Bruno Gollnisch
Doyen de faculté honoraire
Député au Parlement européen-Délégation Europe-Japon
Paris, 8 mars 2017
À Monsieur Thierry DANA
Ambassadeur de France au Japon
Monsieur l’Ambassadeur,
J’ai pris connaissance de l’espèce de lettre ouverte que vous avez publiée dans Le Monde, dirigée contre la candidature de Mme Le Pen, et par laquelle vous annoncez que, si elle était élue, vous refuseriez de servir la « diplomatie du Front National » (sic).
Vous prenez prétexte à cet égard, notamment, de la mise en garde qu’elle a adressée aux fonctionnaires qui seraient tentés ou contraints de participer à des manœuvres illégales et partisanes à l’encontre de l’opposition lors de ces élections. Il était pourtant parfaitement clair qu’en rappelant l’impartialité qui est le devoir de leur charge, ce que vous semblez avoir oublié, elle ne leur demandait pas, contrairement à ce que vous feignez de croire, d’adopter ses idées ou ses convictions.
Je rappelle d’autre part au bon républicain que vous voulez être que, si les fonctionnaires sont normalement inamovibles, du moins tant qu’ils respectent les obligations de leur statut, en revanche la tradition républicaine veut que les postes de préfets et d’ambassadeurs soient à la discrétion de gouvernement. (Décret n°85-779 du 24 juillet 1985).
En outre, si Mme Le Pen est élue, la politique qu’elle mènera ne sera pas, comme vous le dites, celle du Front National. Ce sera celle de la France, tout simplement.
Ceci étant dit, votre démission posera d’autant moins de problèmes que vous étiez au terme de la durée de séjour d’usage dans un poste de tel que le vôtre. Il n’y aura donc aucune difficulté pour votre remplacement, d’autant plus qu’il ne manque pas de diplomates, issus notamment du cadre « Orient » des Affaires Étrangères, dont la connaissance approfondie des relations internationales n’a rien a envier à la vôtre, et dont la connaissance de la langue et de la civilisation japonaise est certainement très supérieure.
Cependant, il me paraîtrait plus honnête de votre part d’anticiper cette décision, et de quitter immédiatement le service public. Car, en prenant parti comme vous le faites dans la campagne présidentielle, vous enfreignez une obligation de réserve qui s’impose à vous comme diplomate, mais dont vous pouvez parfaitement vous affranchir en tant que simple citoyen.
Pour le reste, je m’abstiendrai de commenter les appréciations que vous portez sur nos conceptions en matière internationale, qui ne sont que la répétition sommaire de caricatures mille fois entendues. Il me suffit de dire que notre politique de défense des intérêts français, respectueuse du droit international, que ce soit en matière diplomatique, stratégique, d’immigration ou de commerce international, s’apparentera à celles que mènent des Etats tels que la Suisse…ou le Japon, qui ne suscitent aucune protestation de votre part.
Je note que même le Ministre des Affaires Étrangères M. Ayrault, et le porte-parole du gouvernement M. Le Foll ont désavoué votre comportement. Je pense donc que vous devriez en tirer les conséquences, et présenter dès à présent la démission que vous avez annoncée à grand son de trompe.
Dans cette attente, je vous prie, Monsieur l’ambassadeur, d’agréer l’expression de mes salutations distinguées.