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Au Crif, le changement c’est maintenant?

crifAncien cadre du Groupe Edmond de Rothschild, chevalier de la Légion d’Honneur, vice-président du Congrès Juif Mondial, trésorier de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Roger Cukierman, 76 ans, a été élu le 26 mai à la tête du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Il a été préféré par les 150 « grands électeurs » de ce scrutin à son concurrent principal, Arié Bensemhoun, 50 ans, président de la communauté juive de Toulouse. Il succède à un « proche », le cardiologue Richard Prasquier, nommé immédiatement Président d’Honneur du Crif, qui après deux mandats de trois ans, avait lui-même succédé à M. Cukierman, déjà élu à a la tête du Crif de 2001 à 2007.

Ce lobby communautaire, communautariste et pro-israélien est certainement un des plus influents au sein de la vie politique française. Notamment si on compare ladite influence avec le faible poids démographique et électoral des Français d’origine et/ou de confession juive, lesquels d’ailleurs ne se reconnaissent pas tous, loin s’en faut, dans  les oukases, les réflexes et les obsessions de cette structure partisane.

A l’annonce de son élection, Roger Cukierman n’a pas fait dans l’originalité en promettant « une lutte implacable, constante et déterminée contre l’antisémitisme et pour le respect du devoir de mémoire ».

Le site du Crif met aussi à son crédit lors de ses précédents mandats l’organisation avec d’autres associations des « 12 heures pour l’amitié France Israël », événement qui réuni en 2003  « les responsables des principaux partis politiques, dont François Hollande et Nicolas Sarkozy » ; la « (suppression) de l’autorisation de diffusion accordée par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel à la télévision Al Manar du Hezbollah ».

Est évoqué aussi le militantisme de M. Cukierman « pour l’intégration de l’État d’Israël au sein de l’organisation internationale de la Francophonie et pour la reconnaissance par la France de la ville de Jérusalem comme capitale d’Israël » ; sa dénonciation « des propos révisionnistes du président iranien Ahmadinejad et la nucléarisation de ce pays ».

Autant de thèmes qui trouveront des interlocuteurs attentifs si l‘on en juge par la récente visite de Nicolas Sarkozy en Israël au cours de laquelle il a rappelé son attachement indéfectible à l’Etat hébreu ; « son amitié profonde avec Israël », sa « fraternité avec le peuple juif (qu’il) revendique) comme un honneur et un devoir » .

François Hollande, pour lequel pourtant, rappelait un sondage OpinionWay et Fiducial le 6 mai dernier, 93% des pratiquants musulmans ont voté, est aussi soucieux de ne pas se faire distancer sur ce terrain là. Il a prononcé  pour sa part depuis le début de l’année , quatre discours officiels axés sur l’antisémitisme, la sécurité d’Israël et la dénonciation de l’Iran. Le message est bien passé…

Relevons aussi que la petite biographie de M. Cukierman mise en ligne sur le site du Crif,  ne rappelle pas les pressions  exercées en 2007 sur un Nicolas Sarkozy fraîchement élu afin qu’il ne nomme pas au poste de ministre des Affaires étrangères le socialiste Hubert Védrine. Sagement, M. Sarkozy optera finalement pour un autre socialiste, l’atlantiste bien sous tout rapport Bernard Kouchner plus en adéquation avec son tempérament.

« Dès que les dirigeants du Crif ont appris que le nom de Védrine circulait pour le quai d’Orsay » affirmait en mai 2007 Le Canard enchaîné, « Roger Cukierman (…) a appelé au téléphone Claude Guéant (…) pour une violente mise en garde. On a eu une réunion au Crif, aujourd’hui, et la rumeur d’une nomination de Védrine aux affaires étrangères a circulé. Cela a provoqué la panique parce que, pour nous, Védrine est pire que les anti-israéliens habituels du Quai d’Orsay. Un peu plus tard, Cukierman a joint directement Sarkozy et lui a dit que la communauté juive prendrait la nomination de Védrine comme un casus belli . Il faut le comprendre : Cukierman et ses amis avaient fait campagne pour Sarko en expliquant que la victoire de Ségolène (Royal) provoquerait le retour de Védrine au Quai ! » affirmait encore l’hebdomadaire.

Le Crif n’évoque pas non plus cet entretien accordé au quotidien israélien Haaretz au lendemain de la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002 dans lequel Roger Cukierman avait affirmé que « Le score de Le Pen sert à réduire l’antisémitisme musulman et le comportement anti-israélien, parce que son score est un message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquilles »

Un moment d’égarement ? Ce qui est certain c’ est qu’en mai 2011 le Crif relayait les inquiétudes de M Cukierman quant aux résultats électoraux d’une « extrême droite (qui) est en train d’étendre son ombre sur toute l’Europe »,  ce qui « est évidemment propice à l’épanouissement de l’antisémitisme ».

« Quand on pense que le national-socialisme de Hitler fut porté au pouvoir démocratiquement par le peuple allemand on a froid dans le dos » affirmait-il encore avec un sens de l’amalgame aussi malhonnête que stupéfiant, pointant des « célébrités antisémites » qui « pullulent » : « de John Galliano, vedette de Dior, de Thilo Sarrazin de la Banque centrale d’Allemagne, à Karel de Gucht commissaire européen au commerce, à Nick Griffin député britannique du parlement européen» !

Avec une certaine forme de schizophrénie ou de double langage, M. Cukierman semblait s’inquiéter de ceux qui « (reprochent) aussi à l’Europe de favoriser une immigration incontrôlée propice à l’islamisation de la société européenne ». Tout en relevant aussi que selon certains « l’Europe judéo-chrétienne deviendrait par la force des choses une zone islamo-chrétienne ». A priori ce n’est pas un objectif du Crif !

« (…) Que 36 % des ouvriers français puissent préférer le Front National à tous les autres partis témoigne de la gravité de l’évolution. Il est vrai que les partis de gouvernement de droite comme de gauche offrent un triste spectacle d’inefficacité et de divisions» écrivait-il encore.

Gravité de la situation, dégradation du vivre ensemble, de la pérennité d’un multiculturalisme paisible et citoyen , qui ne sont  pas démenties par le récent sondage OpinionWay pour l’Agence Publics, qui a été commandé par Arié Bensemhoun, cité plus haut, dans le cadre de sa campagne  à la présidence du Crif.

Selon cette enquête, 30% des 18-24 ans ont un jugement négatif, expriment de l’antipathie vis-à-vis des musulmans, 40 % jugent la religion mahométane sectaire,  4 % seulement croient à la tolérance de l’islam.

De manière symétrique, 20 % estiment que « l’influence (des juifs) sur la société est trop importante », 28% « qu’on en fait trop avec l’antisémitisme » ; 45% des sondés de cette tranche d’âge considèrent aussi que les juifs sont « plus proches d’Israël que de la France »,  43 % qu’il s’agit d‘ un « groupe replié sur lui-même ».

53% des électeurs de Marine  Le Pen du premier tour de la présidentielle partageraient ce dernier jugement, de même que 42% d‘entre eux estimeraient qu’ «on en fait trop avec l’antisémitisme ». Mais est-ce bien étonnant à partir du moment ou de nombreuses figures médiatiques de la communauté se sont rendues célèbres  par leurs  admonestations, leurs fulminations, leurs   accusations et leurs  consignes de cordon sanitaire contre l’opposition nationale ?

Si selon l’adage bien connu toutes les sociétés multiculturelles sont multiconflictuelles,  le FN lui avait vu juste et avait averti des dangers de l’immigration de peuplement, encouragée alors par toutes les autorités morales, toutes les chapelles du Système. C’est cette volonté de défense de l’identité française qui a d’ailleurs valu aux nationaux les attaques les plus dures émanant  aussi  de lobbies communautaires constate Bruno Gollnisch.

Aujourd’hui, se pose plus que jamais également  la question du rôle joué par certaines structures dites antiracistes dans le développement du racisme, comme de celui de certaines officines communautaristes  ayant des allégeances non  françaises,   dans l’exacerbation des tensions ethnico-religieuses et l’importation de conflits étrangers sur notre sol. Un sujet de réflexion, de débat  peut être pour le Crif comme pour d’autres structures de même nature.

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