Slobodan Milosevic est mort le 11 mars dernier, dans la cellule du TPIY (tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, sis à La Haye) où il était enfermé depuis près de cinq ans. Nous avons été, notamment dans l’affaire croate, des adversaires du personnage, de sa politique et du régime qu’il incarnait. Cela ne nous rend que plus libres de nous indigner du traitement médiatique de cet événement. Indignation mêlée de frustration.
Car le décès de Milosevic a donné lieu à une série de commentaires où la mauvaise foi le disputait au parti pris anti-serbe. On nous a ressassé à l’envie que le « boucher des Balkans » était l’objet de soixante-six chefs d’inculpations pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, avec moult détails. Mais pas un mot sur sa défense. Or, Milosevic a défendu lui-même sa vérité pendant cinq ans. Avec, dit-on, assez de brio et de pugnacité. Nous avions le droit de savoir ce qu’il avait à dire pour sa défense. Nous ne l’avons pas su. Nous ne le savons pas. Nous ne le saurons jamais. Milosevic était présumé coupable. Le seul rôle du tribunal international était d’étayer cette culpabilité, de confirmer par un simulacre de jugement l’Histoire officielle de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie et de dix ans de guerre dans les Balkans. Pas d’établir la vérité.
Nous n’en saurons pas plus, d’ailleurs, sur les circonstances réelles de sa mort, les dysfonctionnements du Tribunal de La Haye, les exactions commises par les Bosniaques et les Kosovars… Nous ne saurons rien non plus des motivations de ces « quelques centaines de nostalgiques », comme les qualifiaient avec mépris la plupart des médias français, prétendument « rameutés » par certains partis politiques serbes, qui avaient tenu à rendre hommage à Milosevic lors de ses obsèques, et qui étaient en réalité 100.000, et même 500.000 selon la police de Belgrade. On n’a donné la parole à aucun d’entre eux. On n’a laissé parler sur nos antennes que ceux qui voulaient accabler la mémoire du défunt.
Comme sur beaucoup de sujets de politique intérieure (l’immigration, le CPE, la sécurité…), les médias français se sont livrés au sujet de Milosevic et de la Serbie non à de l’information, mais à du bourrage de crâne : désignation des « méchants » officiels (les patriotes, les policiers, les Serbes…), compassion obligatoire envers leurs victimes considérées par principe comme totalement innocentes (les jeunes des banlieues, les étudiants, les Bosniaques ou Kosovars musulmans…).
Français, on vous ment. On vous manipule. On vous prend pour des crétins. Révoltez-vous ! Au plus tard, révoltez-vous en 2007.
Laisser un commentaire