Tous les donneurs de leçons de morale trouvent des circonstances atténuantes au voleur, au malfrat ou à l’assassin. Pour le voyou ou le criminel, il y a toujours une excuse et une explication. Le seul qui échappe à cette règle, c’est l’automobiliste. Pour lui, pas de pitié. Et gare à celui qui ose rappeler que le nombre annuel de tués sur la route, aussi important soit-il, reste inférieur au nombre de victimes de maladies nosocomiales (infections contractées lors d’un séjour en milieu hospitalier) !
Nombre d’entre nous ont toujours en mémoire le dramatique crime du printemps dernier à Vitry-sur-Seine commis au volant de sa voiture par un dealer maghrébin multi-récidiviste, tuant une femme enceinte et ses deux petites filles, blessant grièvement le garçonnet de la famille. Laissé en liberté, l’un des participants de cette triste équipée était repris quelque temps après au volant d’une autre Porsche ! Force est de constater que ce véritable meurtre a moins intéressé Jacques Chirac que la tragédie causée par un notable lyonnais “bien de chez nous” qui a fauché cinq malheureux pompiers dans l’exercice de leur métier. Là, le chef de l’État est naturellement venu condamner la “barbarie” et, pour la première fois de sa vie, a évoqué une nécessaire politique de répression.
S’il y a lieu d’être intransigeant vis-à-vis des chauffards avérés et de faire appliquer la loi, il faut a contrario dénoncer les consignes toujours plus excessives des autorités à l’encontre de Monsieur Tout-le-Monde, victime d’interpellations parfois musclées pour des infractions de stationnement ou de faibles dépassements de la vitesse autorisée. on verbalise des conducteurs sur des routes dégagées et sans habitations sous le prétexte que celles-ci sont en agglomération et donc soumises au 50 km/heure. Ainsi, le rapprochement entre le nombre d’infractions constatées et leur élucidation se trouve, comme par enchantement, atteindre des sommets !
Coupable idéal
L’automobiliste commettant des infractions mineures présente aussi l’avantage d’être immédiatement solvable. Comment expliquer autrement cette entorse aux principes élémentaires du droit qui consiste à établir un montant différent selon que l’amende est réglée de façon immédiate ou différée ? Tant mieux pour les porteurs abondants d’espèces et tant pis pour les autres, la Police nationale et la Gendarmerie ne prenant pas encore la carte bleue…
Après les Toubon, Vaillant et autre Dray pris en flagrant délit, on ne saurait s’empêcher de livrer cette anecdote révélée par le quotidien “L’indépendant” : sur l’autoroute A9, un flot de véhicules a récemment été surpris en train de rouler à plus de 160 km/h. À l’intérieur de l’un d’eux se trouvait notre très médiatique ministre de l’Intérieur, justifiant pleinement son surnom de “Speedy Sarkozy”. Décidément, comme le dit L’Écriture au sujet des pharisiens : “Faites ce qu’ils disent ; ne faites pas ce qu’ils font.”
Cochon de payeur
Deux conclusions s’imposent dans cette affaire. Il est d’abord clair que la pseudo-droite gouvernementale, reprenant une fois de plus un des leitmotive de la gauche, sa complice, souhaite pousser davantage les Français vers les transports en commun. Ce n’est pas seulement une volonté politique mais aussi une obsession idéologique imposée par les ayatollahs “verts” ! Mais chacun sait que si
les Français rechignent encore à prendre le métro, le bus et le car ou le train, c’est qu’ils y sont confrontés à des maux précis : insécurité et délinquance, insalubrité et inconfort, grèves sauvages à répétition.
En vérité, il est évident que, confronté à la dérive criminelle d’une frange de la population de plus en plus incontrôlable, incapable de mener une politique de lutte concrète contre les délinquants clandestins, le gouvernement Chirac-Raffarin considère qu’il est plus confortable de s’en prendre à l’automobiliste, cochon de payeur, vache à lait et bouc émissaire, responsable et toujours coupable.
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