Dans ce contexte, Jacques Chirac a finalement annoncé jeudi dernier l’envoi d’un contingent renforcé de soldats français dans le sud du Liban dans le cadre de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (Finul). La résolution 1701 de l’Onu, votée le 11août, établit en effet le cessez-le-feu entre les belligérants et prévoit le retrait de l’armée israélienne du sud Liban , le déploiement de l’armée libanaise en concertation avec la Finul dont le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a visité le quartier général mardi à Naqoura. Rien n’est simple dans cet « Orient compliqué », puisqu’une figure de la communauté chrétienne libanaise comme le très francophile général Aoun, à la tête du mouvement politique « Courant patriotique libre », a scellé, à l’instar d’autres partis chrétiens, une alliance électorale au Parlement avec le Hezbollah au printemps. Une autre personnalité chrétienne, Georges Corm, ex-ministre de l’Economie du Liban, va même jusqu’à vanter la «mutation tout à fait positive » du Hezbollah, son indépendance accrue vis-à-vis « de la Syrie et de l’Iran », le fait que «l’aspect islamique de son discours (se soit) marginalisé au profit d’un discours essentiellement patriotique, libanais d’abord, nationaliste arabe ensuite ». Bref, et ce n’est pas le moindre effet induit par l’attaque israélienne du Liban, on voit se constituer au pays des Cèdres un rapprochement sur une base nationale entre les différents responsables politiques qui transgresse les clivages religieux. L’avenir nous dira si celui-ci ne relève pas uniquement de collusions d’intérêts conjoncturels plus ou moins avouables et a quelque chance de perdurer.