Intervention de Bruno Gollnisch à l’issue de la cérémonie d’hommage à Marie-France Stirbois, devant l’église St-Nicolas du Chardonnet.
Marie-France que nous honorons aujourd’hui est née dans la famille Charles, alors que la guerre venait à peine de se terminer à l’ouest et qu’elle n’avait pas encore pris fin en Asie.
Issue d’une famille de résistants, un journal ami a pu écrire avec raison qu’elle ne concevait l’engagement politique que comme une autre résistance. Son engagement dans ce que l’on appellera plus tard la droite nationale, Marie-France le doit au sentiment d’injustice qui s’est emparé de cœurs nobles lors du terrible abandon de nos compatriotes d’Algérie, qu’ils fussent chrétiens, juifs, ou musulmans, victimes du terrorisme et de la trahison, européens d’origine chassés de leurs maisons et de leurs champs, harkis livrés au couteau des égorgeurs sanglants, officiers, sous-officiers et soldats contraints de choisir entre le déshonneur de la parole reniée et la désobéissance.
A 20 ans, Marie-France rejoint les comités Tixier-Vignancour, avocat des patriotes proscrits et candidat à l’élection présidentielle de 1965 dont Jean-Marie Le Pen dirigera la campagne. Elle y rencontrera son futur mari, Jean-Pierre Stirbois, avec lequel elle militera dans la mouvance solidariste hostile à ces deux formes de matérialisme que sont le totalitarisme marxiste, alors si menaçant, et dont l’emprise ne cessait de croître par la violence, et le capitalisme apatride réducteur de la personne humaine.
J’ai fait la connaissance de Marie-France alors que, mon aînée, elle était étudiante à l’université de Nanterre, dans les circonstances pénibles où cette annexe de l’Université de Paris, juste sortie de terre, était la proie de groupes marxistes et anarchistes qui, dans les années 67-68 et dans celles qui suivirent, y faisaient régner la violence révolutionnaire, inspiraient la crainte, saccageaient les locaux neufs, attaquaient les professeurs et les étudiants qui leur résistaient, préparaient ouvertement la subversion de la société.
Membre de la Corpo Lettres et de la Fédération Nationale des Etudiants de France, apolitique mais opposée à ces débordements, elle y manifestait déjà son courage tranquille au milieu d’un petit groupe que nous étions, et dont devaient sortir quelques journalistes, personnalités politiques, magistrats, intellectuels ou universitaires sachant à quoi s’en tenir quant à la violence et à la perversité de la Révolution, et résolus à défendre nos fragiles sociétés, attachés aux valeurs traditionnelles qui ont fait la grandeur du monde occidental. Par elle, je devais plus tard rencontrer Roger Holeindre, puis Jean-Marie Le Pen et beaucoup d’autres.
S’étant courageusement lancés dans le métier d’imprimeur des documents de la droite nationale, Jean-Pierre et Marie-France rejoignent en 1977 le Front National de Jean-Marie Le Pen. En 1982, Marie-France obtient 10 % des suffrages lors d’une élection cantonale en Eure-et-Loir. Puis ce sont les élections municipales au cours desquelles leur liste obtiendra près de 17 % des suffrages, contraignant les formations anti-marxistes à une union qui devait déboucher sur la victoire. Ces efforts sont couronnés par l’élection de Jean-Pierre à l’Assemblée européenne en 1984 et à l’Assemblée nationale en 1986.
Après la mort accidentelle de Jean-Pierre, fauché en 1988 à l’issue d’une campagne épuisante pour la défense de la France d’outre-mer, et plus particulièrement de la Nouvelle-Calédonie, Marie-France reprendra le combat qu’elle n’a jamais abandonné comme conseiller régional de la région Centre, Conseiller municipal de Dreux, et député d’Eure-et-Loir de 1989 à 1993, puis conseiller général en mars 1995 du canton de Dreux-ouest, puis député français au Parlement européen, et, après son emménagement dans les Alpes-Maritimes, Conseiller municipal de Nice (2001) et Conseiller régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur depuis 2004.
Dans toutes ces fonctions, Marie-France a montré un courage physique et moral exceptionnels. Beaucoup de militants qui la suivaient dans ses campagnes se souviennent de ce qu’avec elle, on n’en avait jamais fait assez. Mais ils lui conservaient leur affection, parce qu’ils voyaient bien que, si elle était exigeante pour les autres, elle l’était avant tout pour elle-même.
Marie-France était née le 11 novembre, le jour de la victoire de la Patrie. Elle nous a quitté à Pâques, le jour de la victoire de la Vie sur les forces du mal et sur la mort. Elle a supporté sa longue et pénible agonie avec le courage que nous lui connaissions dans les combats pour la Parrie. Les témoignages de ses amis ne lui ont pas manqué, y compris et notamment dans l’oubli des querelles subalternes et des divergences ponctuelles, qui l’ont émue. Ayant redécouvert au Liban, à l’occasion d’un voyage de Chrétienté solidarité, les ressorts profonds de la résistance chrétienne dans ce pays, elle a accueilli les secours spirituels avec la foi des anciens jours. Nous pleurons sa mort, mais nous honorons sa mémoire. Nous conserverons le souvenir de sa voix qui cherchait toujours à convaincre, de son sourire, de son beau regard clair. Nous assurons de notre sympathie ses enfants, Christophe et Nathalie, ses petits-enfants et tous ceux qui, comme Jean-Claude, l’ont aimée dans les bons et les mauvais jours. Ceux d’entre nous qui voulont croire en la vie d’au-delà de cette vie, prieront pour la retrouver dans la Cité qui ne périt pas. Avec le poète Charles Péguy, mort au champ d’honneur, nous nous écrirons : « Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés ! ». Mais aussi avec Charles Maurras, autre militant de la cause nationale, nous relisons l’admirable poème que cet agnostique emprisonné écrivit à la fin de sa vie : « Seigneur, endormez-moi dans votre paix certaine Entre les bras de l’Espérance et de l’Amour »
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