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Révolutions arabes, craintes chrétiennes

chrétiens d'orient terIl n’y a pas que la pègre des casinos de Las Vegas qui enterre discrètement ses victimes dans le désert : en Libye,  le Conseil national de transition (CNT)   a annoncé  qu’il en sera de même avec la dépouille du colonel Kadhafi. Une  nouvelle qui a suscité moins d’émoi que l’annonce faite  dimanche par le président du CNT,  Moustapha Abdeljalil : « En tant que pays musulman, nous avons adopté la charia (l’ensemble du code islamique intégrant et régissant la totalité des actes humains, NDLR) comme loi essentielle et toute loi qui violerait la charia est légalement nulle et non avenue ». Une déclaration  faite symboliquement à  Benghazi, foyer de départ  de l’insurrection qui,  selon  l’étude de l’Académie militaire de West Point à New York, intitulée Al-Qaïda’s Foreign Fighters in Irak, est  un  lieu de forte concentration  de candidats au   djihad.

 A dire vrai, cette liquidation du régime laïque  par la mise en place de la charia, «  l’islam réel »,  n’a surpris que les plus naïfs mais n’a cetainement pas été un sujet d’étonnement pour Bruno Gollnisch.  Cette insurrection contre l’autocratie kadhafiste a  été menée dés le départ avec  des membres d’Al-Qaïda pleinement  intégrés aux troupes des  rebelles, comme le commandant de l’OTAN en Europe en a fait l’aveu …Alliance atlantique , qui affirme dans le même temps lutter contre ces mêmes « terroristes islamistes » en Afghanistan

 En Tunisie cette fois, et avant même la proclamation officielle des résultats dans quelques heures, il  été annoncé lundi que le  parti islamiste tunisien Ennahda serait crédité selon un de ses dirigeants  cité par France Soir d’ « au moins 60 sièges » , soit 40 % des suffrages. «  Neuf mois après avoir chassé du pouvoir l’ex-président Zine El Abidine Ben Ali au nom de la démocratie, des libertés et de la lutte contre la corruption (…), ces élections pourraient marquer la fin de la Tunisie laïque, telle que l’avait bâtie son fondateur, Habib Bourguiba, au lendemain de l’indépendance. »

 «  Bien qu’il ait maintenu le statut de religion d’Etat à l’islam est-il justement rappelé, il avait limité le pouvoir des chefs religieux, notamment dans le domaine de la justice et avait incité ses concitoyens à ne pas observer les jeunes du ramadan afin de mieux lutter contre le sous-développement (sic). Il n’hésitait pas à montrer lui-même l’exemple en buvant en pleine journée à la télévision un verre de jus d’orange. Quant aux femmes, elles bénéficiaient de droits inexistants dans le monde arabo-musulman : polygamie interdite, divorce autorisé, avortement légalisé… Des lois qu’avait maintenues (…) le président Ben Ali. »

 Hier, dans le quotidien La Croix, le Père Pascal Gollnisch,  directeur de l’Œuvre d’Orient,  a été interrogé sur les craintes légitimes des chrétiens  au lendemain de  la chute des dictatures laïques. « Les chrétiens note-t-il,   risquent d’être considérés comme des minorités tolérées, ce qui est inacceptable. L’Empire ottoman les considérait déjà comme les protégés des musulmans. Ce terme est extrêmement méprisant ; les chrétiens doivent être reconnus comme des citoyens de plein droit. De plus, l’accès à un certain nombre de fonctions risque de leur être barré (…). »

 « Vouloir faire de la charia la source principale du droit remarque encore le Père Gollnisch  est quelque chose d’assez nouveau dans le monde arabe, y compris en Égypte. Et cette volonté d’islamiser le droit n’est pas acceptable. En ce qui concerne le droit de la famille, le droit civil, il n’y a aucune raison d’appliquer un droit d’origine islamique à des chrétiens. Dans ces pays, la tradition a longtemps été la coexistence d’un droit d’inspiration musulmane pour les musulmans et d’un droit d’inspiration chrétienne pour les chrétiens. Quant à l’influence de la charia en matière pénale, elle pose un grave problème. En Égypte, un homme chrétien vient d’être condamné à la prison pour blasphème. C’est proprement insupportable. »

 Questionné enfin sur le sentiment des chrétiens d’orient vis-à-vis  des  dictatures laïques qui les protégeaient, le Père Gollnisch souligne que « tous les chrétiens ont en mémoire le traumatisme irakien. On a renversé un dictateur, certes. Mais les chrétiens ont été massacrés. On peut comprendre que la perte de la dictature soit vécue comme une situation menaçante. Non seulement les chrétiens sont victimes quand les islamistes prennent le pouvoir, mais aussi quand les musulmans se déchirent entre eux. Dans le conflit qui oppose les sunnites et les alaouites en Syrie, l’inquiétude est très forte pour la population chrétienne. Si la situation dégénère, ce n’est pas 3 000 morts qu’il faudra déplorer, mais 300 000… »

 « Dictatures » irakienne,  libyenne, tunisienne, égyptienne (demain syrienne ?) dont la chute ont été accompagnées, voire fomentées militairement par un « Occident » qui, comme le notait Jean-Marie Le Pen est, il est vrai, de moins en moins « chrétien »…

 

 

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