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Gollnisch et le « choix du moins pire »

48 heures avant le défilé du FN du 1er mai et l’allocution de Marine Le Pen place de l’Opéra, Nicolas Sarkozy s’est livré hier en meeting à un vibrant panégyrique de la « Nation » et des « Frontières ». Le président-candidat poursuit son entreprise de séduction du pourcentage d’électeurs frontistes nécessaire pour espérer triompher de François Hollande le 6 mai. Mais il s’agit aussi de donner des gages aux centristes, aux groupes de pression divers et variés, à l’aile « humaniste » de l’UMP… Aussi a-t-il précisé sur Canal+ que « la famille Le Pen » ne fait pas partie « de la famille de la droite républicaine et du centre ». Il s’est aussi refusé à la moindre «concession» envers le Mouvement national, à tout accord en vue des élections législatives, de nommer des ministres FN s’il était réélu. Il s’est aussi prononcé en faveur du maintien du droit du sol qui, a-t-il faussement indiqué, « fait partie de la tradition française. »

Cette schizophrénie sarkozyste en déroute plus d’un dans son propre camp, à l’heure ou l’écrivain corrézien, « électeur de Nicolas Sarkozy » et ami de Chirac, Denis Tillinac,  a publié une tribune dans Le Figaro le 25 avril qui « en appelle à la présidente du Front National en faisant valoir qu’elle aurait plus intérêt à rejoindre Nicolas Sarkozy qu’à faire élire François Hollande. »

« Quoi que vous pensiez de Sarkozy, écrit-il, il a ouvert des yeux, aéré des neurones et libéré des mots. Comme vous, il a été harcelé et méprisé par le système médiatico-mondain que vous dénoncez à juste titre. Il vous a combattue dans l’arène politique, il n’a jamais insulté les vôtres. »

Or, « l’alliance d’Aubry, de Mélenchon et de Joly nous promet une véritable mutation anthropologique: une récusation de notre héritage, une mise au rebut de la filiation, de l’altérité et de l’enracinement, une prime à la police du langage. Ce n’est pas anodin. La vision du monde qui sous-tend le programme de la gauche, c’est Le Meilleur des mondes de Huxley dans une version cosmopolite et androgyne, une dictature soft de l’indifférencié. »

« En favorisant l’élection d’Hollande, vous vous exposeriez au jugement sévère de l’Histoire: elle ne retiendrait que votre complicité dans l’avènement d’un puritanisme triste et peu respirable, fomenté par une gauche qui vous accable de son mépris. Ce serait du pur masochisme. »

« Certes, convient Denis Tillinac, la droite a souvent relayé la diabolisation du FN, et je conçois votre ressentiment. Sachez que nous sommes nombreux à dénoncer la bienséance pharisienne, cynique et fielleuse qui depuis trente années traite vos amis comme des parias (…) . Je n’ai jamais voté pour le FN et j’ai réprouvé le principe d’une alliance tant qu’il drainait les restes épars du pétainisme, de l’intégrisme, de l’OAS et autres avatars des dictatures européennes d’antan » (sic).

« Pour autant, je n’ai jamais avalisé les amalgames et les bassesses qui ont grimé Jean-Marie Le Pen en émule de Mussolini, voire de Hitler. Je n’ai jamais hurlé avec la meute des bobos qui soldent leurs reniements et leur nihilisme dans la traque inquisitoriale du gibier lepéniste. »

« En France, depuis la Libération, Torquemada sévit à gauche, pas ailleurs. La gauche française vous hait sans merci. Elle vous utilise si ça l’arrange, elle ne vous respectera jamais» affirme encore M. Tillinac.

Cette tribune n’a pas fait que des heureux. «On préfère penser à l’euphorie vivifiante qui saisirait la société française si Claude Guéant et Bruno Gollnisch, ces deux anars rigolos, régnaient main dans la main » (sic) a commenté un brin catastrophé sur le site du Nouvel obs David Caviglioli, employé de Jean Daniel et  fan ( ?) des anars rigolos que sont entre autres Pierre Joxe, Jean-Pierre Chevènement ou Manuel Valls

 Sur le site Polemia, Jean-Yves Le Gallou  juge que le 6 mai, « l’électeur n’est pas là pour choisir le président de la République. Il a simplement pour rôle d’apporter une légitimité démocratique à un candidat jugé acceptable par la superclasse mondiale pour représenter ses intérêts en France. Il y avait de vrais choix au premier tour. Il n’y en a plus au second tour. »

« Nicolas Sarkozy et François Hollande sont d’accord sur l’essentiel : sur les règles bureaucratiques de l’Europe de Bruxelles, sur la soumission des lois françaises aux juges des Cours européennes de Strasbourg et de Luxembourg, sur l’intégration militaire à l’OTAN, sur l’acceptation des règles du libre-échangisme mondial voulu par l’OMC, sur l’abandon de la souveraineté monétaire à la Banque centrale européenne. Sur tout cela, Hollande ou Sarkozy, quelle marge de manœuvre ? A part les coups de gueule de l’un et les postures de l’autre, quelle différence ? »

En l’état actuel bien évidemment aucune. Bruno Gollnisch a expliqué ces derniers mois qu’entre MM. Hollande et Sarkozy n’existait qu’une différence de degré mais non de nature. Pour autant, ce second tour peut être aussi un moyen de mettre l’aile droite du Système devant ses contradictions…et de les rendre palpables pour l’électeur.

C’est pourquoi le député frontiste a expliqué dans un entretien accordé au quotidien Le Progrès et publié aujourd’hui qu’ « à titre personnel, (il) penche plutôt pour un vote Sarkozy que pour un vote Hollande » le 6 mai.

 « A une seule condition a-t-il précisé : qu’il désavoue ses lieutenants qui ont répondu qu’en cas de duel FN-PS aux législatives, ils choisiraient le candidat socialo-communiste. A ce jour, Nicolas Sarkozy s’est contenté de répondre que ce cas de figure ne se présenterait pas. C’est faux. On l’a connu précédemment et évidemment, on le connaîtra en juin dans un certain nombre de circonscriptions.S’il laisse entendre qu’il préférerait voter FN que PS, alors je voterai pour lui. L’intérêt partisan du FN est que Sarkozy soit battu mais l’intérêt du pays passe au dessus. Ce serait le choix du moins pire. »

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