Si la transmission à la jeunesse de notre histoire commune participe pleinement de l’affirmation de notre identité, le fait identitaire est aussi évoqué en filigrane par le coordinateur national du parti islamiste Ennahdha en Tunisie, Abdelhamid Jelassi, pour expliquer (?) l’agression dont a été victime le 16 août à Bizerte, Jamel Gharbi. Cet élu régional du Parti socialiste dans la Sarthe, chargé de mission à la ville du Mans, âgé de 62 ans, a été violemment frappé par des militants islamistes en marge de la soirée du festival « El Aqsa », mal vu par Ennahdha. M. Gharbi aurait déclenché le courroux de ses agresseurs en raison des tenues d’été de sa femme et de sa fille jugées islamiquement non correcte, facteur aggravant en pleine période de ramadan… Plus récemment, des salafistes ont également agressé le poète tunisien Mohamed Sghaïer Ouled. Une attaque condamnée par le ministère de la Culture tunisien qui a souligné lundi que «la liberté d’opinion et de création constitue un acquis inaliénable de la révolution» soulignant qu’«il sera toujours aux côtés des créateurs pour défendre leur droit d’exprimer leurs opinions en toute liberté».
Soucieux de ne pas dégrader l’image d’un pays qui vit largement de la manne touristique, et beaucoup du tourisme des Français, la présidence tunisienne a dénoncé « avec fermeté l’agression de Jamel Gharbi (…) et de sa famille par quelques extrémistes » et le ministère tunisien des Affaires étrangères a présenté ses excuses à ce dernier, promettant que la Tunisie était déterminée « à éradiquer ce fléau ». Touhami Abdouli, secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, a réitéré « la détermination du gouvernement à traiter ce fléau à travers les voies juridiques et à l’éradiquer de la société tunisienne connue pour son attachement à la tolérance ».
Mais Abdelhamid Jelassi a estimé de son côté, propos rapportés par Tourismag, que « les touristes que nous accueillons doivent comprendre qu’il faut respecter un certain nombre de choses. Le Ramadan, par exemple (…). Fumer devant des Tunisiens qui jeûnent, ce n’est pas bien. Le touriste qui aime la Tunisie finira par devenir comme un Tunisien, il s’habituera à nos coutumes. En attendant, allez voir les plages et les boîtes de nuit, rien n’a changé ». Un sentiment partagé par une grande partie de la population tunisienne qui a voté massivement pour Ennahdha en octobre dernier lors des « premières élections libres ».
Nous le notions alors, il était prévisible qu’une large fraction du peuple tunisien –y compris d’ailleurs des étudiants, des membres de « l’élite intellectuelle »… – se tourne vers un parti politique incarnant, qu’on le veuille ou non, la défense des valeurs de l’islam en opposition avec celles d’un occident considéré, non sans raison souvent, comme « décadent ». Pierre Vermeren spécialiste du Maghreb et historien à l’université de Paris 1, le soulignait : « pour les Tunisiens il n’y a pas d’incompatibilité entre islam et liberté. Le régime de Ben Ali se disait démocratique et moderne. Les Tunisiens veulent tourner la page de ce régime corrompu et ils estiment que les religieux respecteront davantage le contrat moral (…). Les Tunisiens veulent assumer leur identité et ne souhaitent pas que leur révolution soit récupérée par des diplômés francophones qui ont fait leur vie en Occident. Il s’agit d’un vote nationaliste et Ennahdha draine un héritage idéologique, entretenu par l’éducation et les chaînes arabes que les Tunisiens regardent.»
Bruno Gollnisch relève pour sa part que nous sommes en droit d’attendre, chez nous, une réciprocité dans le respect de notre identité, de nos coutumes et valeurs qui sont inscrites dans le patrimoine génétique de notre nation et de notre civilisation. Fiers de ce que nous sommes, soucieux de transmettre notre héritage, le FN, faut-il le rappeler, n’est pas pour autant l’ennemi du monde musulman. Il ne confond pas la cause du problème (l’immigration de peuplement qui sape les fondements de notre pays, le tiers-mondise) avec les conséquences de celui-ci (la montée en puissance, mécanique, du seul fait de la loi du nombre, des revendications ethnico-religieuses sur un mode agressif).
En ce sens, les propos tenus par Alain Juppé mardi au micro de France Inter –rapportés notamment par le site Infos Bordeaux– sont révélateurs, au mieux, de la confusion intellectuelle, de l’aveuglement criminel qui sévit chez une large partie des dirigeants de l’UMP, pour ne rien dire de ceux des autres partis du Système. Le 16 avril 2011, l’ex Premier ministre de Jacques Chirac expliquait doctement que « le printemps arabe ne doit pas nous faire peur. Ce sont les citoyens qui revendiquent leur dignité et crient leur aspiration à la liberté individuelle. Le monde arabe renoue avec la tradition d’ouverture, de changement et de modernité qui fut la sienne pendant des siècles » Chacun a pu en juger…Cette fois, le maire de Bordeaux, interrogé sur son choix pour la présidence de l’UMP, a mis en avant des « fondamentaux » non négociables selon lui. Il a ainsi affirmé qu’ « un des points de clivages fondamentaux, c’est l’attitude vis-à-vis de l’islam. L’islamophobie qui globalise le problème de cette religion est contraire au principe de laïcité et contraire aux principes républicains ».
Une lutte contre l’«islamophobie » qui dans la bouche de M. Juppé, comme dans celle d’ autres acteurs du lobby antinational, interdit de remettre en cause la poursuite de l’immigration. Et ce, sous peine d’être accusé de porter atteinte « aux principes républicains »… Mauvais procès fait de longue date au Front National, au nom d’un révisionnisme historique qui faisait déjà dire à Jacques Chirac que « les racines de l’Europe (donc de la France) sont aussi musulmanes que chrétiennes ».