L’exposé des motifs du rapport de M. Lipietz est bien plus instructif que le texte du rapport lui-même, qui se contente d’encenser le « remarquable » travail de la Commission dans sa traque de la moindre entrave à la libre concurrence.
Dans l’exposé des motifs, en effet, on déplore l’absence d’études sur les conséquences réelles des décisions de la Commission ou sur l’application dogmatique des dispositions sur les aides d’État. On y mentionne que le marché, par ailleurs paré de toutes les vertus, pourrait ne pas suffire seul à réaliser certains objectifs politiques et même économiques. On y suggère que la libéralisation de certains marchés a conduit à remplacer par des oligopoles privés les bons vieux monopoles publics, en supprimant les avantages sans créer de « plus » pour les consommateurs. Enfin, on y souligne l’absence totale d’autocritique de la Commission, quand ses décisions malvenues conduisent à des catastrophes économiques, dans l’affaire Rhodia par exemple.
Mais l’impression générale qui ressort, c’est que la politique de concurrence de Bruxelles est l’expression d’une doctrine ultralibérale, celle de la Commission en lutte contre le « patriotisme économique », appliquée paradoxalement par une bureaucratie tatillonne intervenant sans cesse dans les stratégies d’entreprise ou les politiques des États. Dans le contexte d’une concurrence mondiale sauvage, cela ne peut générer que du chômage.