Stéphane Rozès, directeur de l’institut CSA-Opinion est aussi invité par France-Soir à donner son avis sur le poids sans cesse grandissant de Jean-Marie Le Pen dans les sondages. Il observe que « la crise des banlieues voit le président du FN se renforcer dans l’électorat populaire qui renvoie la gauche et la droite dos à dos. Puis avec la crise du CPE, il progresse cette fois auprès des électeurs de la droite mécontents que le gouvernement ait cédé face aux syndicats. Au total, l’insécurisation économique et sociale a progressé dans le pays sans que l’opposition de gauche n’offre d’alternative à la droite. Cela favorise un vote tout à la fois défensif : nous avant les immigrés, et coup de poing contre le personnel politique ». M. Rozès est aussi très dubitatif sur le succès de la tentative du président de l’UMP de récupérer une partie de l’électorat frontiste. Interrogé sur ce sujet, il note qu’«historiquement, quand les questions d’insécurité et d’immigration sont au centre de l’agenda politique, cela renforce le FN. Je constate qu’il est passé de 9 à 15% ces derniers mois… Pour reprendre le célèbre slogan de Le Pen, les gens seront tentés de préférer l’original à la copie ». « Nicolas Sarkozy va être confronté à un exercice délicat, car il devra assumer le bilan qui est le sien ». Enfin, le directeur de CSA-Opinion déclare avec justesse que « la présidentielle de 2007 se gagnera sur un projet et non sur un programme. Sur l’imaginaire de la nation, et non sur des mesures techniques. Sur le gouvernement des hommes, et non celui des choses ». Et dans ces domaines-là, chacun constate que Jean-Marie Le Pen, candidat de chair et de sang, « non formaté », incarnant une alternative franche et forte à l’Etablissement a incontestablement une longueur d’avance sur ses concurrents.