Meilleur des mondes que les jeunes Français qui viennent de conclure le rite de passage vers le monde adulte qu’est devenu dans l’inconscient collectif le baccalauréat sont-ils en mesure de comprendre et d’appréhender ? En tout cas, à entendre le satisfecit du gouvernement sur les résultats du bac 2013, il est loisible d’en douter.
Selon les derniers résultats publiés par le ministère de l’Education nationale, le taux de réussite est en hausse de 2,4 points par rapport à 2012 pour se hisser à 86,8%. Heureuse époque ou le souhait socialiste formulé il y a près de vingt-cinq ans ans et repris par la droite libérale de porter le nombre des bacheliers à 80% d’une classe d’âge a été pulvérisé. Enfin une promesse tenue ! Mieux encore, toutes sections confondues 50% des nouveaux bacheliers obtiennent la mention « Bien » (il faut au moins 14 de moyenne), tandis que les les mentions « très bien » (plus de 16 de moyenne) progressent aussi de manière très significative.
A bien y regarder et comme le rapporte très justement Le bulletin d’André Noël, « plus le niveau des élèves baisse, plus le nombre des bacheliers augmente. Selon les dernières enquêtes, entre 2000 et 2009, pour la compréhension de l’écrit, la France est passée du 10ème rang sur 27 pays au 17ème sur 33 pays, et la proportion d’élèves qui ne maîtrise pas cette compétence est passée de 15,2% à 19,7%. Après quatre d’années d’école (du CP au CM1) en lecture, la France se place entre le 14e et le 19e rang sur 21 pays européens. Un élève sur trois est faible en orthographe, contre un sur quatre 10 ans plus tôt (…) En dix ans, la France, malgré ses crédits massifs dans l’éducation, ses effectifs de professeurs pléthoriques, n’a cessé de perdre du terrain (…).»
« La vérité que chacun connaît est celle-ci : les élèves ne se hissent pas au niveau du bac, c’est celui-là qui, chaque année descend un peu plus à leur étiage ; nous avons ainsi fabriqué des ignorants – si ce n’est des analphabètes – diplômés de l’enseignement supérieur (le bac étant – faut-il le rappeler – le premier grade universitaire.) Les professeurs reçoivent des consignes pour noter, non pas avec indulgence, mais avec laxisme. Ils ne doivent pas tenir compte des fautes d’orthographe ou de grammaire (…). »
Et de poser la vraie question, tout en formulant un constat que le professeur Bruno Gollnisch fit en son temps : «Mais à quoi sert de donner à tout le monde un parchemin qui ne sert plus à rien, sauf à entrer à l’Université où, dès la première année, 50% des étudiants échouent ? Car la sélection qui ne se fait pas dans l’enseignement secondaire s’opère à l’université et surtout, quand il faut chercher du travail. Les employeurs jugent un candidat à son CV et à son… orthographe, c’est ainsi. Nous ne serions pas étonnés si les socialistes déclaraient un jour discriminatoire de faire du français et de l’orthographe un critère de recrutement. »
« Le diplôme permet à ceux qui sont de condition modeste de trouver un emploi. Ceux qui, par leur famille, ont des relations leur mettant le pied à l’étrier ont moins besoin d’un diplôme. En dévalorisant le bac, on porte un mauvais coup aux jeunes issus de milieux défavorisés que l’on prétendait pourtant vouloir favoriser. »
Cette illustration de la duplicité socialiste à laquelle comme d’habitude la droite chiraco-sarkozyste une fois au pouvoir a emboîté le pas, n’empêche pas (bien au contraire) la gauche, forcément intelligente, de se vautrer dans le mépris de caste.
Sur le site Atlantico, le blogueur et porte-parole de Debout la République, Laurent Pinsolle, l’a fort bien analysé en commentant la déclaration du ministre de la culture, Aurélie Filipetti, qui affirmait le 7 juillet que « la lutte contre le Front National passe beaucoup par le terrain culturel ».
Il relève que les propos de Mme Filipetti « sous-entendent qu’en améliorant le niveau culturel de la population, alors, le vote FN reculerait », sachant qu’ « une grande partie de la gauche juge que le fait de voter Front National serait uniquement un vote de révolte non éclairé contre la crise et le système », que le vote national « est inversement proportionnel au niveau d’éducation. »
« En creux, on retrouve le raisonnement répété par une partie de la gauche (et parfois de la droite), à savoir que c’est un manque d’intelligence qui expliquerait le vote pour l’extrême-droite. Ce raisonnement élitiste est proprement stupéfiant de la part d’une gauche qui a longtemps représenté les classes populaires. Ce faisant, elle adopte un raisonnement très aristocratique, pour ne pas dire censitaire, selon lequel les classes populaires ne seraient pas à même de prendre des décisions sensées et cèderaient forcément aux pulsions volontiers xénophobes et nationalistes des démagogues (…). »
« Il y a au PS un profond mépris de classe qui s’illustre dans les propositions stratégiques de Terra Nova, favorable à l’abandon des classes populaires pour se tourner vers une alliance des classes intellectuelles protégées et des minorités. L’aboutissement de ce mépris volontiers xénophobe des classes populaires se retrouve dans les propos de Sophia Aram quand elle avait traité les électeurs du FN de cons » poursuit M. Pinsolle.
Cons les électeurs du FN ? Ils le seraient plutôt moins que leurs contemporains -peu nombreux certes- qui vont voir les calamiteux spectacles de Mme Aram pour essayer (vainement) de se dérouiller les zygomatiques et que le servie public va imposer sur une de ses chaînes…
Cons les frontistes ? Pas plus que les (très rares) acheteurs du livre érotique bien médiocre commis par Mme Filipetti « Un homme dans ma poche » dont un passage « gratiné » fait le bonheur des journalistes.
Bas de plafond, les électeurs de Marine Le Pen ? Pas davantage que le prédécesseur de Mme Filipetti dans ce ministère, Frédéric Mitterrand, qui a dénoncé son sectarisme et la chasse aux sorcières à laquelle elle se livre.
Imbéciles les nationaux ? Ils comprennent en tout cas l’indignation de Ségolène Royal affirmant que Mme Filipetti aurait cédé à la «pression des producteurs» en faisant déclasser le film Only God Forgives d’une interdiction aux moins de seize ans aux moins de douze ans.
Si la droite nationale n’a pas à rougir de la magnifique contribution au génie français des artistes, écrivains, penseurs et philosophes se rattachant à sa vision du monde (le compagnon de Mme Filipetti, Frédéric de Saint-Cernin, pourrait lui fournir une liste de ses lectures de jeunesse ?), nous savons aussi que la culture pour les démagogues socialistes ne rime pas toujours (pas souvent) avec la promotion du beau du bien et du vrai qui sont le socle de notre civilisation européenne.
Ce vocable de culture recouvre chez les petits marquis de la gauche institutionnelle depuis Jack Lang, un large spectre dans lequel on trouve aussi les fumisteries et autres croûtes sordides des petits copains subventionnés de l’art contemporain, les tags, le hip-hop, l’exaltation du tout vaut tout, de la laideur matérielle ou des sentiments.
C’est plutôt à l’honneur du peuple Français de s’en détourner, même si ceux qui tiennent les manettes de notre société du spectacle ne ménagent pas leurs efforts pour occuper le temps de cerveau disponible avec une camelote débilitante et proprement subversive, habillée sous le vocable de « divertissements » ou de « biens culturels »…