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« Selon que vous serez puissants ou misérables… »

liberté d'expression bouche cousueQuand les grands mots sont traînés: hier Manuel Valls a vu dans l’annulation du spectacle de Dieudonné par le Conseil d’Etat, qu’il avait saisi en urgence en début d’après-midi, «une victoire de la République ». Dans les faits, et comme l’avait  noté Marine Le Pen lors de ses vœux à la presse, une conséquence de la bien trouble et inquiétante «vendetta personnelle» qu’il a engagé contre cet artiste. La plus haute autorité administrative (qui n’est pas composée de magistrats)  saisie par le ministre de l’Intérieur s’est réuni à 17 h et a rendu sa décision avec une rapidité « stupéfiante », une heure et demi avant le début prévu de la représentation… Dés que la nouvelle de l’interdiction a été connue, les slogans « Liberté d’expression » ont fusé et la Marseillaise a été chantée comme l’avait demandé l’artiste,  par une partie du public jeune et bigarré (difficilement assimilable d’un bloc à un public « d’extrême droite…) qui faisait la queue devant le Zénith de Nantes. Les officines communautaires spéculant au mieux de leurs intérêts sur l’idéologie dite antiraciste (Licra, UEJF, SOS Racisme, Crif…) ont appelé à poursuivre le combat contre l’humoriste.

 Réagissant hier après-midi à la décision du tribunal administratif, le vice-président du FN, Florian Philippot a relevé qu’il s’agissait d’«un camouflet monumental pour Manuel Valls, évidemment, qui devait connaître le résultat de cette décision, qui a réussi à exciter les tensions, les divisions parmi les Français, et qui aura fait une publicité extraordinaire à Dieudonné. Il a voulu amuser la galerie avec sa quenelle, ça se retourne contre lui. »

Certes, mais Bruno Gollnisch ne se faisait guère d’illusions sur le résultat final de ce duel entre la liberté d’expression et le régime socialiste. Il était douteux que Manuel Valls accepte de se ranger derrière une décision de justice contraire à ses vœux dans cette affaire. Jean-François Copé, comme de nombreux dirigeants de l’UMP, a rappelé hier son soutien apporté au ministre de l’Intérieur dans ses démarches pour faire interdire les spectacles de Dieudonné.

Le très progressiste, délicat et tolérant député UMP Franck Riester, qui a notamment voté la loi Taubira en faveur du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels, a même regretté que l’humoriste ne soit  pas encore en  en prison. Et dire que des crétins ont supprimé la guillotine, comme c’est ballot…

L’écologiste ( ?) Eva Joly a de son côté comparé sur RTL Dieudonné à son compatriote assassin, Anders Breivik. Malek Boutih, député  PS de l’Essonne et ex président de SOS racisme,  s’est hissé sur ses talonnettes pour nous chanter peu ou prou le même air : Dieudonné fait « des meetings antisémites », joue «  un rôle de sous-traitant de l’extrême droite et du FN », «  chargé de séduire la population noire de banlieue pour que celle-ci puisse devenir sensible aux thèses du FN». Un sorte de « Louis Farrakhan» à la française. On a tout de même connu M. Boutih moins délirant !

 Avec ce même sens de l’amalgame bien con…venu, Le Nouvel Obs titre opportunément aujourd’hui sur «La Haine». «Antisémitisme, racisme…voyage dans une France xénophobe». Avec une couverture alignant les photos, d’un beau noir et blanc anxiogène, de Soral, Dieudonné et Zemmour. Voilà ce qui arrive, cette piteuse débandade intellectuelle quand on échange son  sens critique contre des slogans.

Me Jacques Verdier, avocat de Dieudonné, a dénoncé «l’acharnement» contre son client, soulignant qu’on l’avait mis «dans l’impossibilité absolue» de plaider devant le Conseil d’État en fixant une audience aussi rapidement, alors qu’il se trouvait à Nantes. «Ce n’est pas pour rien que j’ai gagné devant le juge administratif, c’est justement parce que j’ai ces arguments qui n’ont pas pu être développés de la même façon devant le Conseil d’État», a-t-il dit sur BFMTV.

Invité hier soir sur le plateau de cette même chaîne, alors que le Conseil d’Etat venait de rendre sa décision, l’ex magistrat Philippe Bilger n’a pas manqué de s’étonner de la rapidité hors norme de la réponse apporté par cette instance…Et d’ironiser sur l’indépendance du Conseil d’Etat vis-à-vis du pouvoir politique…

 Nous l’évoquions dans notre article précédent, de l’aveu même de plusieurs pontes du PS, le montage politico-administratif et d’autopromotion personnelle bricolé par le ministre de l’intérieur ne tient pas la route pour museler l’humoriste.

 Un avis partagé par Pierre Joxe, ce n’est pas anodin. Cet ex ministre de l’Intérieur joua, rappelons-le, un rôle de tout premier plan dans l’affaire de la manipulation-provocation-profanation du cimetière de Carpentras, visant alors à accréditer l’idée nauséabonde que le FN était un mouvement qui poussait à la haine antisémite. Ce qui n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais le cas, faut-il aujourd’hui de nouveau le rappeler?

 Au pire (au mieux?), la vendetta menée par Valls aura pour résultat de faire de Dieudonné un martyr craignent de nombreux socialistes, constat qui est aussi celui ce matin de la majorité des éditorialistes.

Yves Thréard dans Le Figaro indique que «cet homme-là (Dieudonné, NDLR) ne méritait que silence et mépris. Il jouit désormais d’une notoriété malsaine dont il va user et abuser auprès de partisans hystérisés » Et d’ajouter que « l’infréquentable a acquis le statut de héraut de la parole libérée » et que « la faute en revient à Manuel Valls, le ministre le plus populaire».

Michel Guilloux dans« L’Humanité  est sur la même longueur d’onde : « C’est un bel exploit en vérité que de transformer en victime celui qui fait son beurre sur l’insulte à la mémoire de six millions de morts.»

 Dans Libération, dont la Une se félicite de la décision du Conseil d’Etat, François Sergent estime que les Français qui apprécient  de Dieudonné appréhenderont cette décision « comme une censure » et  risquent « de faire du sinistre humoriste un martyr de la liberté d’expression aussi vils soient ses propos».

Sur  Canal plus,  le journaliste Eric Naulleau a dénoncé pour sa part ce travers bien français consistant «chaque fois qu’il ya une crise » à essayer  «d’empiler une loi sur une autre loi». «Moi je pense que l’arsenal législatif suffit à contrer Dieudonné chaque fois qu’il déconnera (…). Je suis contre la censure préalable (…). On prend un marteau-pilon pour écraser un moustique on donne  l’impression que le seul problème en France c’est Dieudonné. Il y a des gens qui commencent à dire mais pourquoi le gouvernement n’est pas aussi efficace et réactif dans d’autres domaines ? Vingt ans de procédures pour Tapie et Dieudonné on essaye de lui régler son compte en trois semaines… ».

 Un questionnement bien dangereux, voire glissant constate Bruno Gollnisch, à l’heure ou les Français ne sont pas dupes des diversions d’un gouvernement qui tente d’occulter avec ce tintamarre abject, les nouvelles annonces de licenciements massifs, ceux  de milliers d’employés de Mory et de  La Redoute. Questionnement tout aussi essentiel alors que les collègues du sénateur UMP Serge Dassault, visé par une enquête depuis mars pour achat de votes, corruption, blanchiment et abus de biens sociaux, ont refusé de lever son immunité.

Pour des questions relevant  déjà de la liberté d’expression, les collègues députés européens de Jean-Marie Le Pen, Marine et Bruno n’avaient pas eu les mêmes scrupules à leur égard pour lever la leur… «Selon que vous serez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendront  blanc ou noir… » (La Fontaine, « Les animaux malades de la peste »).

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