Alors que l’Union européenne s’apprête à accueillir en son sein la Roumanie et la Bulgarie, le quotidien Le Monde a publié dans son édition en date du 25 septembre une longue tribune du ministre des Affaires étrangères turc, Abdullah Gül, qui plaide pour l’entrée de son pays dans l’Europe bruxelloise, pour dépasser le simple accord douanier et le statut de partenaire privilégié qui lie l’UE à Ankara. Au nombre des raisons invoquées par M. Gül, outre les nombreuses mesures légales ou administratives promulguées par la Turquie pour se mettre en conformité avec les critères bruxellois, celui-ci invoque « l’identité européenne » de la Sublime Porte, prenant comme exemple l’envoi dès 1495 d’un représentant diplomatique en France. Une preuve un peu courte, même si ce repère chronologique est effectivement plus « seyant » que la prise de Constantinople 42 ans auparavant, l’occupation sanglante d’une partie des Balkans, le siège de Vienne… A l’instar de George Bush, Abdullah Gül avance également comme argument que la Turquie figure parmi « les pays fondateurs ou les plus anciens membres d’organisations transatlantiques ou européennes », citant notamment l’Otan. Otan dont le dernier « fait d’arme » en Europe a consisté, lors de sa guerre d’agression contre la Serbie en 1999, à incruster la nébuleuse islamo-mafieuse au cœur de l’ex-Yougoslavie. Comme l’a souvent rappelé Jean-Marie Le Pen lors de la campagne sur la Constitution européenne, l’avenir de la Turquie, grande et estimable nation avec laquelle nous devons développer nos échanges, n’est pas de rejoindre la prison des peuples bruxelloise. Elle a vocation à se tourner vers l’espace civilisationnel turcophone d’Asie centrale, un avis partagé par de nombreux nationalistes et intellectuels turcs ou encore par la spécialiste française de l’islam Annie Laurent dans son dernier ouvrage « L’Europe malade de la Turquie ».