Les médias français avaient aussi parié, cette fois sans se tromper mais le contraire eut été étonnant, sur une droitisation de l’UMP au cours de cette campagne des élections départementales. Un discours de fermeté que la droite ressort toujours des placards lorsqu’il s’agit de freiner l’ascension du FN et de retenir par la manche ses électeurs.
Ce à quoi s’est efforcé avec un certain succès Nicolas Sarkozy lors de sa campagne en 2007. Il était alors sous l’influence stratégique de Patrick Buisson, son conseiller « maurrassien » détesté par les bobos de l’UMP, que Bruno Gollnisch a rencontré pour la première fois à l’université de Nanterre en 1967-68, en pleine chienlit gauchiste, en compagnie notamment de Jean-Pierre et Marie-France Stribois.
Ce « mauvais génie » titre d’un livre qui lui est consacré à paraître demain de deux journalistes du Monde, Ariane Chemin et Vanessa Schneider, n’a pas su pour autant influer durablement sur le programme et la politique de l’UMP au pouvoir. Au-delà des postures électoralistes, chacun a pu constater la dérive antinationale d’une droite toujours plus soumise au tropisme atlanto-bruxellois et à une idéologie mondialiste dont l’immigration de peuplement que nous subissons est une des conséquences.
Certes, cette influence « buissonnière » fut également perceptible dans les discours sarkozystes des dernières semaines de la campagne présidentielle de 2012 mais faute de résultats, il était trop tard. Même si ladite influence a certainement limitée l’ampleur de la défaite du candidat de l’UMP malgré les dénégations des NKM, Wauquiez, Le Maire et Juppé…
Buisson écarté et tombé en disgrâce, les sondages annonçant aujourd’hui un FN en tête dimanche prochain sont en tout état de cause calamiteux pour un Nicolas Sarkozy qui avait construit sa légitimité à présider l’UMP sur sa capacité à marginaliser l’opposition nationale.
Nous l’avons vu hier soir sur TF1 s’écarter franchement des positions prônées par son porte-parole et conseiller, le député-maire de Tourcoing Gérald Darmanin qui, ayant réfléchi sur ce sujet à sa demande en compagnie du député Henri Guaino, prônait la souplesse, de nombreux aménagements avec l’islam.
Hier soir, M. Sarkozy a défendu, ce qu’il ne faisait pas avant, une ligne strictement assimilationniste en abandonnant la position qui était la sienne, celle dite de la « laïcité positive». Il a ainsi prôné le refus du port du foulard à l’université et de menus de substitution sans porc dans les cantines scolaires.
Il se range donc clairement aux côtés du maire UMP de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, qui, a une semaine du premier tour des départementales (un pur hasard bien sûr…) vient d’annoncer la fin des repas sans porc dans les cantines de sa commune. De passage dans cette ville pour un meeting il y a un mois, le président de l’UMP avait d’ailleurs défendu le concept d’assimilation : l’immigré est le « bienvenu » à condition d’accepter « la langue française, la culture française et le mode de vie français ».
Nicolas Sarkozy pratique une nouvelle fois l’art de la diversion. Il refuse toujours de se prononcer pour l’arrêt des flux migratoires massifs en provenance des pays du sud. Immigration massive qui a d’ailleurs atteint de sommets sous son quinquennat. Il campe toujours sur son refus de revenir au droit de la filiation, de stopper le regroupement familial, d’en finir avec les pompes aspirantes d’une immigration qu’il ne remet pas en cause alors qu’elle rend mécaniquement impossible ladite assimilation…avec ou sans porc à la cantine.
Cette focalisation des médias sur ce point de détail, permet en effet d’éviter de parler du sujet central, celui des problèmes colossaux générés par une immigration sans frein depuis quarante ans.
Ce refus d’affronter le réel consistant à refiler l’ardoise de leurs erreurs dramatiques et de leurs lâchetés aux générations futures est l’apanage des partis du Système, cela explique en partie le succès du FN. Certes les têtes à claques et autres donneurs de leçons du microcosme participent aussi malgré eux, de cette montée en puissance.
Invité de l’émission belge CQFD, diffusée lundi, l’ancien directeur de Marianne, Jean-François Kahn, n’avait pas foncièrement tort d’expliquer que contrairement à ce qu’affirmait Laurent Ruquier battant sa coulpe (voir notre article publié lundi), ce ne sont pas les idées développées pendant cinq saisons par Eric Zemmour dans son émission, qui ont participé à la progression du Front National.
M. Kahn, saluant « le courage » (sic) de M. Ruquier a constaté plus sérieusement : « Je pense qu’Aymeric Caron a fait davantage le jeu du FN, dans sa façon de croire qu’il combat le FN, dans sa tendance au déni de toute réalité qui le gêne. Cette agressivité, cette façon de nier les problèmes d’immigration, d’insécurité, c’est ça qui fait le jeu du Front National, plutôt que Éric Zemmour.» Et d’ajouter: «Celui-ci est plutôt la conséquence, et non la cause, de la montée de l’extrême droite. C’est ce qui a engendré le succès de son livre, et pas l’inverse.»
Une chose est certaine assure Bruno Gollnisch, les options contradictoires portées par les différentes chapelles et figures d’une UMP sans ligne claire, renforcent la légitimité d’un FN soudé autour de ses fondamentaux patriotiques. C’est cela le génie du Front National. Gageons que les électeurs ne s’y tromperont pas dimanche prochain.