La veille, Jean-Marie Le Pen était en Corse à Calenzana pour un déjeuner avec les militants frontistes organisé à l’initiative du Secrétaire Départemental de Haute-Corse, Robert Jacob dit Luzie. Le candidat national a tenu également une conférence de presse au cours de laquelle il a prôné le rétablissement de « l’exonération des droits de succession » dans l’île et de la « zone franche », pour gommer deux décisions « imposées par les eurocrates bruxellois ». Mais il s’est surtout attardé sur l’écho démesuré donné au procès des jeunes gens du groupe dit Clandestini Corsi, qui avait commis une série d’attentats qui n’avaient pas fait de victimes, au nom de la lutte « contre le trafic de drogue et l’immigration clandestine » (FDA Quotidien des 7 et 11/09 et 17 et 20/10 2004). Car, comme l’a observé le président du FN, « L’affaire des Clandestini Corsi révèle aussi la méfiance et même l’hostilité des élites en place pour l’identité corse, comme d’ailleurs pour toutes les identités constituées. Elle met en exergue, enfin, la conception que l’oligarchie dirigeante se fait de la République, nécessairement déracinée, cosmopolite, mondialisée, à l’encontre d’ailleurs des idéaux républicains de toujours ».
« L’idéologie dominante », a-t-il relevé, « c’est celle qui veut abolir les traditions, les identités et les cultures au nom du brassage, de la libre circulation et du consommateur-roi. Cette idéologie, c’est aussi, largement, l’idéologie jacobine qui pervertit la République en privant l’homme de toute référence terrienne ou culturelle, en l’amputant de ses attaches locales, régionales ou nationales (…). Cette idéologie, c’est celle qui définit les collectivités humaines comme des communautés de destin plutôt que comme des communautés de culture ». Jean-Marie Le Pen a vu dans l’affaire des Clandestini Corsi, « un nouveau montage » succédant au mirobolant rapport Ruffin (FDA Quotidien du 20/10/2004), aux récentes manipulations de l’opinion orchestrées pour acclimater l’image d’une « Corse raciste ». Certes, « le Front National ne justifie pas ces réactions de xénophobie », a insisté Jean-Marie Le Pen qui a clairement condamné le terrorisme. « Nous avons toujours dit qu’il fallait s’en prendre à la politique d’immigration des pouvoirs publics, et non à la personne des immigrés, car les vrais responsables sont les premiers et pas les seconds ».