Le journaliste Jean-François Kahn ne partage pas les idées du Front National, il n’en a jamais fait mystère, mais il faut lui reconnaître un bon sens, un refus des conformismes, parfois même du politiquement correct, une probité et une honnêteté intellectuelle assez peu répandus dans sa corporation. Invité de RTL mardi soir, M. Kahn a d’ailleurs fustigé le scandale anti-démocratique que constitue le fait que le FN et ses millions d’électeurs ne soient pas représentés à l’Assemblée nationale. Dans un éditorial publié dans le dernier numéro de son hebdomadaire Marianne, M Kahn dénonce « la bulle politico-journalistique », une dérive « à l’américaine » qui privilégie, en ce début de campagne, le sensationnel sur les idées, l’écume plutôt que le fond. Il relève que les propositions des principaux candidats socialistes à la candidature, ou d’un Bayrou, sont passées à la trappe par les médias au profit des luttes sordides d’appareil, de l’exposition complaisante des coup bas, des arrières cours nauséabondes des cuisines politiciennes. Pas faux. Encore que ce journaliste aurait pu citer le cas de Jean-Marie Le Pen et de son Mouvement. La « grande » presse ne relate ainsi jamais les propositions de fond figurant dans le programme frontiste, passe sous silence ses colloques, les travaux et les réunions de son Conseil scientifique. Médias qui cantonnent le plus souvent leur présentation des activités de la droite nationale et de son candidat à quelques thèmes caricaturés, à de vieux ragots, voire au « look » des personnalités frontistes…