L’Assemblée Nationale réexamine la loi « Avia », destinée en théorie à réprimer les « discours de haine »; en fait une nouvelle loi liberticide. Une de plus, la dernière en date étant la loi contre la manipulation de l’information, dite « loi fake news » ou « loi infox », de décembre 2018, et dont le rapporteur était la députée Naïma Moutchou.
« Fake news », « Théorie du complot », « Discours de haine » sont ainsi devenus des vocables usuels pour disqualifier et criminaliser tout propos désagréable pour l’establishment politico-médiatique, hérétique par rapport à la pensée unique, ou ayant l’audace de remettre en cause la version officielle du pouvoir en place. On s’indigne de leur circulation sur les « réseaux sociaux », on légifère, on réprime. Examinons d’abord les « fake news » : nouvelles fausses ou prétendues telles. Et posons la question : qui nous protègera des mensonges d’État, foisonnant lors de la crise actuelle (« Mettre des masques ne sert à rien », etc.), et dont la portée est bien plus grave que les faussetés émanant de particuliers ?
Mensonges totalitaires
Je ne parle pas seulement des régimes totalitaires, où le mensonge est la norme. Ainsi, la prétendue attaque de la Pologne contre l’Allemagne en septembre 1939, qui servit à Hitler de prétexte pour déclencher la guerre, était un montage de sa part. Ainsi, l’assassinat de 11.000 officiers polonais à Katyn, imputé aux Allemands après la guerre, était le fait des Soviétiques. Le Komintern, organe de direction du communisme international, abondait en mensonges et opérations de désinformations communes à la dialectique marxiste et à la subversion communiste, rencontrant de la part de nos élites, y compris conservatrices, une incroyable complaisance.
Mensonges « démocratiques ».
En revanche, les braves gens sont souvent portés à croire que des gouvernements élus « démocratiquement » ne peuvent être qu’innocents, et que leur sincérité ne saurait être mise en doute. Lors d’une émission de télévision sur la 5, et plus tard à l’Assemblée Nationale, j’eus l’occasion de mentionner que les États-Unis d’Amérique par exemple, contre lesquels je ne nourris aucun préjugé hostile, et qui sont entrés six fois en guerre en un peu plus d’un siècle, l’avaient fait à chaque fois sur la base d’un mensonge d’État :
1) Contre l’Espagne.
En 1898, la guerre contre l’Espagne fut déclenchée en représailles contre l’explosion survenue le 15 février dans le port de La Havane du cuirassé américain U.S.S. Maine , alors même qu’il n’y avait aucune preuve que cette explosion fût autre chose qu’accidentelle, et alors qu’en tout état de cause elle n’était pas imputable au gouvernement espagnol, ainsi que le reconnaissait en privé Pulitzer, propriétaire de journaux, qui n’en mena pas moins une intense propagande belliciste.
2) 1ère guerre mondiale.
En 1917, les États-Unis entrent en guerre à nos côtés –fort heureusement pour nous, et contrairement aux promesses élecorales du président Wilson. (son slogan était : « W.W.W.W. » « Wilson Wins Without War–Wilson gagne sans guerre »). Il réussit cependant à mobiliser l’indignation du public américain suite au torpillage en 1915, au large de l’Irlande, du paquebot américain Lusitania par un sous-marin allemand, torpillage qui avait fait 1200 morts civils sur près de 2000 passagers. Or on sait aujourd’hui que, en violation de la neutralité proclamée par les États-Unis, le paquebot en question était bourré de munitions (plus de 5000 caisses d’obus, destinées à la Grande-Bretagne, et autant de caisses de cartouches), et que c’est d’ailleurs sans doute l’explosion de ces munitions qui, à la surprise du commandant du sous-marin allemand, avait par une seconde explosion accéléré le naufrage du malheureux navire. L’Amirauté britannique n’a admis le fait qu’en…1972.
3) Pearl-Harbor.
C’est la même indignation qui saisit le public américain le 7 décembre 1941 lors de l’attaque-surprise de la base de Pearl Harbor dans les îles Hawaï par la flotte aéronavale japonaise, attaque aussitôt présentée par le président Roosevelt, lui aussi élu comme isolationniste, comme une agression déloyale et inattendue, survenant en pleine paix, et sans le préavis d’une déclaration de guerre, exigence des nations civilisées.
Dans son célèbre discours au Congrès « Ce jour restera dans l’histoire comme un jour d’infamie … » Franklin D. Roosevelt omettait de préciser, d’une part que l’embargo qu’il exerçait sur les livraisons de pétrole au Japon ne laissait à celui-ci d’autre choix que d’accepter des exigences américaines préalablement rendues inacceptables, ou de déclencher les hostilités. La chose était si connue que 48 heures avant l’attaque, les services secrets américains, qui avaient réussi l’exploit de déchiffrer le code secret japonais, savaient que les ambassadeurs avaient reçu l’ordre de détruire leurs archives et documents, ce qui signifiait qu’ils allaient devoir quitter l’ambassade, donc que les hostilités étaient imminentes. De surcroît, si ces deux ambassadeurs japonais ne parvinrent pas à présenter la déclaration de guerre avant le déclenchement des hostilités, c’est aussi parce qu’on les fit « poireauter » plusieurs heures dans l’antichambre du Secrétaire d’État Cordell Hull avant de les recevoir…
4) Viet-Nam.
Ce n’est qu’en 2001, puis 2005, qu’il a été révélé par la National Security Agency (NSA) que les rapports sur le fameux incident naval du golfe du Tonkin du 4 août 1964, qui permit aux États-Unis d’intensifier les bombardements contre le Nord Vietnam, avaient été délibérément falsifiés. Disant cela, je ne remets pas en cause le fait que le Nord-Vietnam communiste était l’agresseur du malheureux Sud. Un Sud-VietNam libre que, dix ans plus tard, après l’éviction du président Richard Nixon, les États-Unis allaient piteusement abandonner.
5) Première Guerre du Golfe.
L’adhésion du Congrès américain à la guerre contre l’Irak en 1990 ne fut acquise que de justesse, et par le témoignage au Congrès, mondialement diffusé, d’un « médecin » et d’une « infirmière » en pleurs selon lesquels la soldatesque irakienne, en arrivant à Koweït City, avait fait mourir 300 (!) enfants prématurés en débranchant leurs couveuses. Ènorme mensonge, comme le vérifia alors le médecin-chef militaire français Guy Angel. Ce montage résultait d’une commande gouvernementale aux agences de communication Rendon Group et Hill&Knowlton. Le « médecin » était un dentiste libanais de New York, et l' »infirmière » la fille de l’ambassadeur du Koweït !
6) Deuxième guerre du Golfe.
Mais le sommet de la désinformation a été atteint le 5 février 2003 pour la deuxième guerre du Golfe. Chacun a pu voir à la télévision le Secrétaire d’État américain, le général Colin Powell, brandir à la tribune des Nations Unies une fiole contenant une arme de guerre mortelle bactériologique ou chimique irakienne, en réalité un liquide parfaitement inoffensif « made in USA », aussi factice que toutes les autres prétendues « armes de destruction massive » imputées à l’Iraki. En 2011, Colin Powell a déclaré avoir été délibérément abusé par la CIA.
N’étant pas l’ennemi des États-Unis d’Amérique, j’éprouve de la sympathie à l’égard du peuple américain ; beaucoup moins, il est vrai, à l’égard de la politique de Washington, et moins encore à l’égard de l’inexplicable complaisance de nos propres gouvernements. Si j’ai choisi ces exemples, c’est qu’ils émanent d’un pays démocratique, de surcroît notre allié, et sont donc beaucoup plus éclairants que les mensonges consubstantiels aux régimes totalitaires.
Deux écueils
En un mot comme en cent, et comme le savent bien les lecteurs avertis de Présent, il faut se garder de deux écueils. Le premier : croire tout ce que l’on nous raconte. Le deuxième : voir des mensonges partout. Ce qui est vrai des « Fake News » l’est aussi des complots. Ils n’expliquent pas tout, mais ils existent bien. Je les évoquerai prochainement.
Rediffusion : lutte contre les fausses nouvelles d’origine gouvernementales