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Manuel Valls, quand même

vallsSelon ce qu’ont rapporté des conseillers  de François Hollande  aux médias,  ce dernier aurait  analysé à chaud dimanche soir  la  confirmation de la déculottée électorale  du PS non pas tant comme une « victoire de la  droite »que comme une absence de mobilisation des électeurs de gauche. A commencer par  les catégories les plus modestes et autres  déçus des années  Sarkozy qui fondent (encore par habitude) leurs espoirs dans l’alternance,  le  vote socialiste… Un constat qui a donc conduit le chef de l’Etat, au terme d’une intense journée de tractations,  à  annoncer   hier soir la  nomination de Manuel Valls au poste de Premier ministre en  remplacement de Jean-Marc Ayrault. Un remaniement dans la panique  pour détourner l’attention des médias sur la raclée électorale phénoménale  que vient de subir le PS.  En l’espèce  un   retour à Matignon pour M. Valls qui  connaît bien les lieux puisqu’il fut le conseiller de Lionel Jospin  de 1997 à… la présidentielle de  2002. Manuel Valls, l’homme qui mentait encore   effrontément aux Français il ya quelques semaines en affirmant ne pas être au courant des écoutes des communications  de  M.  Sarkozy ( !),  ne porte pas chance à ses amis…

 Un choix jugé sidérant par beaucoup et  qui ne fait pas l’unanimité à gauche et c’est un doux euphémisme. Les deux ministres écolo-gauchistes Cécile Duflot et Pascal Canfin ont annoncé  leur départ du gouvernement,  reprochant notamment  le  simple constat   du   ministre de l’Intérieur sur l’incapacité de la grande majorité des Roms à s’assimiler.  L’aile gauche du PS,  Alexis Corbière du PG,  rappellent aussi quelques vérités. A savoir  que  Valls   a beau bénéficier du soutien intéressé de deux apparatchiks,  Arnaud Montebourg et de Benoit Hamon, tous deux situés à la gauche du PS, cette nomination est une gifle envoyée au peuple de gauche.  

 Ex rocardien , ex jospinien, soutien de Dominique Strauss-Kahn, européiste,   partisan d’un aménagement des 35 heures, du changement de nom du PS,  d’un libéralisme à la sauce  Tony Blair ( un de ses livres s’intitulait « Pour en finir avec le vieux socialisme, et être enfin de gauche ») et souvent  comparé à Nicolas Sarkozy, M. Valls  n’avait  pas atteint les 6% lors de la primaire socialiste de 2011.

 Invité lundi soir  du Grand Journal de Canal +, Jean-Marie Le Pen a d’ailleurs   qualifié cette nomination de  « choix suicidaire ». « Je crois que c’est un clin d’œil à la droite. Notre président a une réaction de fille de joie par rapport à son souteneur. Elle prend un coup de pied aux fesses, se retourne vers lui, et lui fait un clin d’œil amoureux. C’est un clin d’œil à la droite, bien sûr, puisque Manuel Valls est probablement le seul qui trouve une certaine bienveillance dans les milieux de la droite ».

 Jean-Luc Mélenchon, à l’instar du quotidien communiste L’Humanité,  a partagé peu ou prou cette analyse et relevé hier soir que si  François Hollande est l’unique responsable du désastre électoral de dimanche dernier,  sa  décision de nommer Manuel Valls Premier ministre, «  le plus grand commun diviseur de la gauche »,  « ultra minoritaire dans le camp socialiste », prouvait qu’il n’avait « rien compris » au message envoyé par les Français. Les propos du  responsable du Parti de Gauche rencontrent en effet un écho certain lorsqu’il affirme que  l’arrivée de M Valls à Matignon  confirme  «  le pacte du PS avec le MEDEF ».

M. Mélenchon ne peut que constater l’ évidence,  à savoir que  Valls, membre du Club Le Siècle, est l’incarnation du  social-libéralisme,  l’homme idoine pour conduire le  Pacte de stabilité. Marine Le Pen à la tête d’un Mouvement qui, contrairement au Front de Gauche, est représentatif des catégories modestes, a réagi   elle aussi à cette nomination. Ce simple  remaniement ne répond pas à l’urgente  nécessité  d’un changement radical de politique a noté la présidente du FN. A l’heure ou ce fameux Pacte de stabilité traduit dans les faits la poursuite d’une « politique d’austérité » qui  consistera à « prendre 50 milliards  dans la poche des classes moyennes et populaires ».

 Marine a aussi relevé, à notre avis tout  aussi  justement,   que si le   choix de M. Hollande s’est porté sur M Valls, cela peut aussi se comprendre comme  une volonté de le «  rocardiser »,  de « le carboniser dans ses prétentions  et ses ambitions  dans le cadre de la future élection présidentielle », sachant qu’il traînera d’ores et déjà « comme un boulet » la gifle magistrale qui s’annonce pour le PS aux élections européennes du 25 mai.

 Enfin, si les médias vantent à qui mieux-mieux la détermination, la fermeté, le refus du laxisme, la popularité de M. Valls, y compris chez les sympathisants de l’UMP,  tout cela repose  principalement  sur une communication assez bien maîtrisée mais qui ne fera plus guère illusion quand il sera à Matignon.

 Marine  n’a pas manqué de rappeler le « bilan déplorable » du ministre de l’Intérieur sur le plan de  la lutte contre  les mafias, l’insécurité et l’immigration, sachant le lien  de causalité existant entre délinquance et flux migratoires non maîtrisés. D’ailleurs, les  résultats infiniment médiocres ou franchement mauvais du ministre de l’Intérieur dans ces domaines,   qui touchent  tous les Français,   expliquent  la  forte décrue de bonnes opinions de ce dernier  dans de récents sondages.

 Nous le notions sur ce blog, Manuel Valls, à l’instar de ses amis politiques,  n’entend pas réduire le volume  de l’immigration dite  légale.  Il n’envisage  pas de revenir sur le catastrophique droit du sol, le regroupement familial, les différentes pompes aspirantes de l’immigration  qui fabriquent à la chaîne des Français de papier…et  futurs électeurs socialistes.

 Nous le rappelions aussi dernièrement, citant le dernier ouvrage du docteur en économie et spécialiste de l’économie du développement, Gérard Pince. Celui-ci chiffre   le coût annuel de la présence des immigrés sur notre sol,   8,1 millions de personnes  selon ses calculs, à 115 milliards d’euros,  soit 8 000 € par an pour une famille de quatre personnes en 2011…Voilà des économies à faire plutôt que  de matraquer encore les Français !

 Enfin, Marine a souligné, comme l’a fait aussi Bruno Gollnisch, ses inquiétudes vis-à-vis des pulsions totalitaires, liberticides de M. Valls, « un homme dangereux qui n’a aucun respect pour les libertés publiques et individuelles des Français ». Nos compatriotes  ont pu le constater avec ses déclarations visant à réduire les libertés numériques, ou encore avec  sa croisade lancée contre les spectacles de Dieudonné. Ce qui a eu pour résultat, dont on a peut être mesuré les effets lors de ces municipales, de dresser contre le  gouvernement des électeurs franco-afro-maghrébins.  Populations musulmanes de la France des banlieues,  considérées jusqu’alors comme une clientèle électorale captive de la gauche et du PS en particulier, mais déjà  hérissées par  les  avancées sociétales défendues par les pasionarias Taubira et Vallaud-Belkacem.

 A tort ou à raison, M. Valls   est apparu dans ce dossier Dieudonné comme le défenseur des intérêts d’une communauté, d’un pays étranger avec lequel il aurait un « lien éternel »,  tout en fustigeant à longueur de discours officiel  le communautarisme au nom de la république et de la laïcité

 Faisant  acte de beaucoup de mansuétude  vis-à-vis  des  hystériques  extrémistes  des Femen, M. Valls déclarait a contrario dans le JDD en févier dernier qu’il entendait combattre les « forces obscures » à l’œuvre,  la «  fronde des anti : anti-élites, anti-Etat, anti-impôts, anti-Parlement, anti-journalistes… Mais aussi et surtout des antisémites, des racistes, des homophobes… Tout simplement des anti-républicains», jugeant le climat comparable avec celui des « années 1930 ».

 Un langage excessif, partisan, démagogue, libéralo-progressiste  qui peut plaire à la caste médiatique mais qui n’est pas en phase avec les attentes d’une grande majorité des  Français, de gauche,  de droite ou d’ailleurs. Le Parisien  cite  un « un ténor du PS » sur cette nomination :  «C’était Manuel au forceps, faute de mieux ». «  François n’avait pas le choix », décrypte un hollandais ». Le chef de l’Etat a donc grillé une de ses dernières cartouches.  La fin du quinquennat  s’annonce très  compliquée  pour une gauche aux abois. Quand même.

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