Violente polémique sur la loi du 23 février 2005 qui mentionne le rôle positif de la France outre-mer. Absence de commémoration de la bataille d’Austerlitz, Napoléon étant redevenu « l’Ogre », jugé à la seule aune du rétablissement de l’esclavage par une poignée d’associations aussi vindicatives que leur mémoire est sélective. Mais participation de la « Royale » à la commémoration par les Britanniques de la bataille de Trafalgar, qui fut pourtant une cuisante défaite française. Festivités au rabais pour le centenaire de la loi de 1905, au moment où Sarkozy propose son abrogation et où la République semble avoir peur d’affirmer sa laïcité face à un Islam revendicatif.
La France de 2005 n’en finit pas de s’excuser, de se repentir, de se haïr. De juger de son passé, aussi éloigné soit-il, selon les critères d’aujourd’hui, c’est à dire du « droit d’l’hommisme » compassionnel et larmoyant. Et de juger son actualité à la lumière de ce passé dénigré et honni, dont certains ne veulent retenir que les événements négatifs ou tragiques.
De fait, tous ceux qui, aujourd’hui, ne se sentent pas Français, se retrouvent et se rassemblent pour se poser en victimes, passées, présentes ou à venir, de la France. Et lui demander de rendre gorge et comptes, devant les tribunaux s’il le faut. Car nos lois, sous prétexte de lutter contre le racisme et l’antisémitisme, confient au juge le droit de dire la vérité historique, et à n’importe quel groupe d’influence celui de tenter de la lui dicter.
Ainsi de la loi Gayssot, de sinistre notoriété, ou encore de la loi Taubira, moins connue, qui ne désigne comme crime contre l’humanité que l’esclavage et la traite transatlantique de Noirs, mais pas les traites transafricaines ou arabo-musulmanes, pourtant identiques dans l’horreur et l’ignominie. La polémique autour de la loi de février 2005 participe de la même logique, lancée par ceux qui ne veulent retenir de cette période que sa face la plus sombre.
Mais elle a aussi été la goutte qui a fait déborder le vase. Chirac, Villepin, la quasi totalité des Ministres et les pontes du PS ont tenu à dire qu’en démocratie, ce n’était pas au Parlement d’écrire l’Histoire, mais aux historiens d’en débattre. Dix neuf de ces historiens, parmi les plus renommés, ont exprimé leur ras le bol de se voir dicter par les politiques et les juges non seulement ce qu’ils doivent chercher, mais aussi ce qu’ils doivent trouver. C’est à dire des propos similaires à ceux pour lesquels je suis aujourd’hui poursuivi devant les Tribunaux par l’ancien Ministre de la Justice Dominique Perben.
Cette levée de boucliers, qui n’est certainement pas sans arrières pensées électoralistes ou politiciennes, nous donne quand même l’espoir que l’étau de la police de la pensée peut se desserrer et la liberté d’expression trouver un nouvel élan.
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