Frousse d’un exécutif qui se renforce avec l’annonce de l‘Acte 1 de la mobilisation des policiers ; gilets bleus qui réclament notamment le paiement de leurs 22 millions d’heures supplémentaires en souffrance et des conditions de travail plus dignes d’un Etat moderne comme la France. Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d’Alliance, a dénoncé le budget insuffisant dévolu aux forces de l’ordre et demandé aux députés de ne pas voter le projet de loi de finances 2019. Budget qui « doit prendre en considération un plan de modernisation tant sur le plan immobilier que sur le plan équipement» mais aussi « l’engagement sans faille des forces de sécurité, non seulement ces dernières semaines mais depuis plusieurs années.» L’agrégation de la colère (de tout ou partie) des forces de l’ordre au mouvement de protestation populaire de ces dernières semaines n’est pas en effet une gage de stabilité pour le pouvoir en place. Elle est même, dans sa forme extrême, la condition historiquement vérifiée de tous les processus révolutionnaires.
Hier, le chanteur Françis Lalanne et quelques gilets jaunes étaient réunis pour une conférence de presse à Paris pour annoncer la création d’une structure en vue des élections européennes de 2019. « Thierry Paul Valette, coordinateur des gilets jaunes à Paris (?), présent à la conférence de presse, a indiqué que son but était de faire une remontée de terrain et reprendre la totalité des revendications des gilets jaunes, sauf celles racistes et antisémites (lesquelles ???, NDLR). Nous voulons que toutes les couches sociales soient représentées ». « Le but c’est de compter nos forces, combien nous sommes dans ce pays à vouloir que cela change. C’est pour ça qu’on présente des candidats, pour que les Français votent pour le peuple », a déclaré M. Lalanne. « Il n’y aura pas de tête de liste ( ?) on s’en fiche. C’est quand il y a une tête de liste qu’il n’y a plus de démocratie » « Par ailleurs, Francis Lalanne a indiqué avoir trouvé une caution bancaire de 800 000 euros avec un imprimeur » par l’intermédiaire de Jean-Marc Governatori, ex-chef d’entreprise et actuel cosecrétaire national de l’Alliance écologiste indépendante (AEI). »
Rappelons tout de même que l’indépendant Governatori avait appelé à voter pour l’anti populiste et néo-macroniste Christian Estrosi au second tour des élections régionales en PACA en décembre 2015, pour faire barrage à l’opposition nationale. Dans la même veine, il avait apporté en 2012 son soutien au militant euromondialiste Daniel Cohn-Bendit, autre compagnon de route d’Emmanuel Macron, dans son souhait de « créer un nouveau mouvement écologiste dans l’esprit de l’Appel du 22 mars (1968). » Un Mouvement du 22 mars qui regroupait différentes chapelles de l’extrême gauche, dont la mue idéologique libérale-libertaire et anti populaire de ses grandes figures n’a pas grand chose à voir avec les aspirations du peuple français…
Au nombre de celles-ci, figure le souhait d’en finir avec le racket fiscal, les dépenses somptuaires de l’Etat, le train de vie des élus et des assemblées, les fromages républicains dont bénéficient les affidés et les petits copains des médias aux ordres, particulièrement insupportables en ce temps de crise, l‘inversion des flux migratoires, immigration massive dont le coût économique, social et identitaire délirant est dénoncé par la très grande majorité des Français (une évidence qui n’a rien voir avec le racisme n’en déplaisent à MM. Lalanne, Valette et Governatori ). Et bien sûr la mise en œuvre du referendum d’initiative populaire (en bonne place dans tous les programmes du FN/RN depuis 1986!) , un referendum d’initiative citoyenne (RIC) dont la revendication était très présente sur les panneaux des gilets jaunes dans les manifestations. (Re) donner la parole au peuple? C’est cela qui est craint comme la peste par tous les partis du Système. A cette aune, l’information est relayée par l’excellent blogue d’Olivier Berruyer, Les crises, Richard Ferrand s’est fait sérieusement étrillé par l’ancien maire de Genève, Guillaume Barrazone. Le 16 juillet dernier indique le genevois , « l’ignare » élu LREM, alors président du groupe macroniste à l’assemblée, avait déclaré , à propos du droit de référendum helvétique : « les thèmes soumis sont très souvent le fait de cliques affairistes et de quelques lobbyistes démasqués. Le peuple suisse appréciera… ».
Pierre Boisguilbert, le résume sur le site Polemia: «voila la grande peur : et si le peuple disait non aux lois d’élus n’étant plus représentatifs ? C’est pourquoi on diabolise les manifestants plus que les pillards venus des banlieues et on en fait des sortes de fachos le couteau entre les dents (…). Les médias ont pratiqué le Macron-bashing puis ont été saisis par la peur du vide. La nature a horreur du vide et ils se sont pris a fantasmer sur ce qui pourrait occuper ce vide, une France blanche et de beaufs. Le Gilet jaune, c’est pour les médias une sorte de Dupont la Joie (…).Tout se concentre politiquement sur le RIC, référendum d’Initiative Citoyenne. C’est une démocratie directe qui fait peur aux oligarques démocrates qui se méfient du peuple quand ils ne le détestent pas. Ils ont raison. En Croatie, abomination de la désolation aux yeux de l’idéologie médiatique, un référendum du même type a repoussé le mariage pour tous. Les Suisses votent régulièrement pour limiter l’immigration. Et si demain on votait dans notre pays sur la peine de mort, l’immigration, le sort à réserver aux islamistes, etc., c’est tout le système qui serait mis à mal par la démocratie directe.Car notre système est une démocratie confisquée au peuple et celui-ci a finit par s’en rendre compte.»
Français qui auront mis dix-huit mois à comprendre Macron, à Voir Macron pour reprendre le titre de l’ouvrage prospectif de Michel Drac. En mai dernier, à l’occasion de la sortie d’un petit essai/pamphlet de Nicolas Bonnal, Le choc Macron, son préfacier, Robin Dubois, écrivait qu’il lui semblait évident que «Nous sommes entrés dans la phase ultime de la mondialisation néolibérale – l’autoritaire. (…). Macron cherche à ressusciter avant tout le parti de l’ordre et à acclimater un peuple anciennement souverain à sa définitive disparition dans le shopping-center surendetté sous surveillance électronique (…). Nous avons élu un François Hollande bis (…). Frappés de dissonance cognitive, les Français conditionnés ou résignés ont élu le ministre de l’économie d’un ex-président à qui ils devaient guerres, débâcle civile, 600 000 chômeurs de plus, explosion de la dette, du déficit commercial et du déficit budgétaire (…). La catastrophe économique ne semble troubler personne, au moins ouvertement. Les médias subventionnés, aux mains des oligarques, font fait peser sur la colonie une effroyable chape de plomb.» Et de citer Victor Hugo dans Napoléon-le-petit :« Mais cela ne sera pas ; on se réveillera (…). La France ne doit pas même adhérer à ce gouvernement par le consentement de la léthargie ; à de certaines heures, en de certains lieux, à de certaines ombres, dormir, c’est mourir. Victor Hugo dut attendre dix-huit ans et la défaite de Sedan.L’avenir nous dira si cette nouvelle petite mort que se sont infligés les Français avec Macron connaîtra une fin. Ou si ce peuple postmoderne, décidément jamais rassasié de sommeil, en redemandera. Et si finalement les gens étaient contents comme ça ?»
Et bien non, les gens ne sont pas contents comme ça! Il y a toujours dans les tréfonds de notre peuple constate Bruno Gollnisch, cette capacité de de résistance , de révolte contre l’oppression, la dictature en marche, qui nous invite à ne pas désespérer, qui est la raison d’être de l’opposition nationale et explique son assomption. Cette réaction française, ce sursaut prend tout son sens en cette période de Noël, fête de l’invincible espérance, du triomphe de la lumière sur les ténèbres. Elle doit aussi nous permettre de méditer sur cette grande vérité: l’Histoire est toujours ouverte, toujours imprévisible. Vérité qui a éclairé le parcours de Dominique Venner à qui nous laisserons le mot de la fin: «Concernant les Européens, écrivait-il dans Le Choc de l’Histoire, tout montre selon moi qu’ils seront contraints d’affronter à l’avenir des défis immenses et des catastrophes redoutables qui ne sont pas seulement celles de l’immigration. Dans ces épreuves, l’occasion leur sera donnée de renaître et de se retrouver eux-mêmes. Je crois aux qualités spécifiques des Européens qui sont provisoirement en dormition. Je crois à leur individualité agissante, à leur inventivité et au réveil de leur énergie. Le réveil viendra. Quand ? je l’ignore. Mais de ce réveil je ne doute pas.»