C’est pas moi, je n’étais au courant de rien, telle est la justification de l’ex chef de l’Etat reprise en boucle par ses «amis » de l’UMP. La ligne de défense de Jean-François Copé est encore plus surréaliste quand il réaffirme, comme il l’a fait hier sur TF1, qu’il n’a pris connaissance des magouilles reprochées à ses amis proches de Bygmalion uniquement à la lecture de l’article publié dans Libération il y a une douzaine de jours…
La question centrale qui se pose est bien celle désormais de la probabilité d’un retour dans le jeu de Nicolas Sarkozy. « Mezzo voce, certains n’y croient plus guère. Les gens commencent à parler. C’est le grand déballage. C’est fini pour Sarkozy , veut croire un responsable UMP» interrogé par Le Parisien. «Un cadre du parti s’énerve carrément : C’est pour lui qu’on est allé chercher onze millions d’euros ! Les militants vont se dire qu’on leur a fait les poches ! Le plus grand danger pour la droite, ce serait le retour de Sarkozy, parce qu’il nous fera perdre pour se sentir exister . En privé, le député UMP Pierre Lellouche, lui-même mis en cause dans l’affaire, est beaucoup moins catégorique. Il n’est pas encore cuit, mais le Sarkothon et les 11 M€ vont lui revenir à la figure comme un boomerang ».
Pour barrer la route à Sarkozy ( ?), trois de ses adversaires ont été placés à la tête de l’UMP, jusqu’à un congrès extraordinaire à l’automne, pour succéder à M. Copé, les anciens Premiers ministres Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé et François Fillon composent ce triumvirat. Un Retour vers le futur en quelque sorte avec ces trois incarnations caricaturales d’une politique qui a fait dramatiquement la preuve de ses échecs.
Lors de la conférence de presse qu’elle a tenu hier au siège du FN à Nanterre pour analyser les résultats des élections européennes , Marine Le Pen, interrogée sur l’affaire Bygmalion a affirmé ne « (pas voir) comment le candidat Nicolas Sarkozy peut échapper à sa responsabilité morale et à la disqualification qui en est la conséquence ». Mais aussi qu’avec «Raffarin, Fillon, Juppé, on est dans l’eurobéatitude totale. Ca permettra peut-être encore de clarifier la situation et les différences de fond qui existent entre le FN et l’UMP et la proximité qui va exister entre l’UMP et le PS !».
Alors certes, l’UMP sera peut être obligée de changer de nom pour se refaire une virginité, mais la conjonction d’intérêts boutiquiers en assurant l’armature devrait empêcher formellement son implosion.
Pour autant, il est intéressant de constater avec Bruno Gollnisch que le triumvirat qui vient d’en prendre la tête, appelle déjà à «dédroitiser» l’UMP, actant l’échec de la stratégie copéiste visant à contenir la poussée du FN… mais au risque d’accélérer son hémorragie au profit de l’opposition nationale. Sur son blog, François Fillon s’épanche: «Nous n’avons pas tout essayé pour rassembler la droite et le centre malgré la montée des extrémistes que chacun pouvait pressentir ».
Alain Juppé sur la même ligne que le très antifrontiste Jean-Pierre Raffarin, a montré les crocs mardi: « Notre refus est clair: nous ne voulons pas de la France rétrograde barricadée dans ses frontières que propose le Front National » (sic). La veille il en a appelé à revenir à « l’esprit originel » de l’UMP en 2002 symbolisé, il s’agit de s’en souvenir, par la catastrophique politique du radical socialiste Jacques Chirac…ça fait rêver…
Comme à chaque fois quand il s’agit de cracher son venin contre l’opposition nationale et les défenseurs de l’Europe des patries libres, les pontes européistes de l’UMP reçoivent le soutien du parti de l’étranger. Ainsi le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, défenseur acharné d’une monnaie unique qui profite si bien à l’Allemagne, habitué du Forum économique de Davos, intervenait hier à Berlin pour fêter les dix ans de la Hertie School of Governance.
En présence de Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe, de Mario Monti et de l’ancien premier ministre grec Georges Papandréou, Herr Schäuble a qualifié le FN de « parti fasciste et extrémiste (…). Nous devons nous demander, pas seulement pour nos collègues français, quelle erreur nous avons fait pour qu’un quart de l’électorat français vote FN.».
Ils sont bien pathétiques, ils n’ont décidément rien compris ! Et ce degré d’aveuglement relève quasiment de la pathologie. Mais ne dit-on pas que Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre ?…