Condamné à la Libération, François Brigneau sort de la prison de Fresnes au bout d’un an et écrira dans de nombreux journaux : L’Auto-Journal, qui servira de « sas de décontamination » à un certain nombre de personnes désignées à la vindicte publique par les communistes et les gaullistes, Paroles françaises, La Dernière lanterne, Indépendance française, France dimanche, Le Rouge et le noir, Constellation, La Fronde, Ciné monde. Rédacteur en chef à Semaine du Monde, éditorialiste à Télé Magazine, il sera également grand reporter à Paris Presse, L’Intransigeant et à L’Aurore.
Bien sûr, plus près de nous, plusieurs générations de lecteurs nationaux se souviennent avec bonheur de ses articles, de ses éditoriaux –notamment sous les pseudonymes de Mathilde Cruz ou de Caroline Jones– à la fois ciselés et joyeusement féroces qu’il publia dans Minute jusqu’au milieu des années 1980 –dont il fut un temps rédacteur en chef-, mais aussi dans Le Libre Journal de la France Courtoise de Serge de Beketch , Le Choc du Mois, ou encore National Hebdo, hebdomadaire « officieux » du FN pour beaucoup de frontistes. Un métier à risque qui lui valut se subir à plusieurs reprises les foudres très coûteuses de la justice…
Au nombre des fondateurs du quotidien Présent, Brigneau, fut aussi cofondateur du Front National dont il fut brièvement le vice-président de 1972 à 1973 avant d’en claquer la porte puis d’y revenir en 1978 mais sans y occuper de fonction. Lors de la scission mégrétiste de 1998- 1999, refusant de choisir entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret, il quitta National Hebdo et débuta alors une semi-retraite sur le plan purement politique, tout en continuant d’écrire.
Ami des « Hussards » et notamment d’Antoine Blondin, écrivain hors pair de polars savoureux –Grand prix de littérature policière en 1954 pour La Beauté qui meurt-, Brigneau revint indirectement sur le devant de la scène en 2010, lorsque les très à gauche Éditions Baleine ont pris la décision de rééditer un de ses romans policiers, Faut toutes les buter. Ce qui entraîna le départ de cette maison d’édition du fanatique extrémiste de gauche Didier Daeninckx.
Une polémique qui en dit long constate Bruno Gollnisch, sur les réflexes staliniens encore vivaces chez de nombreux intellectuels dit « progressistes ». Mais plus largement encore sur la chape de plomb du politiquement correct qui s’est abattu sur le paysage intellectuel français. Cette interdiction qui est faite de « penser en dehors des clous » est d’ailleurs plus forte que jamais cantonne les « hérétiques » à la confidentialité ou condamne au silence. Il n’en a pas toujours été ainsi : jusqu’au milieu des années soixante-dix, des auteurs sulfureux comme Brigneau, Mabire ou Saint-Loup étaient respectivement édités chez Gallimard, Fayard et Balland, aux Presses de la Cité, et souvent publiés en livre de poche…
D’une résistance l’autre, les opposants au totalitarisme mondialiste et à ses collabos plus moins volontaires, savent que le grand souffle d’air frais qu’apporterait en France une victoire de l’opposition nationale, populaire et sociale, serait aussi salvateur dans le domaine des œuvres de l’esprit. Avec la mort de François Brigneau, c’est un témoin privilégié de l’histoire tumultueuse de la droite nationale depuis 1945 qui nous a quittés. En attendant, gageons qu’à l’heure ou nous écrivons ces lignes, l’ami Brigneau, ce grand amoureux de « la France du sang, du sol et du ciel », a retrouvé l’ami Blondin son grand copain, le long cortège de nos chers disparus, et qu’ils ont certainement beaucoup de choses à se dire !