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Le Front National, troisième force politique

En  mars 1986,   les Français avaient été séduits par la mise en place, pour la première fois  sous la   Ve République,  d’une dose  de proportionnelle aux élections législatives.  Nos compatriotes avaient été nombreux à se rendre aux urnes et le taux d’abstention n’avait pas dépassé  21,50%. Ce mode de scrutin (majoritaire  chez nos voisins européens)  avait  permis l’entrée à l’Assemblée de  35 députés du Rassemblement national  avec 2 703 000 voix et 9, 65% des suffrages.    Une  fenêtre permettant une respiration démocratique du pays, qui fut très vite refermée…Hier,  les abstentionnistes ont formé le premier parti de France, soit   42, 78% des électeurs inscrits …ce qui n’est pas pour déplaire à l’UMPS qui sait que l’abstention est un handicap pour le FN. La gauche (PS, EELV et Front de gauche) totalise 46,77% des voix, contre 34,07% des voix pour la droite (UMP et alliés) et les projections des   instituts de sondages donnent  au parti de François Hollande et à  ses satellites (PRG, MRC et divers gauche) de 283 à 329 sièges, entre 210 et 263 sièges pour la « droite ». Le PS  pourrait ainsi ne pas dépendre d’EELV et du FG pour obtenir les 289 sièges l’assurant de la majorité absolue…

 Troisième force politique du pays, loin devant la nébuleuse communiste rassemblée au sein  du  Front rouge de Mélenchon (6,91% au niveau national, le FG n’est pas assuré d’avoir les 15 élus nécessaires pour  constituer un groupe à l’Assemblée), le FN obtient 13,6%, multipliant par plus de trois son résultat des précédentes législatives.  Selon les résultats définitifs diffusés par le ministère de l’Intérieur, les candidats du Rassemblement Bleu Marine seront présents dans 61 circonscriptions, dont 32 triangulaires. Dans  un département comme celui des Bouches-du-Rhône, c’est un record,  onze candidats frontistes sur seize seront présents au second tour des législatives

 Dans la troisième circonscription du Var, Bruno Gollnisch a contraint  le  notable et député sortant UMP  Jean-Pierre Giran (37,88%)  à un  second tour. M Giran, élu dès le premier tour en 2007,  n’a guère brillé et travaillé  depuis qu’il siège  à l’Assemblée,  il  brigue pourtant  un quatrième mandat . Bruno a  obtenu deux points  de plus que ce que lui promettait les sondages  (24,12%) et retrouvera également   le candidat radical de gauche Joël Canapa (28,76%) au second tour.

 Dans cinq circonscriptions, les candidats FN sont en tête :  Gilbert Collard dans le Gard, Marion MaréchalLe Pen dans la troisième circonscription du Vaucluse ,   Stéphane Ravier dans la deuxième circonscription des Bouches-du-Rhône, Charlotte Soula  dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais et  bien évidemment  Marine Le Pen,   largement en tête dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais  avec 42,36 % (48% à Hénin-Beaumont), soit de « 5 à 10 points » de plus que ce qui était prévu par les sondages!

Grand sujet de satisfaction bien sûr, l’électorat populaire a infligé une nouvelle humiliation électorale à Jean-Luc Mélenchon et à ses nervis communistes -la co-présidente du Parti de gauche, Martine Billard à Paris et le député communiste  sortant  Jean-Paul Lecoq au Havre, ont été aussi éliminés dès le premier tour. Avec 21,48%, le lider maximo  du FG  a décidé  de jeter l’éponge, écrasé par le vote  national. Une défaite lourde de sens qui a démoralisé aussi  les commissaires politiques du Front de gauche. Nous n’osons imaginer notamment  le désespoir de  l’inénarrable Alexis Corbière ( éliminé sans ménagement avec 7,79% des voix  au premier tour dans la 8è circonscription de Paris)  qui,  perdant visiblement son sang froid,  attaquait violemment  vendredi  sur son blog  Marine et Bruno Gollnisch,  promettant une lourde défaite  au FN!

Visiblement abattu, M. Mélechon  a appelé  à voter pour le  candidat socialiste dimanche prochain,  Philippe Kemel (23,50% des votes), PS local  dont il a dit et répété pourtant  tout le mal qu’il fallait en penser ces dernières semaines…Cette élimination de M. Mélenchon  ne facilite pas pour autant la tâche de Marine au second tour, eu égard à  la personnalité plus clivante du patron du Front de gauche, moins « lisse » que celle de son concurrent de la rue de Solferino.

 « Nous sommes en position gagnante, nous avons la capacité de gagner » a déclaré la présidente du Front National qui plus largement a relevé que  « le Rassemblement Bleu Marine résiste remarquablement bien compte tenu de l’abstention et d’un mode de scrutin profondément antidémocratique (…) Nous confirmons ce soir notre position de troisième force politique de France.  » Marine note en effet avec raison, nous l’évoquions plus haut,  que cette grève du vote, particulièrement forte au sein de l’électorat populaire,  est évidemment un facteur qui tire le vote FN vers le bas.

 Le score réalisé ce dimanche est d’autant plus remarquable si on le compare avec les trois derniers scrutins législatifs. En 1997,  le FN avait obtenu  3 785 323 voix au premier tour  (14, 94 % ) mais avec une abstention de dix points moins importante ( 32, 08%). En 2002,  2 862 960  électeurs avaient voté FN soit  11,34 % des suffrages (MNR 276 000  voix, 1, 09%)  avec une  abstention en hausse à  35,58%. En 2007, toujours avec une abstention qui a continué à croître (39,52%),  le vote frontiste avait fortement  chuté avec 1 116 005 électeurs, soit  4, 29% des suffrages  (MNR, environ 100 000 voix, 0, 38%).

 Dans cette configuration électorale là,  Jean-François Copé a affirmé ce matin que l’UMP  «(s’adressait)  aux électeurs du FN, sans passer d’accord avec leurs dirigeants». Dans la soirée,  la sénatrice UMP Chantal Jouanno  avait déclaré   sur iTélé son souhait d’un  « barrage absolu (face au) FN » avec lequel elle  ne voulait « pas d’alliance en aucune circonstance, ni locale, ni nationale. »

 A l’opposé,  l’ex-secrétaire d’Etat à la Famille,  Nadine Morano, en difficulté dans sa circonscription de Meurthe-et-Moselle,  fait la danse du ventre devant l’électeur frontiste. «Je partage les mêmes valeurs que les électeurs du Front national (maîtrise de l’immigration, contre le droit de vote des étrangers), j’en appelle directement à eux», a-t-elle précisé dimanche soir.

Pareillement l’UMP Etienne Mourrut  face à Gilbert  Collard a déclaré de son côté à l’AFP qu’il hésitait à maintenir sa candidature puisqu’il a obtenu 23,89% des voix derrière le candidat du RBM (34,57%)  et la socialiste  Katy Guyot (32,87%). Dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône, l’UMP Roland Chassain envisageait cette semaine  de soutenir la candidate  FN Valérie Laupies qui  s’est classée deuxième avec 28,98% face  au  président PS de la région Paca,  Michel Vauzelle (38,40%).  Ce dernier, effrayé par la perspective de ne pas cumuler son poste de président de région avec celui de député,   a déclaré  à l’AFP qu‘un désistement de son adversaire UMP  «serait un signe terrifiant pour l’avenir dela République» (sic).

 Autant dire que certains à l’UMP n’ont pas oublié ce sondage publié au lendemain  de la présidentielle indiquant que 64% des électeurs sarkozystes souhaitaient des accords électoraux avec le FN. Electeurs de droite  qui  ne comprennent  pas les fatwas des Fillon, Copé, Juppé, NKM, Jouanno, Bertand, Jégo,  Pécresse etc.  qui refusent toute discussion avec le Front National.

 

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