Que de beaux chiffres, que de belles promesses ! On se croirait dans une campagne pour l’euro ou pour l’Union européenne. Demain tout sera plus beau, plus de croissance, moins de chômage, plus de pouvoir d’achat etc. Vrai ou « fake news » ? Le Président du Sénat, Gérard Larcher a été obligé de réclamer la publication des résultats de l’expérimentation menée sur les tronçons à 80 depuis 2015. Car les résultats des tests menés à la demande de Manuel Valls n’ont jamais été publiés ! On le comprend à la lecture de l’hebdomadaire Auto Plus qui a mené une enquête qui révèle que l’expérimentation avait été accompagnée de 16 millions de travaux, et que les accidents, plutôt que de baisser, s’étaient déportés sur d’autres axes proches. Si le gouvernement va jusqu’au bout, que les citoyens ne se mobilisent pas suffisamment, cela va handicaper un peu plus les habitants éloignés des grands centres urbains. Et c’est tout l’opposé du dynamisme que prétend insuffler Emmanuel Macron à la société française. Non, Emmanuel, non Edouard, ce n’est pas la vitesse qu’il faut faire baisser, ce sont les impôts, c’est l’insécurité, c’est l’immigration, c’est le chômage, la dette et pas sur le dos des automobilistes.
Pour une conduite responsable
Il faut traiter les automobilistes comme des personnes responsables. Il ne s’agit pas d’obliger quiconque à rouler vite, mais de laisser libre d’adapter raisonnablement sa vitesse aux circonstances. Il n’est pas question de pousser les conducteurs à oublier que par exemple les enfants, un dixième des piétons tués, sont particulièrement vulnérables, et doivent donc faire l’objet d’une prudence redoublée. Comme d’ailleurs les personnes âgées. Il ne s’agit pas d’être insensible ou inconscient, que ce soient les blessés, les handicapes, les morts, cela peut toucher tout le monde. Mais il convient aussi de resituer le sujet dans son ensemble : les morts sur la route c’est 3 500 personnes par an, le tabac c’est 22 fois ce chiffre, les accidents domestiques : 20 000 décès par an !
Stop au racket
On constate quand il y a une diminution de la vitesse autorisée une explosion des amendes et des retraits de points. Par exemple on estime à 3.5 le coefficient multiplicateur sur le périphérique parisien pour le passage de 80 à 70 km/h, et à 4 sur les portions de routes où ont été menées l’expérimentation à 80. En plus l’argent des radars est détourné : il devrait normalement servir à l’amélioration du réseau… Mais refaire un carrefour dangereux est plus coûteux qu’un radar et cela ne rapporte rien (à part des vies sauvées !). C’est la Cour des Comptes qui a relevé que plus de 50% des recettes des amendes (837 millions d’€) ne vont pas à la sécurité routière. Alors qu’on met souvent en cause la vitesse dans les accidents, en réalité, en cas de revêtement usé, la distance de freinage peut ainsi être multipliée par deux.
Et à l’étranger ?
Les Britanniques roulent à 97 km/h, les Allemands à 100 km/h et dans ces deux pays on compte moins de tués sur les routes. Le site Réinformation TV rapporte qu’en janvier 2018, en Angleterre, la limitation actuellement appliquée dans les zones de travaux sur autoroutes, pour la sécurité des automobilistes, est passée à 60 miles par heure, (environ 96,5 km/h) au lieu de 50 miles. « Cette décision a été prise à la suite d’une recherche novatrice moyennant des moniteurs cardiaques : les résultats sont sans appel, les automobilistes sont plus détendus à une vitesse supérieure. Ils se sentent en effet plus en sécurité en roulant un peu plus vite car ils n’ont pas le sentiment de devoir sans cesse vérifier leur compteur de vitesse, et en outre cette allure un peu plus élevée leur permet d’accélérer pour s’éloigner des gros semi-remorques. » Rappelons que la somnolence est la première cause de mortalité sur autoroute (27%), une manœuvre dangereuse, la deuxième cause de mortalité sur autoroute (20%), l’inattention (smartphone, GPS) la troisième cause de mortalité sur autoroute (16%), au même niveau que la vitesse ! Pourtant il y a 5 fois moins de morts sur autoroute que sur route, où la vitesse autorisée est de 130. C’est une double discrimination qu’imposerait le gouvernement, pour ceux qui éloignés d’une autoroute sont obligés d’emprunter le réseau secondaire et pour ceux qui n’ont pas ou plus les moyens de payer un péage.
Bel exemple de « fake news » démontée par La ligue de défense des conducteurs : « Ce qui tue sur la route, c’est la vitesse » Depuis de nombreuses années, la politique de sécurité routière a concentré la majeure partie de ses moyens sur la lutte contre les excès de vitesse. « Une relation scientifiquement établie existe entre la vitesse et la gravité des accidents : 1 % de vitesse en plus, c’est 4 % de morts en plus » affirme Aurélien Wattez, le chef de département du contrôle automatisé du Ministère de l’Intérieur, reprenant la formule défendue par les « scientifiques » Nilsson, Elvik, Finch ou encore Taylor. Formule qui a fait de la vitesse l’ennemie numéro un de la sécurité routière. L’OCDE elle-même n’hésite pas à les reprendre dans un de ses rapports : « De très nombreuses recherches ont confirmé les effets négatifs de l’augmentation de la vitesse sur la sécurité routière. La relation entre vitesse, accidents corporels graves et nombre de tués a été modélisée par de nombreux chercheurs […] une augmentation de 5 % de la vitesse moyenne entraîne approximativement une hausse de 10 % du nombre total d’accidents corporels et de 20 % du nombre d’accidents mortels ». Reprises par la Sécurité Routière pour alimenter ses campagnes publicitaires, ces « études » sont désormais sacralisées comme une vérité absolue. Circulez bonnes gens ! La science a parlé, la vitesse tue ! Il n’y a plus rien à dire. Qu’en est-il réellement ? La ligue de défense des conducteurs a confié à la Société de Calcul Mathématique, cabinet d’expertise mathématique indépendant, le soin d’analyser trois études :
Impact du Contrôle Sanction Automatisé sur la Sécurité Routière 2003 -2005
Fractions of fatal crashes attributable to speeding Evolution for the period 2001-2010 in France, Vivian Viallona, Bernard Laumon, Acident Analysis and Prevention 52 (2013)
An Assessment of the safety effects of the French speed camera program, Laurent Carnisa, Etienne Blais, Accident Analysis and Prevention 51 (2013) 301-309
Ces trois études ont pour point commun qu’elles établissent un lien direct entre vitesse et mortalité sur les routes. Appuyées par les théories de Nilsson, Elvik, Finch Ou Taylor, elles se veulent la preuve qu’en augmentant la vitesse des véhicules, le nombre de morts sur les routes augmente. Or, les conclusions de la Société de Calcul Mathématique sont sans appel : « du strict point de vue de la logique, les modèles utilisés par ces document sont inappropriés, incohérents et n’ont jamais fait l’objet de la moindre validation. Il ne s’agit que d’approches non scientifiques qui se citent entre elles. On ignore sur quelles données ils s’appuient et quelle est l’incertitude sur ces données. Les modèles ne font pas la distinction entre différentes situations qu’il faudrait manifestement différencier. ».
Que faire ?
Non, il n’est pas trop tard pour se mobiliser! Comment ? Avant tout il faut signer les pétitions, celle lancée par le Front National : il suffit de cliquer ici ; de même pour la pétition lancée par la Ligue de défense des conducteurs : ici. Ça prend quelques secondes et c’est important. Et si demain tous ceux qui en ont assez, des flashes, des PV de stationnement qui explosent, de la privatisation des contrôles, descendent dans la rue pour dire ça suffit. Alors les choses commenceront à changer sérieusement.
Bureau de Bruno Gollnisch – BV- Bruxelles le 16 janvier 2018