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Sweet Home Alabama…

Demain la CGT annoncera que selon ses calculs 75 000 emplois sont menacées  dans les prochains mois et présentera  une  liste des plans sociaux en gestation, à la veille de la « Conférence sociale » des 9 et 10 juillet. Lundi,   le groupe Airbus-EADS a confirmé  avoir investi 500 millions d’euros dans une usine installée aux Etats-Unis, à  Mobile dans l’État de l’Alabama, nouveau   site d’assemblage de l’A 320 après Toulouse, Hambourg et Tianjin en Chine. « Elle emploiera 1000 salariés et donnera du travail à 4000 employés dans des sociétés travaillant pour elle » indique  Le Figaro qui précise que «  l’avionneur européen bénéficie du soutien de l’Alabama qui s’élève à environ 100 millions de dollars». «Il ne s’agit pas d’une délocalisation, mais d’un investissement industriel sur le premier marché mondial devant la Chine. Nous avons besoin d’un important investissement industriel aux États-Unis. Cela aura un effet positif sur les emplois en Europe», explique Fabrice Brégier, PDG d’Airbus.

Une précision qui est faite pour rassurer les salariés français et européens du groupe  qui gardent en mémoire  le  plan  baptisé  Power8   annoncé début 2007…au nom lui  aussi de la compétitivité. Avec comme objectif   la réduction des  coûts structurels, le  renforcement de la trésorerie et l’accélération des programmes de développement des avions,  Power 8 avait certes permis d’économiser 2,5 milliards d’euros et de générer 10 milliards d’euros de cash  mais avait entraîné  la suppression directe de 7900 postes. Nous notions encore en octobre dernier que ce   plan de restructuration drastique d’Airbus, prévoit toujours  4 300 suppressions d’emplois en France et la cession du site Airbus de Méaulte (Somme).

Dans cette même optique d’économie et de rentabilité,  a été mis en place une nouveau plan en 2008, Power 8 plus,  afin d’étendre les restructurations aux autres divisions d’EADS qui prévoyait  de délocaliser  une partie de la production vers des pays situés en zone dollar ou à faible coût de main d’œuvre, d’où la construction  d’une chaîne de production de l’A320 en Chine que nous évoquions plus haut.  Et d’une usine de composant en Tunisie   qui bénéficie elle aussi d’une main d’œuvre bien meilleur marché que la nôtre, de charges patronales beaucoup moins élevées et qui n’est pas tributaire de l’euro fort …

Le Monde  prend acte du handicap de la monnaie unique  en  soulignant  que cette implantation en Alabama  répond aussi  à la volonté d’Airbus de « réduire ses coûts en assemblant des appareils aux Etats-Unis ». « Il évitera ainsi le risque de change : les avions se vendent sur le marché mondial en dollars, alors qu’il produit essentiellement en Europe. »

Comme l’a indiqué très  justement un député UMP qui campe sur des positions souverainistes,   Jacques Myard,  réagissant à cette installation d’un site d’assemblage Airbus  aux Etats-Unis, « cette décision est le résultat direct de la cherté de l’euro, dont la surévaluation permanente par rapport au dollar met Airbus et l’industrie française notamment dans une situation d’infériorité structurelle ! Louis Gallois (énarque, ex militant socialiste proche du CERES de  Jean-Pierre Chevènement, membre du Siècle, co-président d’EADS, NDLR), n’a cessé de dénoncer cette aberration de la monnaie unique. »

Le Figaro a préféré quant à lui se féliciter de ce qu’ « Airbus passe à l’offensive sur le marché américain » et  rappelle qu’ « EADS avait pris l’engagement d’investir à Mobile dans une usine d’assemblage d’avions ravitailleurs s’il remportait le contrat pour l’armée américaine. Mais après des années de rebondissement, le Pentagone lui a préféré en 2011 l’américain Boeing. Mais le formidable lobbying de Boeing, qui surfe sur la montée du protectionnisme, lui ferme encore des portes. »

En effet nous l’évoquions en février 2011,  le groupe américain avait finalement remporté, aux dépends d’EADS, le contrat des avions ravitailleurs de l’U.S. Air Force, baptisé dans les médias le « contrat du siècle », un  appel d’offre de  35 milliards de dollars, portant sur la production de 179 tankers destinés à remplacer une partie de la flotte vieillissante de 400 appareils KC-135. . En 2008, EADS (et Northrop Grumman)  avaient emporté ce marché, mais les pressions, entraves et autres chausse-trappes s’étaient alors multipliés et après contestation de Boeing, le contrat avait été cassé et l’appel d’offres relancé…

L’administration américaine et Boeing avaient même  obtenu -aboutissement d’une plainte américaine déposée en 2004- de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) présidée par le socialiste français Pascal Lamy, qu’elle juge illégales certaines aides de Bruxelles accordées pendant 20 ans à Airbus. Et ce, alors qu’ il est  de notoriété publique que Boeing, via notamment sa branche militaire, est fortement subventionné par le gouvernement américain… qui manie sans complexe, en fonction des circonstances et quand cela l’arrange, c’est de « bonne guerre », la carte du protectionnisme ou de l’ultra libre-échangisme.

Evoquant les aides consenties par l’Etat de l’Alabama pour accueillir Airbus – gratuité du terrain,  défiscalisation totale  pendant plusieurs années,  aide directe de 100 000 dollars par emploi créé…- M. Myard note comme Bruno Gollnisch avant lui qu’il s’agit là d’ « Autant de mesures que les oligarques du tout concurrence de Bruxelles condamnent sans appel. L’installation d’Airbus en Alabama est bien le résultat direct de l’autisme de la Commission de Bruxelles et de la BCE, avec un euro surévalué et une absence totale de politique industrielle face à des concurrents qui manipulent leur monnaie et ont une politique industrielle. Voilà pourquoi l’Europe va dans le mur ! »

Voilà pourquoi également il est urgent que tous  les résistants à l’Europe folle   se regroupent  autour ou au sein du Front National. Le seul Mouvement  qui est   en mesure de « peser », de  fédérer et de faire entendre la voix des patriotes les plus lucides qui, isolés ou affiliés à des formations européistes,  sont condamnés à l’impuissance ou à la schizophrénie.

 

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