Une limpidité des propos de Bruno Gollnisch qui a été particulièrement appréciée par les adhérents du FN qui sont allés à sa rencontre cette fin de semaine. Bravant le mauvais temps ils étaient 150 samedi midi à La Voulte (Ardèche), 170 le soir dans le magnifique château du Baroux (Vaucluse) et près de 200 à Marseille dimanche midi à venir écouter le vice-président du FN.
Le langage « carré », les arguments utilisés par le candidat à la succession de Jean-Marie Le Pen font leur effet sur les adhérents qui, pour beaucoup, (re)découvrent sous un jour nouveau le vice-président du FN à l’occasion de cette tournée. Sa détermination et son assurance impressionne… Certes, ses compétences d’homme de dossier, d’élu, d’intellectuel n’ont jamais été mises en doute. Mais c’est incontestablement sur sa capacité évidente à assurer la cohésion du FN, à rassembler la famille nationale, les électeurs orphelins du souverainisme et au encore au-delà, ceux de la gauche patriotique et de la droite sociale, qu’il a engrangé un regain de popularité et de soutiens ces dernières semaines.
Cela n’empêche pas un certain nombre de commentateurs de lui dénier toute sincérité, de refuser d’admettre que son souci d’ « enraciner la modernité dans la tradition » n’est pas le cache-sexe d’une nostalgie coupable pour les heures les plus sombres de notre histoire. Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre… Passe encore que ce type de commentaires fleurissent dans la presse de gauche, mais quand ils émanent de personnes censées nous connaître et partager nos valeurs nationales, cela devient assez pathétique.
Au nombre des mauvais fantasmes véhiculés sur le compte de la candidature Gollnisch, le dénommé Jean-Pierre Pagès-Schweitzer a fait ainsi très fort dans les colonnes des Quatre vérités Hebdo (édition du vendredi 22 octobre), publication au demeurant sympathique en ce qu’elle accueille, sans ostracisme, articles et points de vue couvrant l’ensemble des sensibilités de la droite nationale, et dont nous partageons très souvent les analyses.
Dans l’article en question, M. Pagès-Schweitzer explique pourquoi il votera Marine au congrès, ce qui est bien évidemment tout à fait son droit. Ce qui est nettement plus tendancieux ce sont les raisons qu’il avance pour justifier son choix. Selon lui, si les « gollnischiens » -appellation au moins aussi sympathique que celle de « souchiens » utilisée pour désigner les « Gaulois »…- « se présentent comme les gardiens des fondamentaux (…), le plus fondamental des fondamentaux (des partisans de la candidature du vice-président du FN), c’est l’antisémitisme. L’homophobie venant immédiatement après ». Non, vous ne lisez pas Têtu ou le Nouvel Obs…
Et de poursuivre : « ce que les anciens (sic) reprochent à Marine, c’est de ne pas montrer patte blanche ; d’éviter les outrances de son père, de vouloir même sans démarquer (…). Elle réalise pleinement que (…) le péril aujourd’hui n’est pas juif, il est arabe et que, si complot il y a, il n’est pas fomenté par les Sages de Sion, mais par les sectateurs du nouveau califat ».
Se félicitant de l’apparition sur le marché politique d’une « nouvelle extrême droite pro-sioniste » –le phénomène en fait n’est pas nouveau- l’auteur de cet article démontre cependant qu’à trop vouloir faire coller une démonstration fumeuse à la réalité, on arrive assez rapidement à se prendre les pieds dans le tapis (de prière).
Pour preuve, il désigne comme chef de file de cette extrême droite islamophile, « colallahborationniste comme disait Serge de Beketch », un cadre du FN, Christian Bouchet. L’intéressé à notre connaissance n’a pas démenti, mais il faut maintenant que M. Pagès-Schweitzer remette un peu d’ordre dans ses fiches pour expliquer à ses lecteurs pourquoi alors M. Bouchet appelle à voter non pas pour Bruno mais pour Marine… comme lui. La suite au prochain numéro ?
Tantôt traître projetant de faire imploser le FN en y accueillant des « dissidents », également suppôt de Satan ayant vendu son âme aux « barbus », Bruno serait aussi une infâme grenouille de bénitier, qui œuvrerait dans l’ombre des sacristies –un complot des jésuites, marchant main dans la main avec le « califat » ?- à transformer le FN en « parti confessionnel ». Avant de trucider tous les laïcs et les homos au cours d’une vaste Saint-Barthélemy ?
Bis repetita placent, rappelons une nouvelle fois ici, les propos sans ambiguïtés du vice-président du FN sur ce sujet, et dernièrement encore dans les colonnes de Monde et Vie, certes « journal catholique », horresco referens…
« Je pense pour ma part explique Bruno Gollnisch, que la France est un peuple, un territoire, une langue et une civilisation exceptionnelle, aussi tributaire du christianisme que la civilisation japonaise l’est du confucianisme, du Shinto ou du bouddhisme. Les valeurs chrétiennes ne se limitent pas à la France, elles sont universelles, mais elles ont fait la grandeur de notre civilisation ».
« Je souhaite restaurer, non pas l’ordre surnaturel, qui est de la responsabilité du clergé, mais le socle des valeurs de droit naturel – la famille, le respect de la vie, l’acquisition légitime d’un patrimoine fondée sur le travail, les corps intermédiaires, le respect d’un véritable principe de subsidiarité aujourd’hui dévoyé par l’Union européenne, des organisations professionnelles affranchies de la subversion marxiste, etc. –, hors desquelles nous nous enfonçons dans une nouvelle décadence ».
« Contrairement à ce qui a été prétendu, je ne souhaite pas pour autant que le Front National devienne un parti confessionnel. Je travaille en parfaite intelligence avec des patriotes d’autres religions, voire agnostiques ».
Voilà qui a (encore) le mérite de la clarté.