L’émission « C dans l’air » animée par Yves Calvi, sur France 5, était consacrée mardi au discrédit des politiques tel qu’il s’illustre avec les remous fangeux suscités par l’affaire Clearstream. Occasion de brefs entretiens en différé avec Jean-Marie Le Pen, le porte-parole de la LCR Olivier Besancenot et le Secrétaire général du MPF Guillaume Peltier. Le président du Front National a jugé que « la gauche était malvenue de déposer une motion de censure », laquelle a fait mardi le plein des voix des députés de gauche et d’un tiers de celles des élus de l’UDF emmenés par François Bayrou ; gauche française qui a été mouillée plus qu’à son tour dans de retentissants scandales, d’Urba-Graco à la MNEF, la liste est longue. Le candidat national a redit sa conviction que le pays et nos compatriotes ont « besoin d’une force politique propre, nouvelle, pour remplacer celles qui sont compromises et dévalorisées ». M. Besancenot a pour sa part manié le verbiage habituel, aussi creux que sa dernière tribune libre publiée dans Le Monde, d’une rare indigence, et M. Peltier a récité quelques bribes de communiqués du Front National qu’il a placés dans la bouche de Philippe de Villiers. Plus intéressant, les commentaires des politologues présents sur le plateau ont fait justice des prétentions du président du MPF à parasiter le discours frontiste et à phagocyter son électorat. Jean-Yves Camus a estimé que les jeux restaient très ouverts en 2007 et que Jean-Marie Le Pen avait toutes ses chances d’accéder au second tour. « Le MPF fait un mauvais calcul s’il pense tirer les marrons du feu » du discrédit croissant de la classe politicienne. La sociologie de l’électorat villiériste « ne mord pas sur celui du Front National », a-t-il analysé, le long passé d’homme de l’établissement du président du MPF ne peut en faire le héraut de la « rupture », contrairement au président du FN qui « seul apparaît comme l’homme de l’anti-système ». Ce constat de M. Camus est d’ailleurs partagé depuis plusieurs mois par le président de l’UDF, François Bayrou, qui déclare : « je ne vois pas la rage populaire s’exprimer à travers un hobereau vendéen ».