Troisième force politique du pays, loin devant la nébuleuse communiste rassemblée au sein du Front rouge de Mélenchon (6,91% au niveau national, le FG n’est pas assuré d’avoir les 15 élus nécessaires pour constituer un groupe à l’Assemblée), le FN obtient 13,6%, multipliant par plus de trois son résultat des précédentes législatives. Selon les résultats définitifs diffusés par le ministère de l’Intérieur, les candidats du Rassemblement Bleu Marine seront présents dans 61 circonscriptions, dont 32 triangulaires. Dans un département comme celui des Bouches-du-Rhône, c’est un record, onze candidats frontistes sur seize seront présents au second tour des législatives
Dans la troisième circonscription du Var, Bruno Gollnisch a contraint le notable et député sortant UMP Jean-Pierre Giran (37,88%) à un second tour. M Giran, élu dès le premier tour en 2007, n’a guère brillé et travaillé depuis qu’il siège à l’Assemblée, il brigue pourtant un quatrième mandat . Bruno a obtenu deux points de plus que ce que lui promettait les sondages (24,12%) et retrouvera également le candidat radical de gauche Joël Canapa (28,76%) au second tour.
Dans cinq circonscriptions, les candidats FN sont en tête : Gilbert Collard dans le Gard, Marion Maréchal–Le Pen dans la troisième circonscription du Vaucluse , Stéphane Ravier dans la deuxième circonscription des Bouches-du-Rhône, Charlotte Soula dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais et bien évidemment Marine Le Pen, largement en tête dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais avec 42,36 % (48% à Hénin-Beaumont), soit de « 5 à 10 points » de plus que ce qui était prévu par les sondages!
Grand sujet de satisfaction bien sûr, l’électorat populaire a infligé une nouvelle humiliation électorale à Jean-Luc Mélenchon et à ses nervis communistes -la co-présidente du Parti de gauche, Martine Billard à Paris et le député communiste sortant Jean-Paul Lecoq au Havre, ont été aussi éliminés dès le premier tour. Avec 21,48%, le lider maximo du FG a décidé de jeter l’éponge, écrasé par le vote national. Une défaite lourde de sens qui a démoralisé aussi les commissaires politiques du Front de gauche. Nous n’osons imaginer notamment le désespoir de l’inénarrable Alexis Corbière ( éliminé sans ménagement avec 7,79% des voix au premier tour dans la 8è circonscription de Paris) qui, perdant visiblement son sang froid, attaquait violemment vendredi sur son blog Marine et Bruno Gollnisch, promettant une lourde défaite au FN!
Visiblement abattu, M. Mélechon a appelé à voter pour le candidat socialiste dimanche prochain, Philippe Kemel (23,50% des votes), PS local dont il a dit et répété pourtant tout le mal qu’il fallait en penser ces dernières semaines…Cette élimination de M. Mélenchon ne facilite pas pour autant la tâche de Marine au second tour, eu égard à la personnalité plus clivante du patron du Front de gauche, moins « lisse » que celle de son concurrent de la rue de Solferino.
« Nous sommes en position gagnante, nous avons la capacité de gagner » a déclaré la présidente du Front National qui plus largement a relevé que « le Rassemblement Bleu Marine résiste remarquablement bien compte tenu de l’abstention et d’un mode de scrutin profondément antidémocratique (…) Nous confirmons ce soir notre position de troisième force politique de France. » Marine note en effet avec raison, nous l’évoquions plus haut, que cette grève du vote, particulièrement forte au sein de l’électorat populaire, est évidemment un facteur qui tire le vote FN vers le bas.
Le score réalisé ce dimanche est d’autant plus remarquable si on le compare avec les trois derniers scrutins législatifs. En 1997, le FN avait obtenu 3 785 323 voix au premier tour (14, 94 % ) mais avec une abstention de dix points moins importante ( 32, 08%). En 2002, 2 862 960 électeurs avaient voté FN soit 11,34 % des suffrages (MNR 276 000 voix, 1, 09%) avec une abstention en hausse à 35,58%. En 2007, toujours avec une abstention qui a continué à croître (39,52%), le vote frontiste avait fortement chuté avec 1 116 005 électeurs, soit 4, 29% des suffrages (MNR, environ 100 000 voix, 0, 38%).
Dans cette configuration électorale là, Jean-François Copé a affirmé ce matin que l’UMP «(s’adressait) aux électeurs du FN, sans passer d’accord avec leurs dirigeants». Dans la soirée, la sénatrice UMP Chantal Jouanno avait déclaré sur iTélé son souhait d’un « barrage absolu (face au) FN » avec lequel elle ne voulait « pas d’alliance en aucune circonstance, ni locale, ni nationale. »
A l’opposé, l’ex-secrétaire d’Etat à la Famille, Nadine Morano, en difficulté dans sa circonscription de Meurthe-et-Moselle, fait la danse du ventre devant l’électeur frontiste. «Je partage les mêmes valeurs que les électeurs du Front national (maîtrise de l’immigration, contre le droit de vote des étrangers), j’en appelle directement à eux», a-t-elle précisé dimanche soir.
Pareillement l’UMP Etienne Mourrut face à Gilbert Collard a déclaré de son côté à l’AFP qu’il hésitait à maintenir sa candidature puisqu’il a obtenu 23,89% des voix derrière le candidat du RBM (34,57%) et la socialiste Katy Guyot (32,87%). Dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône, l’UMP Roland Chassain envisageait cette semaine de soutenir la candidate FN Valérie Laupies qui s’est classée deuxième avec 28,98% face au président PS de la région Paca, Michel Vauzelle (38,40%). Ce dernier, effrayé par la perspective de ne pas cumuler son poste de président de région avec celui de député, a déclaré à l’AFP qu‘un désistement de son adversaire UMP «serait un signe terrifiant pour l’avenir dela République» (sic).
Autant dire que certains à l’UMP n’ont pas oublié ce sondage publié au lendemain de la présidentielle indiquant que 64% des électeurs sarkozystes souhaitaient des accords électoraux avec le FN. Electeurs de droite qui ne comprennent pas les fatwas des Fillon, Copé, Juppé, NKM, Jouanno, Bertand, Jégo, Pécresse etc. qui refusent toute discussion avec le Front National.