, qui vise aussi, avec beaucoup de malignité, à tenter de refiler le mistigri de la bête immonde aux Français qui rejettent simplement, souvent avec colère, mais sans haine ni violence, les politiques euromondialistes.