Les commanditaires-réalisateurs de cette vidéo visant à parasiter la campagne des défenseurs de l’Europe des patries l’ont diffusé la veille de la (très) grande réunion publique à Milan, de douze formations politiques populistes, nationales, souverainistes, autour de Matteo Salvini et de Marine Le Pen. Interrogée comme il se doit sur cette affaire, la présidente du RN s’est logiquement étonnée « que cette vidéo qui, semble-t-il, a deux ans d’ancienneté, sorte aujourd’hui à quelques jours de l’élection ». Mais « Quel que soit ce que l’on peut reprocher aux uns ou aux autres et quelle que soit la véracité de ces accusations, cela ne fait pas disparaître le fait qu’un quart des Autrichiens souhaitent refuser l’immigration dans leur pays. Une Autriche libre de décider de ses choix démocratiques… »
Une affaire dont se sont emparés les adversaires du RN, et notamment certains cadres de LR dont la liste est à la peine dans les sondages. Un parti dont les dirigeants s’expliquent mal leur incapacité à fédérer un plus grand nombre d’électeurs de droite, malgré la tonalité très droitière des discours d’estrade de leur tête de liste. Le JDD relayait aujourd’hui ce malaise grandissant : « (François-Xavier Bellamy) ne comprend pas, et cela le trouble. (Il) dit ressentir de la ferveur sur le terrain, discourir chaque jour devant des salles pleines (…) recevoir des soutiens très inattendus– des artistes dont la tête de liste des Républicains préfère taire le nom pour ne pas les gêner (sic). Or, les enquêtes d’opinion, celles-là mêmes qui, dans un premier temps, avaient exalté un effet Bellamy, au point que les commentateurs s’enflammaient au sujet de la seule dynamique de cette campagne européenne et prédisaient déjà l’avènement d’un Macron de droite concurrent à Laurent Wauquiez ne traduisent désormais plus qu‘une stagnation, voire une régression…».
Maire de Beauvoir, député LR de Seine-et-Marne, Jean-Louis Thieriot, a tenté à son niveau de créer un réflexe de défiance et de suspicion autour du RN. Sur twitter il a repris la prose du lobby atlantiste et des macronistes dénonçant la russophilie (à leurs yeux coupable et intéressée) des nationaux : «L’affaire Strache, allié de Salvini et Le Pen est très révélatrice… Comment un Français qui aime passionnément son pays pourrait-il voter pour une liste qui fait ouvertement le choix du parti de l’étranger ? ». Accusation grossière car comme l’a rappelé Jean Messiha sur Cnews cette fin de semaine, le fait de parler, de nouer le dialogue avec des étrangers, des Russes ou des Américains, ne fait pas du RN un parti de l’étranger! Pour sa part, Jean-Yves le Gallou n’a pas manqué de rappeler cruellement à M Thieriot la réalité des errances dramatiques de sa formation politique: « Comment peut-on voter pour un parti qui a laissé des immigrés extra européens, rarement assimilables, coloniser des pans entiers du territoire? Le parti de l’étranger ce sont les maires qui financent des mosquées et des associations immigrationnistes pas ceux qui résistent! »
Depuis le quinquennat Sarkozy, qui avait fait naître beaucoup d’espoirs rapidement déçus, le lien de confiance entre le parti (sans colonne vertébrale) de M. Wauquiez et de Mme Pécresse et son électorat s’est cassé. Le constat est aussi simple qu’évident, celui de l’écœurement devant une droite alliée au centre qui tient en période électorale un discours martial, identitaire, d’exaltation des racines helléno-chrétiennes de la France et de l’Europe, pour mieux se coucher devant les oukases progressistes une fois au pouvoir,
le grand basculement, la grande recomposition du paysage politique auquel nous assistons n’est jamais qu’une clarification du débat que Bruno Gollnisch appelle de ses vœux depuis longtemps ! Vendredi, Eric Zemmour ne disait pas autre chose sur RTL. Le journaliste et essayiste a pointé le « renversement exceptionnel » que traduit le fait qu’on a désormais un bloc populistes-souverainistes à 30%, qui pèse deux fois plus lourd que LR crédité au mieux de moitié moins de suffrages.
Rédacteur en chef adjoint de la revue Eléments, François Bousquet se livrait au même constat sur le site Boulevard voltaire. Il s’est réjoui de prime abord du soutien du conseiller régional ex LFI Andréa Kotarac à la liste européenne du RN conduite pat Jordan Bardella, « C’est un coup de tonnerre dans le landerneau politico-médiatique, a-t-il constaté, en particulier chez les Insoumis (…) . Cela clôt l’épisode populiste de 2017et la ligne que (Jean-Luc)Mélenchon avait suivie pendant les élections présidentielles. Elle les avait portés à 20 % des voix. Pour avoir renoncé à cette ligne populiste, les Insoumis sont retombés à moins de 10 points (…). On peut imaginer que cet électorat populaire va désormais basculer vers le Rassemblement National.»
Et d’ajouter : « Le rapport de force joue désormais en faveur des populistes et non plus des conservateurs. Marine, Dupont-Aignan et Philippot sont à 30 % et Bellamy à 15 %. Désormais, ce sera aux conservateurs de s’allier avec les populistes et non plus l’inverse. » Les paris sont ouverts…