La veille du début de la coupe du monde de football, qui détournera pour un mois, espère-t-on dans les allées du pouvoir, l’attention du bon peuple de leurs turpitudes, Nicolas Sarkozy tenait jeudi une conférence de presse qui sonnait comme une entrée en campagne présidentielle. Pas un mot du rival de Dominique de Villepin sur notre équipe de France « Black Black Black » comme disait son ami Alain Finkielkraut, mais occasion pour le président ministre de l’UMP de se vanter de son bilan en terme de lutte contre l’insécurité. Dressé sur ses ergots, M. Sarkozy a fait état d’une baisse de 8,8% des crimes et délits depuis quatre ans, communiqué de victoire aussi étrange que provocateur tant il est vrai que nos compatriotes constatent exactement inverse. Et qui sera d’aussi peu d’effets sur la délinquance que le sera sur la violence en Irak l’annonce le même jour de la mort de « l’émir d’Al Quaida », le jordanien Al Zarquaoui. Certes, avec beaucoup de circonlocutions, Sarkozy s’est employé à masquer les aspects les plus criants de ses échecs. A l’instar d’un de ses plus fidèles soutiens, l’ex grand sachem du Grand Orient, Alain Bauer, désormais président de l’Observatoire (sarkozyen) national de la délinquance qui déclare sans rire que M Sarkozy « prend le risque de la vérité » (sic). Les statistiques mêmes de ses services sont éloquentes : en dehors des quartiers protégés et sécurisés, « les menaces de violence » font un bond de 31,5% depuis 2002 et durant la même période, les violences physiques dites « non crapuleuses », regroupant notamment les agressions gratuites, dont le racisme anti-français est souvent sous-jacent, « à la tête du client (gaulois) », progressent de 27,5%. 500 de nos compatriotes sont ainsi agressés quotidiennement par des individus qui ont la « haine ». Bref, les six milliards d’euros donnés aux forces de l’ordre, le millier de policiers supplémentaires n’ont pas inversé la donne. Le ministre de l’Intérieur s’est encore bien gardé de parler des dernières statistiques établissant qu’entre février 2005 et janvier 2006, 411 800 « atteintes volontaires à l’intégrité physique » des personnes ont été comptabilisées, chiffre jamais atteint auparavant, en hausse de 6,6%.(FDA Quotidien du 15/02/2006).